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Bonne nuit, petit ange.

Publié le 04 septembre 2015 par Fashionmama @lafashionmama

Une image a circulé. De celles que nous ne devrions jamais voir, pas par pudeur, mais par l’atrocité même de son existence.

Abasourdie, choquée, blessée, émue, touchée, révoltée, révulsée, traumatisée, dégoûtée, révoltée, triste.

Mais au fond, pourquoi ? pourquoi seulement maintenant? Je résiste à l’envie de partager cette photo, qui pourtant en dit long…trop facile…trop mainstream de s’emparer seulement maintenant d’une image et d’en faire tout d’un coup un combat qui ne fut jamais tout à fait le nôtre. Avouons-le, assumons-le.

Pourquoi juste cet enfant? Son frère et sa mère se sont eux aussi noyés dans les méandres des vagues du désespoir. Pourtant eux viendront gonfler les statistiques macabres des morts sans nombre et sans visage.

Ce sont des morts comme les autres?

Cela fait des mois que nous entendons et ne comptons pas ces morts.

Cela fait des mois que ce combat ne nous touche plus, noyé lui aussi dans l’indifférence des autres – ces combats que nous faisons semblant de comprendre.

Mais ceux-là, nous ne les voyons pas.

Nous ne les sentons pas.

Nous ne les pleurons pas.

Alors pourquoi celui-là?

Ce matin, en réveillant mes enfants, j’ai pensé à mon rôle dans leur vie. Les aimer, les nourrir, les éveiller, les protéger, les divertir, les laisser rêver. J’ai pensé à ce petit garçon qui était parti et au désarroi de son papa qui n’avait pu jouer son rôle, car il était né au mauvais moment et au mauvais endroit. J’ai pensé à ce petit ange qui n’avait pas eu le temps de rêver assez, de jouer suffisamment, de penser comme les autres enfants que tout est possible, que les arc-en-ciels sont vraiment un tour de magie du ciel, que les étoiles filantes réalisent leurs voeux et de prononcer des formules magiques pour réaliser l’impossible.

Non, ce petit ange a fui les bombes et l’horreur, a entendu bien trop de cris et de douleurs, a vu la mort qu’il n’aurait jamais du croiser, a ressenti la violence des hommes dans son petit coeur d’oiseau fragile.

Comme les autres anges morts.

Alors pourquoi seulement celui-ci, seulement maintenant?

Vous qui pleurez, partagez, commentez, le savez-vous?

Pouvez-vous me dire pourquoi tout d’un coup, pendant 24h, nous sommes un peu moins égoïstes, moins insensibles, moins inhumains à l’autre misère?

Parce qu’elle a frappé aux portes de notre monde « civilisé »?

Parce que les médias nous y autorisent ?

Parce qu’il a échoué sur les plages notre quotidien?

Dites-moi, vous qui savez.

Pour que nous trouvions le moyen de ne plus oublier demain, lorsque nous trouverons autre chose à dire sur Facebook.

Pour que nous continuions de voir ce petit Aylan derrière tous les enfants morts au combat que nous ne comptons plus par milliers.


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