Un film de Travis FineAvec Alan Cumming (Rudy), Garret Dillahunt (Paul), Isaac Leyva (Marco Deleon), Frances Fisher (La juge Meyerson), Gregg henry (Lambert), Chris Mulkey (DA Wilson), Don Franklin (Lonnie Washington), Jamie Anne Allman (Marianna Deleon)…Durée : 1 h 37Sortie le 2 juin 2015
Inspiré d’une histoire vraie
L’histoire : Californie, début des années 80. Rien ne prédestinait Rudy, un chanteur de cabaret, et Paul, un jeune avocat, à tomber amoureux ni à croiser la route de Marco, un jeune handicapé mental délaissé par sa mère toxicomane. Lorsque cette dernière est incarcérée, Rudy et Paul décident d’accueillir l’adolescent. Ensemble, ils s’engagent alors dans un long combat contre une justice partiale et une société remplie de préjugés afin de conserver la garde de Marco et lui offrir un avenir meilleur…
Mon avis : Ce n’est vraiment pas un hasard si ce film a été auréolé d’une douzaine de prix dont sept Prix du Public en 2012 et 2013.Inspiré d’une histoire vraie, il touche en effet tout le monde. Impossible de ne pas adhérer à cette triple histoire d’amour. Impossible de rester insensible à ce combat pour le bonheur. Le titre original, My Two Daddies » (Mes deux papas) est plus explicite, plus fort que son titre en français. Travis Fine, le réalisateur, n’a pas fait dans la demi-mesure. Il a choisi de mettre la loupe sur le droit au respect de ceux que la société a marginalisés et mis à son ban, les homosexuels et les handicapés mentaux. C’est carrément Monsieur Plus. Déjà que ses deux héros, Rudy et Paul doivent affronter les gens qui les entourent pour faire admettre leur amour, voici qu’ils entament une croisade quasiment perdue d’avance pour adopter et élever Marco, un jeune trisomique.
De ce thème aussi délicat, Travis Fine a fait un film sensible, émouvant, drôle, didactique, un film empreint d’amour, de tolérance et d’humanité… Pour cela, il a su choisir deux comédiens particulièrement investis. La performance d’Alan Cumming est proprement époustouflante. Il est d’une crédibilité et d’une justesse totale. Son personnage est totalement extraverti, cash, provocateur, il ignore la langue de bois et se fout des préjugés. C’est un gay assumé, contrairement à son partenaire, Garret Dillahunt qui, lui, doit se faire violence pour faire son coming out. Cette opposition de caractères rend leur association encore plus forte.
Dans ce film où les plages de bonheur alternent avec les séquences éprouvantes et où les scènes de tribunal sont âpres et sans concession, il faut retenir les prestations de tous les seconds rôles. C’est à travers leur regard et leurs sentiments que nous regardons et jugeons ces « deux papas ». Et puis comment passer sous silence la présence si pleine de tendresse, de gentillesse, de fragilité et de confiance d’Isaac Leyva, le jeune handicapé mental, dont c’est ici le tout premier rôle.
Enfin, les amateurs de (bonne) musique seront comblés par la qualité de la bande son. On retrouve en effet parmi les vingt titres qui la composent des noms aussi prestigieux que Marc Bolan, George Clinton, William Nelson, Miles Davis, Thelma Houston (Don’t Leave Me This Way), T. Rex, Rufus Wainwright… Ne serait-ce que pour l’interprétation d’Alan Cumming lui-même du standard de Bob Dylan I Shall Be released, qui prend ici toute sa dimension émotionnelle, ce film mérite déjà qu’on s’y attarde.