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Primeurs 2015 à Bordeaux (4) : les notes des critiques

Par Mauss

On arrive un peu au bout des publications des notes des critiques les plus connus avec celles de Dupont dans LE POINT et le rapport particulièrement complet - par ses considérations sur le millésime et les nouveautés mises en place par l'UGCB - de Jacques Perrin, dans sa revue VINIFERA.

Que dire ?

D'abord, le grand principe de précaution rappelé ± fort par chaque critique : ce ne sont que des vins en devenir, il reste deux ans de travail où beaucoup de choses peuvent arriver.

Nous voilà prévenus :-)

Ensuite - effet de dégustations avec étiquette ? - les hiérarchies bordelaises sont peu ou prou conservées avec naturellement, de temps en temps, quelques bourgeois ou sans-grade qui viennent titiller les classés, ou quelques classés qui doivent retourner à la niche.

Petit rappel : le système des primeurs avait un but premier évident :

donner la possibilité à l'amateur transi d'acheter, avant mise sur le marché, des crus dont on disait que les prix allaient sensiblement augmenter à la sortie, because la demande serait tellement importante eu égard aux notes élyséennes de sieur Parker.

Chacun a compris que cela n'est plus d'actualité, et pour 3 raisons majeures :

- Parker ne critique plus le millésime "primeur" et personne n'a encore pris sa place (et ce n'est pas demain la veille)

- les amateurs ont découvert qu'il y a d'autres vins ailleurs méritant eux aussi d'être encavés

- enfin que l'expérience des années récentes montre à l'évidence qu'à la sortie réelle des vins, deux ans plus tard, il n'y a strictement aucune raison financière d'acheter en primeur, les prix restant peu ou prou les mêmes sinon inférieurs dans certaines opérations de la GD.

Le plus en ce sens du POINT est de lister les propriétés qui confirment un prix déterminé pour des vins acquis directement au domaine, avec le bémol évident qu'on pourra toujours vous répondre qu'il n'y en a plus.

Bon : ce préliminaire étant compris par tous, quid des notes des critiques majeurs dont nous citons les noms : 

- les anglo-saxons : Jancis Robinson, Neal Martin, Antonio Galloni, James Suckling

- les français : Michel Bettane (et autres B+D), Bernard Burtschy, Jacques Dupont & Olivier Bompas, Jacques Perrin

Disons d'abord que ces zeus n'ont pas dégusté en même temps, au même lieu, les mêmes échantillons, chacun sachant que ceux-ci sont généralement approvisionnés quotidiennement et parfois même plusieurs fois par jour.

Je mettrai donc les différences inexplicables de certains résultats sous la responsabilité de ces différences de temps et de lieu qui chagrinaient tant le poète.

Exemple parfait ce ce différentiel : Montrose.

Voilà un cru - comme toute la série des Haut-Brion - qui méritait de loin les plus beaux éloges. Certes, ce n'était que notre petit groupe d'amateurs sans aucune prétention d'évangélisation des foules, mais le fait était là : on a estimé au plus haut ces deux domaines, l'un au sud du bordelais, l'autre au nord. Et ce n'est pas parce qu'on a dit ad nauseam que telle AOC n'était pas au top, eu égard à des pluies coquines, pour que tous ses vins soient frappés du sceau de l'infamie ! Arrêtons ces facilités d'écriture qu'aime tant la critique !

Grosso modo, les premiers restent premiers, Petrus en tête pour Pomerol, Ausone et Cheval-Blanc (pas de second cette année) en St-Emilion, Lafite et Margaux en rive gauche, Yquem à Sauternes (et là : j'applaudis des deux mains) et ensuite belle navigation notée entre 15 et 17 sur 20 pour les maisons historiques faisant le buzz. Oui, oui : Figeac est aimé comme jamais : il a tant souffert sous Parker !

Certains sans grade ou bourgeois sortent du lot ici ou là, mais avec quelques bizarreries que certaines mauvaises langues vont imputer à des raisons personnelles, parfois politiques (amour ou dédain), ou simplement à des loupés de loupés, personne n'ayant le nez et le palais en surmultiplié pendant les longues journées couvrant cette semaine des primeurs.

Que Dupont cite Château de Carles sans évoquer Haut-Carles - un diamant dans ce millésime 2015 - cela mérite un passage chez Tomàs de Torquemada  (non : j'exagère… quoique…), ces deux crus étant toujours présentés, en tout cas chez Thunevin, ensemble.

Que Perrin loue les Carmes Haut-Brion avec un beau 96/100 alors même que Dupont ne lui donne que 15/20, manifestement ces deux zeus n'ont pas eu la même lecture de ce cru qui fait partie des beautés de son AOC.

Bien : des exemples comme cela, on en a à la pelle. Alors quid ? Tout simplement, que chaque amateur soucieux de la critique s'attache à son nom préféré et fasse ses choix en fonction de ce qu'écrit ce nom.

Pour le novice qui arrive tout bizu dans ce tourbillon des primeurs, on conseillera le n° 54 de VINIFERA (Jacques Perrin) car ses explications sur le millésime, sur ce que donnent les différentes AOC et surtout sur sa classification désormais une référence seront une source de joyeuses discussions dans dix ou vingt ans :

Les coups de coeur

les plus chatoyants

les plus magiques

les révélations du millésime

les meilleurs rapports prix/plaisir prévisibles

Non : je ne vous donnerai pas les noms : faut bien que le Grand Jacques puisse continuer à vivre décemment du fruit de son travail ! Oui, cette revue helvète est acceptée par les Postes européennes, d'autant plus que nos amis teutons bénéficient d'une traduction qui leur est destinée alors même que les barbares hors continent, ne connaissant bêtement que l'anglais de cuisine ou d'Oxford, devront travailler Google-Trad en pestant sur les contre-sens, non-sens, faux-sens qu'ils devront dépatouiller.

:-)

Que cette page soit un hommage à Bertrand Le Guern lequel, pendant des années, et à titre totalement gratuit, a présenté des études statistiques sur excel qui permettaient des comparatifs intelligents et desquels on pouvait ressortir - comme aux dégustations collectives à l'aveugle du GJE - une hiérarchie consensuelle sur un bon nombre de crus bordelais.

Enfin, ne soyons point bégueule, chapeau à Olivier Bernard qui a su imposer - main de fer dans gant de velours - une nouvelle approche des dégustations primeurs pour les masses critiques laborieuses… quand les grands noms, quand même, eux sont reçus "alla grande" chez quelques négociants ayant pignon sur rue et sachant recevoir à la hauteur des prix des crus célébrissimes de la région !

Bon : je deviens mauvaise langue : on arrête là sur le sujet des primeurs 2015.

N'oubliez pas mon chouchou du millésime, question RQP : Haut-Carles. Et tant qu'on y est, passez à la propriété déguster quelques millésimes récents, style les 2010, 2011 et vous m'en direz des nouvelles ! 


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