
C'est en 1357, lors de la guerre de Cent Ans, l' année qui suivit la bataille de Poitiers, qu'apparurent de redoutables bandes connues dans l' Histoire sous le nom de "Grandes Compagnies".
Les Anglais étaient maîtres d'une partie du royaume, le roi Jean étant captif à Londres, la France était épuisée d'hommes et d'argent, la vieille chevalerie française avait disparu presque entièrement dans les combats, et la noblesse pouvait à peine donner encore quelques défenseurs au pays. Ce qui restait de mercenaires sous les armes, ne recevant plus de paie, se débanda, et sûr de leur impunité, ces hommes s'abandonnèrent à tous les excès d'une soldatesque effrénée.

A leur suite, marchait une nuée de vagabonds, de gens sans aveu, de femmes perdues et de bêtes de somme.

Un Chevalier nommé Jean de Vernay, au service du Roi d' Angleterre et banni pour des crimes énormes, prenait la qualité de lieutenant du Roi de France comme représentant d'un aventurier, Gianni di Guccio, se disant fils de Louis le Hutin, Jean Ier, mort en bas age. Ce Jean de Vernay s'étant mis en campagne à la tête d'une troupe de gens armés et ayant établi son quartier général dans notre village de Codolet, près d'Avignon, mettait à contribution tout le pays alentour.



D'un autre côté, Jean Gucio a été pris par les gens de notre fils bien aimé noble homme Mathias de Gisald, chevalier, sénéchal de votre province, et il est également détenu aujourd'hui par ce même sénéchal. Comme il convient à Votre Excellence de défendre l'honneur et l'état de ce Roi auquel vous attache un lien de parenté qui n'est pas médiocre et de témoigner à son Royaume de France le zèle et l'entier dévouement d'une amitié fraternelle ; comme il est digne de vous rendre à ses prières, et, en tant que Dieu le permet, de satisfaire à ses justes et sages demandes, nous adressons vivement nos supplications et nos exhortations à votre sérénité pour que vous veuillez bien accueillir, autant que l'honnêteté vous le conseillera, les sollicitations qu'il aura jugé à propos de vous adresser, vous priant de vouloir bien donner à votre sénéchal, au sujet de Jean Gucio, tous les ordres que vous suggérera une honnêteté dévouée, pour que votre libéralité envers nous en soit hautement manifestée et pour que le Roi de France ait tout lieu d'être content."
Marqués par le Rhône, frontière tout autant que lien, ceux qui vivent sur ses bords savent que le Roi des fleuves dicte sa loi. Peut-être est-ce pour se mesurer au géant que nos ancêtres ont choisi de bâtir sur ses rives.