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Le New York Times dénonce les dangers de la prohibition du cannabis

Publié le 29 juillet 2014 par Donquichotte

Un grand quotidien américain, le New York Times, vient de prendre position pour une évolution de la législation sur le cannabis. Comparant sa pénalisation à la prohibition et ses conséquences, il a clairement titré «Abroger la prohibition, à nouveau».
Les arguments que retient ce grand quotidien sont sans surprises :

–       Les effets de la pénalisation concernent de façon privilégiée une minorité de la population, les jeunes noirs aux US, les jeunes issus de l’immigration en France. Loin de consolider et de défendre le lien social, la pénalisation le distend.

–       Les conséquences sanitaires de l’usage sont réelles, mais loin d’être celles de l’alcool et du tabac. Nous ne pouvons là-aussi qu’applaudir cette affirmation, que nous et d’autres répétons en boucle et en vain depuis bien longtemps.

Cette première publication a été suivi d’une seconde, consacrée à l’injustice des arrestations liées au cannabis. 

La dangerosité du cannabis est une histoire d’âge et de quantité. Plus il est consommé jeune et régulièrement, plus il est dangereux ! La conséquence en serait simple : mettre les moyens budgétaires, de plus en plus réduits, sur ce qui peut dissuader ce type d’usage, plus que sur une prohibition absolue qui ruine l’état (douane, police, justice, prisons…), fait la fortune des trafiquants et échoue lamentablement à instaurer le contrôle qu’elle prétend défendre.

Cela veut dire, concrètement :

–   Aider les familles identifiées comme les plus en difficulté, par des programmes éducatifs qui les accompagnent dans leur lien à l’enfant ; consolider leur rôle et celui des adultes agissant dans ces années où se prépare la personnalité. De tels programmes existent, ils apparaissent et disparaissent dans nos débats avec l’apparition et la disparition d’un ministre de la santé, de la famille, de la jeunesse… Mais ils ne se mettent pas en place. Pas pour l’instant.

–   Prévoir à l’adolescence, moment où inévitablement des expérimentations se feront, des points de contacts entre des adultes informés des dangers des substances (tabac, alcool ou cannabis) sur les adolescents, en terme neurologique (maturation du cerveau), psychologique (construction de la personnalité), sociologique (entrée dans la vie adulte). La mission Consultation Jeune Consommateur, telle qu’elle se relance actuellement, en prend la mesure, mais encore avec bien des hésitations, des craintes, notamment au moment de « lier » dans la future loi de santé le rôle de cette mission, portée par les CSAPA (Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie), et les actions de prévention et d’éducation à la santé !

–       Oser toucher au dogme de l’interdit pénal, pourtant largement mis à mal, pour regarder les expériences qui marchent autrement et en tirer les leçons : garder une interdiction de consommer pour les mineurs ; prévoir la sanction pénale des adultes pour des usages spécifiques et avec circonstances aggravantes ; mieux optimiser les orientations vers le soin ; assumer qu’un usage privé et contrôlé chez un adulte n’est pas différent d’une consommation ponctuelle d’alcool et construire un marché qui ne soit pas identique à celui de l’alcool et du tabac!

Il y aurait bien évidemment matière à débattre, mais pour cela, il faudrait que le débat s’ouvre. La Fédération Addiction reçoit début septembre une délégation venant d’Uruguay ; des colloques ou congrès auront lieu cet automne sur « la guerre à la drogue », la réduction des risques et des dommages ; les évaluations sur les expériences américaines avancent…

Cela aboutira-t-il, dans ce pays où, sur ce sujet comme sur d’autres, s’affrontent les nostalgiques d’un passé dépassé et des réformateurs qui peinent à réformer ?


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