Titre original : Pixels
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Chris Columbus
Distribution : Adam Sandler, Peter Dinklage, Michelle Monaghan, Kevin James, Josh Gad, Sean Bean, Brian Cox, Ashley Benson, Jane Krakowski…
Genre : Comédie/Science-Fiction/Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 22 juillet 2015
Le Pitch :
Des aliens attaquent la Terre. Ils décident pour se faire de prendre pour modèles de vieux jeux d’arcade du début des années 80, comme Pac-Man ou Donkey Kong. Seul moyen pour les arrêter : faire appel à une équipe d’anciens champions de jeux-vidéos. Autrefois connus pour leurs prouesses avec un joystick mais aujourd’hui considérés comme de vieux geeks ringards, les amis d’enfance vont montrer aux extraterrestres de quels pixels ils se chauffent…
La Critique :
Cocorico ! Tout est parti d’un court-métrage français. Réalisé par un certain Patrick Jean, le film, déjà nommé Pixels (visible ici) a, en 2010, impressionné son monde, en orchestrant l’invasion de New York par des créatures issues de l’univers des premiers jeux-vidéos. Des monstres ayant le pouvoir de pixeliser le monde et ainsi de provoquer sa destruction.
Il aura fallu quelques années pour qu’un studio s’intéresse au concept et choisisse d’adapter Pixels sur grand écran. À la base du projet, Happy Madison, la maison de production d’Adam Sandler. Chris Columbus, le réalisateur des deux premiers Harry Potter et de Madame Doubtfire, est embauché, ainsi qu’une escouade d’acteurs dont certains comme Kevin James, directement issus de l’entourage de Sandler. Sandler qui tient quant à lui le rôle titre, à savoir celui d’une ex-gloire du jeu-vidéo, appelé par son pote le Président des États-Unis pour mettre ses compétences de gamer au service d’un monde en passe d’être transformé en gigantesque tas de pixels. Si on ajoute que l’acteur a également participé au scénario, on peut qualifier sans problème le film de Sandler Movie, avec tout ce que cela sous-entend. Comédie avant tout, Pixels porte donc la marque de sa star, n’en déplaise à ses détracteurs, plutôt nombreux chez nous. Pour les fans par contre (dont fait partie l’auteur de ces lignes), c’est génial. Certes, le côté familial appuyé de Pixels interdit les grosses vannes bien grasses, mais on détecte ici ou là les traces d’un humour qui tâche, typique des production Happy Madison. Le reste étant remarquablement adapté à un public plus jeune, que la seule présence de personnages de jeux devrait contenter, même si ces derniers sont issus d’un âge lointain, où jouer signifiait sortir de chez soi pour aller dépenser son argent de poche dans les salles d’arcade (les plus de 30 ans vont adorer).
D’emblée, avec son désir de renouer avec l’esprit des années 80, via une introduction évoquant un peu les productions Amblin, sa musique rock (Surrender de Cheap Trick), et ses personnages, amis pour la vie réunis autour d’une passion commune, le long-métrage affirme son identité, soit se poser comme le parfait mélange entre SOS Fantômes et un film typique avec Adam Sandler (à vous de choisir lequel vous arrange le plus). Les pixels remplacent les fantômes, et l’humour de Bill Murray laisse la place à celui de Sandler, mais on prend vite nos marques, profitant d’une histoire simple, efficace et prétexte à des blagues souvent hilarantes et des effets-spéciaux franchement incroyables. Oui, à ce point, tant le concept du court-métrage de Patrick Jean, boosté par un budget confortable, trouve ici un écho flamboyant. Pac Man, Galaga, Centipede et tous les autres personnages déboulent dans notre réalité dans une valse en forme de destruction massive aussi jubilatoire que maîtrisée. Basé sur l’idée géniale que les aliens respectent pendant leurs offensives les règles des jeux dont ils prennent l’apparence, Pixels s’amuse à nous amuser. Le plaisir est grandement communicatif, alors que les geeks autrefois raillés, deviennent les héros d’un monde aux abois. Autre détail à proprement parler excellent : les vidéos envoyées par les aliens afin d’annoncer les coordonnées de leurs attaques qui détournent des séries des années 80, appuyant encore une fois le côté vintage d’un film définitivement tourné vers une période dont il fait renaître, dans le rire, les émotions et les figures emblématiques.
Fonctionnant comme SOS Fantômes et d’une certaine façon comme Independence Day, Pixels trouve son originalité dans la nature des aliens, mais aussi, on y revient dans son humour. Parfois très con, car se matérialisant au fil de situations de plus en plus absurdes, parfois absolument pas justifiées, il trahit vraiment la patte d’un Adam Sandler très investi. À ses côtés, Peter Dinklage s’éclate comme un gosse, prouvant au passage qu’il peut faire n’importe quoi. Josh Gad, pour sa part, campe le genre de personnages qu’il connaît sur le bout des doigts et se taille la part du lion grâce à des gags qui figurent parmi les plus drôles du film. Michelle Monaghan elle aussi s’éclate, tout comme Sean Bean, dont l’apparition, fugace, s’avère tout particulièrement efficace. Bien sûr, difficile de ne pas mentionner Ashley Benson, plus sexy que jamais dans les frusques rouge vif d’une héroïne de jeu vintage auquel il est d’ailleurs possible de jouer (en téléchargeant le jeu gratuitement sur le site du film).
Une fine équipe soudée, aux commandes d’un blockbuster hyper référentiel, dédié à la culture nerd, vraiment divertissant et généreux. Quitte à envoyer bouler la logique, parfois le bon goût et peut-être à se mettre à dos ceux qui ne goûtent pas à l’humour si typique d’Adam Sandler, Pixels ne carbure pas au cynisme et fait figure de gros délire pour initiés. Chris Columbus, vieux briscard du divertissement, fait un boulot impeccable, reprenant et donnant un nouveau souffle aux brillantes idées déjà présentes dans le court-métrage, sans pourtant laisser de côté ses personnages et leurs relations, au diapason d’un sens de la comédie hyper rythmé. Pixels ne perd pas de temps en digression. Il avance, se prend parfois les pieds dans le tapis, mais accumule les bons points. À l’arrivée, on prend son pied. Oui le show est bordélique et part dans tous les sens, mais non ce n’est pas gênant. Au contraire. Pixels s’assume et fait péter les compteurs. High score !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Sony Pictures Releasing France