C'est fait : le vote est clair et définitif.
Le Royaume Uni va retrouver son insularité économico-politique.
Dans le maelström des effets et réactions d'hier, le vendredi 24 juin, quelques points qui mériteront des analyses ultérieures dans un climat moins immédiat et plus serein.
- Quand même bizarre de constater que c'est la bourse de Londres qui a été la moins touchée. Moins de la moitié de ce qui s'est passé à Paris, Milan ou Berlin. Une explication ?
- Quand même gonflé ce Cameron qui est bien à l'origine, pour sauver sa peau de Premier Ministre, de ce référendum octroyé afin de garder sa place. D'un départ d'ego personnel, on aboutit à un séisme pour tout un pays. Il ose dicter les échéances de sortie - octobre - ce qui est loin de plaire au noyau dur des Pères Fondateurs. Ce ne sera pas un divorce à l'amiable quand bien même il faudra tenir compte de certaines réalités que sauront rappeler nos amis commerçants hollandais.
- Chiche que c'est une occasion unique pour l'Espagne d'une courte blitzkrieg sans dégâts pour récupérer Gibraltar. Osera t'elle ?
- Peut-on espérer, lors de la réunion des 6 mardi, de la décision de principe de refonder l'Europe sur un nouveau traité d'où sera exclu le stupide système des votes unanimes nécessaires, actuellement, à toute décision majeure prise à Bruxelles ?
- Dans quelle mesure la prochaine élection présidentielle en France donnera un poids prioritaire à cette reconstruction de l'Europe tant il est vrai que ce n'est pas maintenant que l'actuel Président pourrait le faire : il a d'autres soucis.
- Que les choses soient claires : pour le monde entier, la finance se traite et doit se traiter dans un pays de langue anglaise. Les londoniens ne vont pas abandonner ce statut unique facilement, quand bien même Dublin peut lorgner sur la chose… ou Singapore…
- Peut-on vraiment croire que l'Ecosse pourra quitter le Royaume Uni sur base d'une consultation référendaire ? Ce serait alors un séisme bien plus historique que cette sortie de l'UE. Et là : la Reine resterait silencieuse ? Probablement pas.
- On aura aussi beaucoup de choses à dire au sujet de qui a voté quoi : les jeunes de Londres pour rester, les vieux des campagnes et des villes industrielles pour sortir. D'où vient ce divorce entre générations ? D'une ouverture internationale naturelle chez des jeunes qui bougent et des vieux qui continuent à vivre selon les idées du SUN ?
- Ou peut-être un manque de communication entre générations, un manque d'une certaine solidarité d'écoute de l'autre ?
- Pour venir au monde du vin : avec l'instabilité des cours de change que cette sortie va générer, l'Angleterre va probablement devoir revoir à la baisse son rêve de devenir "LA" place du vin de Bordeaux pour le monde. Et donc, fatalement, viendra le moment où on va se poser des questions sur quoi faire des stocks de spéculation qui engorgent des entrepôts ici et là.
- Si les Pères Fondateurs se lancent dans une réécriture des traités avec comme but caché ou avoué d'enfin créer une Europe Fédérale à 6 à laquelle d'autres pays pourraient s'associer avec des contrats spécifiques, il va falloir que les classes politiques sachent reprendre une hauteur de vue qu'avaient, à l'époque, les Schuman, De Gasperi, Adenauer. C'est pas gagné, loin de là !
- Enfin, il n'est que temps que ce monde de dirigeants, du financier au politique, comprenne qu'avec les nouveaux outils de communication, toutes les populations sont inondées de tout et de n'importe quoi, et souvent - sinon toujours - sans aucune analyse de perspective. Bref : on ne peut plus faire comme avant, en cachant les choses. Il est frappant à cet égard de constater le gouffre de présentation des choses existant entre ITV ou BFM et CDANSLAIR.
- Encore un cran au-dessus :
• garder une démocratie basée sur le fait que les élus le sont pour dire la loi et sans obligation de le faire en fonction de leurs promesses électorales, eu égard au fait que les choses changent ?
• ou mettre en place une démocratie bien plus directe, à base de referendum (comme la Suisse) et d'obligation aux élus de suivre rigoureusement ce qu'ils ont dit à leurs électeurs ?
Tout cela devant se lire également dans le contexte mondial qui arrivera un jour à un point de rupture : où les riches deviennent de plus en plus riches et avec un taux d'accélération impressionnant, et où cela se sait, et où les classes moyennes n'ont plus vraiment de perspectives d'un avenir radieux avec en sus la fin des emplois à vie.
Comme chaque fois, le futur va probablement démentir ou orienter différemment ces hypothèses méritant bien sûr des développements complexes, mais à tout le moins, à la rentrée de septembre, on entendra des discours nouveaux…
:-)