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Logan

Par Kinopitheque12

James Mangold, 2017 (États-Unis)

Logan DEAD MAN WALKING

Alors que Hugh Jackman a incarné Wolverine à huit reprises depuis le premier volet de X-Men de Bryan Singer en 2000, Logan à présent se laisse vieillir. Il préfère faire le chauffeur dans une berline outre-mesure pour une clientèle fortunée, celle qui célèbre le temps perdu (demoiselles disant adieu à leur condition) ou la victoire d'un changement qui promet d'être funeste (association fortuite de ces images électorales fictives avec celles de Trump qui, deux mois avant la sortie du film en salle, succédait à Obama à la Maison Blanche). Le plan d'un mur géant faisant frontière avec le Mexique et couvrant l'horizon jusqu'au ciel aurait-il quelque chose de surprenant dans ce road-movie chaud et sec allant par le Nouveau Mexique, le Texas ou l'Oklahoma ? Un monde en perte et la bouffonnerie derrière, un super-héroisme usé jusqu'à la corde.

Alors qu'apporte cette transposition crépusculaire à l'univers des super-héros ? Alors que Singer nous avait presque habitué à ses propres hantises liées aux camps de concentration et aux massacres de masse, il suffit d'un éclair pour repenser à Superman né pour protéger le peuple de Metropolis sur les pages d'un comic-book alors qu'un autre peuple était persécuté puis exterminé dans le vieux monde. On pense à la couverture aujourd'hui jaunie du premier numéro de Captain America cognant Hitler et rassurant sur la victoire prochaine. L'idéologie nationale dominante nous revient aussi à l'esprit, celle qui nourrissait les comics durant la Guerre Froide ; quand Spiderman ou Iron Man s'inventaient des ennemis frappés sur le torse de la marque soviétique... Logan, lui, ne transpose plus qu'une ambiance : le monde après l'apocalypse.

Logan n'est d'ailleurs plus que l'ombre d'un Terminator qui plane sur toute cette aridité. La dernière action menée comme un trait droit vers le néant est lentement mise en mouvement : tout d'abord des expériences de laboratoire et des euthanasies pratiquées sur des enfants, puis la double relation père-fils (ou fille), improbable lignée reconstituée (grand-père dégénérescent et gamine sans enfance, Patrick Stewart et Dafne Keen), enfin le combat du même contre le même... De guerre lasse, ces corps de vieux ne résistent plus, ne s'arrangent plus avec la réalité violente et destructrice. On étouffe tandis qu'ils s'effondrent. Et la jeunesse en fuite ? Trop tôt responsable, trop tôt plongée dans l'irrespirable, déjà brûlée dans ce soleil couchant, elle n'inspire plus rien.


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