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La Ciau del Tornavento : une cave de référence

Par Mauss

Quelques jours dans les Langhe, cette perle du vignoble piémontais, pour faire un petit coucou à des amis vignerons tels que Bruno Rocca, Luciano Sandrone, Roberto Voerzio, et les Rocca de Cà Növa.

La tempête qui a fait tant de dégâts sur la Côte d'Azur est arrivé ici sous forme de grosses pluies alors qu'il restait à peu près 40 % de vignobles de Barolo à vendanger. Mais les raisins sont plus que sains, et cette pluie ne semble pas trop perturber ces vignerons. En Barbaresco, les vendanges étaient pratiquement terminées. Bruno Rocca était tout content et son futur grand cru Currà, qui sera dispo en 2018 doit être réservé d'urgence : il fera du bruit, je vous le garanti !

Séjour à Treiso à la Ciau del Tornavento, un restaurant bien connu du GJE où nous avons fait quelques repas d'anthologie alors même que Maurilio Garola, co-propriétaire avec Nadia, y faisait ses débuts piémontais avec ses parents. C'est là qu'avec Bernard Burtschy, le jour où la France a battu l'Italie en coupe du monde de foot, nous avions partagé avec nos amis piémontais une caisse de La Tâche 1972 afin d'éviter quelques foudres tifosiennes. Il est vrai que la bouteille de La Tâche était alors à 300.000 lires : un immense cadeau à l'époque, vous imaginez bien ! Avec Bernard, très sagement, nous étions restés piémontais le temps d'épuiser ces 12 bouteilles … en 3 jours !

Toute une époque… du temps des grandes heures !

 

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Vue très partielle de cette cave en-dessous du restaurant

Nous sommes en 2015 et l'évolution de cette maison est simplement hallucinante ! Non seulement la cuisine mérite très largement son macaron Michelin (en fait, facilement 2), mais Maurilio , passionné par le vin non seulement local mais aussi d'ailleurs, a réussi à se constituer une cave absolument unique en Italie, par son contenu, par son organisation, par son éclectisme.

Photos © Ciau del Tornavento

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La répartition des crus se fait en plusieurs salles : ici les Bourgognes, là les Sauternes. Ici les magnums, là les formats exceptionnels.

Ce qui est plus que remarquable, c'est le système de rangement mis au point. Il s'agit d'une structure métallique assez complexe (et un peu chère) où, de face, on peut mettre la bouteille ou le magnum bien en évidence, à plat pour une reconnaissance immédiate de l'étiquette. En sortant cette bouteille de son logement, on a alors accès jusqu'à 6 autres bouteilles identiques, placées en angle droit. Je ne connais aucun système aussi efficace que celui-là. Plus que remarquable.

D'ailleurs, en allant chez Roberto Voerzio, on a vu ces tubulures prêtes à une installation chez lui pour le rangement de ses propres stocks en vieillissement.

Au sujet de Roberto Voerzio, Maurilio nous a fait déguster à l'aveugle son Brunate 2009. Quelle finesse ! Certes, encore des tanins marqués en finale, mais une sapidité remarquable, une fraîcheur en finale et une complexité imposant le respect. Du tout grand. Et toujours en Barbaresco, le cru de l'épouse de Maurilio, Cecilia, "Ferracapelli" toujours en 2009, qui fait maintenant partie des références de cette appellation en pleine explosion !

Et sus, le succès du Piémont est là,avec les crus de Voerzio qui sont largement au-dessus de € 100 à la propriété ! Bon : chez Sandrone c'est encore à deux chiffres mais Voerzio vous montrera, films et photos à l'appui, à quel point il réduit la production de chaque pied de vigne où il ne veut que 4 grappes au total et un maximum de 600 g par pied de vigne. Bref : il produit nettement moins que la moitié des autres vignerons.

De façon générale, l'évolution des barolos et barbarescos depuis nos première années en Piémont (période 80/90), à l'époque où Giorgio Rivetti rassemblait quelques noms maintenant incontournables comme Clerico, Scavino, Fantino, Altare, et où on respectait déjà les Mascarello, Giacosa, Gaja, mon pote Beppe Rinaldi et Giaccomo Conterno, cette évolution donc est nettement orientée vers une meilleure maîtrise du bois neuf, une plus grande fraîcheur dans les vins et une finesse de fin de bouche mettant définitivement le nebbiolo au niveau des plus grands cépages rouges de cette planète.

Pour tout amateur éclectique de grands vins, le voyage au Piémont s'impose. Dorénavant, à la Ciau del Tornavento, Maurilio propose 4 belles chambres… qu'il faut bien réserver à l'avance. Oui, la truffe blanche est là. Oui, la "grattata" est cette année à € 35. Mais si c'est Maurilio qui vous la fait, alors, faites comme bibi : quand il marque un petit arrêt, surtout ne bougez pas, ne dites rien, soyez stoïque et alors, dans un moment d'égarement mais avec le sourire, il "grattera" encore quelques pelures. Là, très gentiment, tournez vous vers lui et dites lui un grand merci ! 

:-)

Bon : tout ça, c'est du discours à la mauss. Les gens sérieux iront lire les rapports époustouflants de précision des deux Nicolas (ICI) où on peut télécharger les rapports récents sur la région des Langhe et les english-speaking gentlemen iront lire aussi les rapports d'Antonio Galloni sur son site VINOUS (ICI).

Discussion ouverte.


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