Dernier tour aujourd'hui avec de nouvelles visites en rive droite.
C'est clair : l'ambiance générale est au beau fixe tant du côté des domaines présentant leurs crus que du côté des visiteurs venus de tous pays.
Comme tout soufflé qui se respecte, on assistera certainement à un petit (?) pschitt quand les prix seront annoncés et surtout bien des amateurs attendront la sortie du vin fini, en bouteille, avant d'encaver quelques beautés.
Une chose est sûre : plus que d'habitude pour de beaux millésimes, il y aura des vins qui seront pratiquement goûteux toute leur vie alors que d'autres s'offriront plus vite que d'habitude.
Lors du passage chez Alexandre Thienpont, un homme exquis à la passion évidente et retenue à la fois, alors que je lui demandais si je faisais fausse route en collant un enthousiasme probablement excessif sur le taux d'alcool généreux de certains vins, il me rassura en m'expliquant que l'alcool est la condition sine qua non pour la tenue du vin dans le temps.
Il me précise en sus que cette année, ses merlots ont été à la hauteur de ses cabernets-francs et vice versa. Son vin atteint les 14,6°, ce qui est une première pour Vieux Château Certan. Cela ne va pas vous étonner : je le mets clairement dans mes 14 sommets himalayens.
J'y ajoute in petto Ausone et Cheval Blanc, alors même qu'il y a une profonde différence de style entre ces deux crus émilionnais. Le premier est d'une densité cachée assez hallucinante, tout en complexité et rondeur accueillante, aux tanins déjà fins et joyeux, alors que le second - qui n'a pas donné de Petit Cheval - est encore en phase de retenue mais en affichant clairement les bases qui donneront un vin de légende. Ah oui, pas facile du tout à comprendre la chose. C'est totalement subjectif mais parfois, on a des certitudes dans la vie qu'on ne peut expliquer… alors qu'avec Yquem, là, aucun souci, c'est un 100/100.
Warum ? Tout simplement parce que ce millésime d'Yquem vous donne en finale une fraîcheur absolument stupéfiante là où d'habitude on trouvait en finale des sauternes des richesses envahissantes capables de vous laisser bien trop de sucre en bouche. C'est clair : Yquem est en train de faire un saut qualitatif vers une priorité à la finesse et l'élégance de ses finales.
Un chef d'oeuvre.
Une grosse surprise à Angelus : avec en tête un superbe 1990 dégusté récemment, et là encore avec une finesse qu'on est en droit d'exiger d'un grand vin, ce millésime 2015 en étonnera plus d'un par une élégance supérieure.
Et pour rester dans la région, ne pas oublier La Violette plus que charmante : serait parfaite pour séduire Parsifal avec les filles fleurs.
Bon : on aura encore d'autres notes à faire mais comme déjà écrit dans les commentaires précédents, j'ai trouvé mon tout beau RQP, mon chouchou de ces primeurs, mon vin à moi, celui qu'on va suivre très régulièrement : Château de Carles et sa cuvée Haut-Carles, dégustés chez Jean-Luc Thunevin alors même que les conditions de la dégustation, le monde joyeux qui était présent, n'offre point le calme comme on le trouve à Haut-Brion ou Montrose.
Ce cru de Fronsac, c'est clair, va avoir toutes les armes pour battre, à la loyale, c'est à dire à l'aveugle, un paquet de grands crus classés de saint-émilion. C'est simple : il a tout : d'abord l'équilibre et l'harmonie des seigneurs. Une matière en bouche, un toucher, une palette supérieure, une onctuosité papale parfaitement soutenue par une structure, une colonne vertébrale déjà bien construite. Pensez donc à quel point je suis heureux car c'est le vin d'un ami sachant parfaitement que si son vin avait une étiquette pomerol ou autre, il serait depuis des lustres dans les stars officielles des grands noms. C'est ainsi, mais nous, les amateurs, on va savoir quoi mettre en cave, non mais !
On attendra les commentaires des principaux dégustateurs professionnels, style Neal Martin, Antonio Galloni, Michel Bettane, Bernard Burtschy pour lister leurs meilleures notes et constater si oui ou non on a eu quelques commentaires assez justes.