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Un truc bizarre dans l'exposé de Jacky Rigaux

Par Mauss

En relisant les deux papiers de Jacky Rigaux (et la réplique de Monsieur Fuster), la conclusion primaire que l'amateur peut en tirer a t'elle le droit d'être exprimée de la façon suivante ? :

"Si deux vignerons suivent les principes explicités par Jacky Rigaux, principes basés sur l'histoire et la culture, et sur un même climat (exemple : Clos de Vougeot), on devrait obtenir des vins similaires au point que l'amateur pointu ne pourrait pas faire de différences entre ces deux bouteilles (et citerait alors le climat ou terroir), ces deux respects rigoureux du climat selon ces règles définies dans ces deux papiers".

Bref : in fine, on devrait reconnaître la signature du terroir, du climat avant toute signature du vigneron.

Manifestement, l'expérience montre les deux faces de la chose.

FACE A

Prenons l'exemple des grands crus du Domaine de la Romanée-Conti. Nous savons que les mêmes soins sont apportés à chacun de ces GC et qu'ici, le respect de la nature est depuis des lustres une règle absolue. Or, les dégustations comparatives verticales de quelques uns des GC du Domaine montrent à l'évidence (et pas seulement pour les pro : ce qui a été fait à Villa d'Este est exemplaire à cet égard) qu'il y a des différences sensibles qui s'accroissent avec le temps.

Donc, conclusion A : oui, les climats sont parfaitement capables d'être identifiés et leurs identités issues de l'histoire montrent à quel point des générations de moines puis de vignerons ont façonné ce respect du lieu.

FACE B

Prenons l'exemple du Chambertin où là encore quelques beaux noms de vignerons ont cette chance folle d'en cultiver quelques arpents. Ou Musigny où deux noms incontournables y ont accès : Roumier et Mugnier. Si on suit le raisonnement de Jacky, ces deux vignerons ayant certainement le même respect des règles à  suivre devraient produire un cru ± similaire pour le dégustateur averti. Et bien non. Un Chambertin de Charlopin sera bien différent d'un Chambertin de Rousseau et un Chambertin d'Arnaud Mortet sera lui aussi différent des deux autres. Et naturellement, si on va sur le Clos de Vougeot où il y a actuellement, je crois, autour de 80 producteurs, tintin la riflette pour tenir le raisonnement décrit en FACE A.

Va falloir trouver un juste milieu dans cette histoire. Pas sûr, par exemple, que sur Cros Parentoux, Dame Lalou Bise eût créé le même style de vin que Monsieur Henri Jayer.

Donc, conclusion B : l'homme est parfaitement capable d'effacer le terroir, le climat, pour imposer un style qui lui est propre.

On peut certainement critiquer cette approche simpliste qui est développée ici, dire que ce n'est pas cela que Jacky a voulu expliquer en attachant le monde bourguignon actuel à ses racines monastiques. Il n'empêche : on aura toujours, sur ces discussions de terroirs, de climats, le fait que certains diront que c'est l'homme qui a le dernier mot et qu'un vigneron médiocre ne fera jamais un chef d'oeuvre sur un GC alors qu'un grand vigneron sera capable de faire tout beau sur un simple Village.

C'est là que le monde du vin est fascinant : cette recherche que font tous les amateurs sur l'origine d'un cru lorsqu'il est dégusté à l'aveugle. Simplement dire que tel vin est un rive droite, tel autre un rive gauche : rien que cela, c'est lancer des discussions passionnées. Alors vous imaginez ! Dire que tel cru est un Clos de Bèze et tel autre un Latricières !!! Maman les vélos !

Mais bon, là, vous voyez le joueur qu'on a le droit d'être au mois d'août. Pas sûr qu'on soit si cavalier sur un tel sujet en décembre… Je m'interroge…

Comme on écrit par ailleurs : "je sors…"

:-)

PS : SI VOUS VOULEZ QU'ON RESTE COPAINS…

… achetez séance tenante le dernier n° du POINT qui a Etienne Klein en couverture, avec toute une série d'articles à partir de la page 41. Je n'insisterai point sur l'influence des photos sur son fan-club féminin : cela reste du domaine privé :-)

Mais sachant qu'il sera avec nous encore cette année à Villa d'Este en novembre, et qu'il va débattre lors d'un séminaire où il y aura aussi le Prix Nobel de Physique 2011, Monsieur Brian Schmidt, voilà de quoi réviser fissa !

L'un est spécialiste de Planck et de ce qu'il y a derrière son mur alors que l'autre a été le "calculateur" de la vitesse d'expansion de l'univers ! Chiche qu'au bout de 5 minutes, le Père Mauss n'y comprendra que couic ! 

Va savoir, Charles !


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