Magazine Cuisine

Le sieur Chasseuil hier soir sur France 5

Par Mauss

Reportage on ne peut plus classique hier soir présenté par France 5 où une noble dame parcourt quelques grandes propriétés en Champagne, Bordeaux, Bourgogne.

Point de Rhône, ni de Loire, ni d'Alsace. Ce sera pour une autre fois ?

Passages plus qu'intéressant sur le tonnelier de Château Margaux qui nous montre son art et confirme réaliser 2 barriques par jour, ce qui doit faire, dans l'année, autour de 600 pièces… de quoi permettre une belle comparaison avec les autres fournisseurs tant il est vrai qu'une telle propriété a bien plus besoin de 600 barriques neuves par an !

Cette vidéo de France 5 intègre un reportage sur le sieur Chasseuil qui a réussi à accumuler plus de 40.000 bouteilles de grands noms. Du coup, j'ai voulu relire ce que j'avais écrit à son sujet en 2008 (et oui, le temps passe !) et je remets ce billet ci-dessous afin de savoir si oui ou non je reviens sur ce commentaire de l'époque.

Je cite :

Mardi 23 Décembre 2008
Je ne connais pas Michel Chasseuil si ce n'est de l'avoir brièvement aperçu à la télé avec Olivier Poussier, montrant avec une parcimonie bénédictine de gestes, une collection apparemment unique de 20.000 bouteilles de grands crus s'étalant sur 3 siècles.
A rendre (presque) jaloux le glorieux Audouze assez fier de la sienne.
Ce Monsieur Chasseuil ne me l'a pas dit personnellement, mais il semble l'avoir fait ici et là, lors d'interview ou de visites de prestige dans sa cave de Chapelle-Bâton : ces bouteilles ne sont pas destinées à être dégustées, mais à rester telles quelles, figées dans l'histoire.
Ma fois : si chacun a parfaitement le droit de faire ce qu'il veut de ses biens, cet homme a parfaitement le droit d'exiger que ces bouteilles ne soient jamais débouchées et s'il les offre un jour pour un musée, ne doutons pas une seconde que ce sera une clause majeure à respecter.
Il n'empêche : à titre perso, je considère cela non seulement comme la suprême insulte pour le travail des vignerons, un dédain inouï pour le but final de leurs crus - être dégustés par de vrais amateurs - mais, pire encore, comme l'ultime preuve qu'une collection peut être quelque chose de profondément vain, ostentatoire, orgueilleux et … crétin.
Je m'explique : qu'on crée une collection à partir de bouteilles bues, accompagnées d'un billet détaillant les circonstances, les amis, les commentaires, voilà quelque chose qui aurait une certaine valeur. Il y aurait là une information intéressante pour l'amateur.
Mais qu'on mette là 20.000 bouteilles pleines, qui sont déjà mortes ou vont mourir, sans avoir pu offrir à quiconque le fruit du travail d'un homme qui a espéré toute sa vie que le fruit de son labeur soit apprécié, c'est d'un non-sens total.
J'arrête là, car je vais dire plein de gros mots. J'invite simplement ceux qui comprennent la langue de Shakespeare à lire le vif, très vif commentaire de Robert Parker sur son forum à ce sujet. C'est du sans bavure. Du sans gants.
 CRITIQUE : Ma foi, je ne vois pas trop ce qu'il y aurait de faux dans ce billet si ce n'est que Chasseuil, hier soir, a parlé de 40.000 bouteilles et non 20.000 comme indiqué dans ce billet de 2008. En fait, plus je pense à cette accumulation de grands noms, plus je pense qu'un tel acquis pourrait servir quelques nobles causes basées sur l'opération suivante : 1 : organiser une fois l'an une journée dédiée à la dégustation de certains de ces crus, sur un thème de millésimes/régions/AOC. Payante mais à un prix raisonnable. A tout le moins, le but d'un vin qui est d'être dégusté serait réalisé et ce serait là un signe majeur de respect pour le vigneron.  2 : verser le produit financier de cette opération à quelques ONG qui en ont bien besoin. Ça ne doit pas manquer en ce moment. Certes, encore faut-il que le sieur Chasseuil ait cette générosité : mais n'a t'il pas dit hier soir qu'un richissime amateur lui a proposé 50 millions d'euros pour sa cave et, en faux grand seigneur qu'il est, son geste de dédain a été un moment d'immense vanité sachant par ailleurs qu'il y a eu quand même quelques tractations financières non abouties eu égard à ses exigences en la matière. Hypocrisie puissance 10.
 3 : permettre enfin à quelques pointures de la dégustation qui feraient partie de ce panel annuel, d'écrire des commentaires circonstanciés lesquels seraient alors pour les générations futures la trace réelle laissée par ces vins de prestige plutôt que la bête contemplation de bouteilles pleines en train de mourir gentiment alors même - on se répète - que : le but fondamental et final d'un vin est d'être consommé et apprécié en n'oubliant jamais - là aussi je me répète - de penser au vigneron qui l'a créé sur la terre dont il avait la charge. Si l'on me permet une comparaison un peut tordue, je l'avoue : cette situation figée de grands crus est un peu équivalente à un musée qui listerait au public toutes les oeuvres qu'il abrite sans jamais permettre à quiconque de les admirer. Que le sieur Chasseuil prenne exemple sur ce riche citoyen américain qui a offert au Musée d'Orsay (à vérifier) l'ensemble de sa propre collection afin que chacun puisse la voir dans un cadre idoine et sans qu'il ait cherché à en moyenner la valeur financière. Là encore je n'oublie pas que les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Certes, certes… Tout bon réveillon à tous nos lecteurs :-) Va savoir, Charles !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mauss 1569 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines