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Le droit de bouchon : une impolitesse ?

Par Mauss

Dans le dernier n° de la revue VIGNERON, page 82, Mathieu Pacaud traite d'impolis les clients qui souhaitent venir chez lui, à l'Ambroisie (Maison *** que je n'ai fréquentée que du temps de son Père, Place des Vosges), avec leurs propres bouteilles en payant, bien sûr, un droit de bouchon.

Vous dire que ce mot "impoli" ne me plaît pas du tout, mais alors pas du tout, c'est rester en-dessous de ce que je ressens.

Restons calme et analysons la chose.

Ma juste révolte vient du fait qu'en avouant ne gagner sa vie que sur le vin, si on veut que le Patron vous octroie un sourire, il vaut mieux choisir un vin coûteux. C'est là déjà détestable.

Car, soyons clair :  le droit de bouchon est facile à calculer : ce doit être a minima la marge que fait le restaurateur sur son vin le moins cher, en lui accordant, sourire aux lèvres, que s'il l'augmente de € 10, on en fera pas un c... nerveux. Et on aura toujours la politesse :

a : de naturellement demander à l'avance si cela peut se faire

b : de commander sur la carte un champagne d'apéritif

Ou alors, cela voudrait dire que le client amateur de belle gastronomie, qui fera l'effort de dépenser, à son niveau de ressources, une somme conséquente pour goûter une belle cuisine, ne sera considéré comme "personna grata" que s'il accepte de payer de 4 à 5 fois le prix d'achat d'un vin déjà coûteux chez le vigneron.

Personnellement, Monsieur Mathieu Pacaud, cela veut dire dans ma compréhension personnelle des choses, que vous avez honte de facturer vos mets aux prix qu'ils coûtent. 

Pourquoi ? Parce que vous craignez que votre Maison se vide de ses clients ? Parce que vous craignez qu'ils vous fassent des reproches, alors même que l'amateur de vin lui, on peut le rabrouer en le traitant d'impoli ?

Quand on sait à quel point, pour bien des producteurs, il leur est difficile de se faire payer dans des délais raisonnables, certains chefs dépassant allègrement les 12 mois, quand on sait que la mode des vins en dépôt-vente se développe à vitesse Grand V (le restaurateur ne les paie que lorsqu'il les a vendus), qu'on ne vienne pas me faire une leçon de morale en me traitant d'impoli. Qu'on me dise "non, ici on ne pratique pas le droit de bouchon", je peux le comprendre. Mais me traiter ainsi, c'est totalement inacceptable, d'autant plus que les culbutes pratiquées chagrinent plus d'un vigneron et je reste sage en écrivant "chagrinent".

Je peux vous citer, Monsieur Mathieu Paccot, bien des Maisons proposant de la cuisine à votre niveau ***, et qui n'ont pas cette vue des choses. Car, avant tout, ce sont des chefs qui aiment le vin, qui respectent les vignerons et font l'effort de répartir leurs marges entre comus et bacchus. Et qu'on ne vienne pas me dire que garder des vins en cave plusieurs années cela en augmente considérablement le coût vu la trésorerie requise.

D'abord, plus que jamais, notamment en bordelais, on trouve très facilement des vieux millésimes bien gardés sur lesquels vous faites une juste culbute de 3 sans que cela choque l'amateur, et ensuite, les vins acquis dans les années 80 et 90 l'ont été à des prix n'ayant rien à voir avec ceux des derniers millésimes.

Bref : merci de ne pas prendre les amateurs de vins pour des vaches à lait doublés d'un crétinisme majeur, alors même que vous n'osez pas facturer vos mets à leurs justes coûts.

A ce sujet : petit message pour DAN à Bordeaux : demander € 35 de droit de bouchon alors qu'on propose un menu (excellent) à € 29, ça manque de sagesse. Va falloir revoir la chose !

Ah mais ! C'est qu'il m'a sacrément énervé cet article dans VIGNERON !


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