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Journal de bord du confinement #4 jours

Par Boljo

Journal de bord du confinement #4 jours

Voilà, je confine, tu confines, nous confinons.

On ne va pas épiloguer sur :

  • Fallait-il le faire avant ?
  • C’est quoi cette organisation d’avant crise ?
  • 15 jours, est-ce bien raisonnable ?
  • Pourquoi attendre d’y être pour lancer la fabrication de masques, déployer des hôpitaux militaires, fabriquer du gel hydro-alcoolique ?

Les chinois avaient dû lancer une fake news et ah ah, nous les français on allait quand même pas y croire et puis on le sait nous sommes hors du temps, hors de tout, Therchnobyl nous a évité (parles en à ma thyroïde), tu croyais pas que le virus du corona dit Covid19 allait nous atteindre ? Non ? Ben si !

Donc, entre politique des petits pas et informations contradictoires on a le sentiment diffus que l’information ne passe bien entre les différents ministres, le chef de l’état et les autorités sanitaires, il devient  difficile de s’y retrouver.

Jeudi 12 mars : A 20 h, le président fait une allocution, le confinement est annoncé, ah non pardon le mot n’est pas prononcé, on fait dans la demie-mesure.

Vendredi 13 mars : Un confinement partiel prend effet ; à partir de lundi on fermera les écoles et les universités, les stages en entreprise pour les élèves en lycée professionnel sont maintenus. L’éducation nationale dont le ministre assure qu’elle est parée et prête est sommée d’assurer la continuité pédagogique. En attendant, c’est quand même le grand flou dans les établissements scolaires : pas d’élèves, pas de profs, pas de CPE, pas de surveillants, pas de personnel de direction, pas de personnels de service, on ne sait pas trop. On passe au pas de course dans les classes, vérifier que tous les élèves aient leurs codes de connexion sur l’ENT (Espace Numérique de Travail) ou qu’ils sachent qui contacter pour les récupérer. Et puis, leur spécifier que les vacances ne commencent pas, qu’il y a des échéances, des examens, des cours qui vont être mis en ligne, des leçons à apprendre avec des devoirs à rendre… Et ça les fait bien rigoler. L’allégresse est général, ils pensent à peine à sécher le vendredi après-midi, tellement heureux de ne plus avoir d’école pendant une durée indéterminée. Les personnels sont un peu éberlués, on boucle un établissement dont les projets sont en cours, les CCF prévus, les dates d’examen annoncés, les stage signés… mais on ne se reverra pas de sitôt !

Le mot d’ordre est resté chez vous, garder les enfants porteurs sains et grands disséminateurs de virus à la maison mais allez voter !

Samedi 14 mars : la population inquiète continue de se ruer dans les magasins pour faire le plein de farine, sucre, papier toilette, le cul et la bouche semblent devenus plus important que tout. Tous se bousculent, les masques et le gel hydro manquent, personne ne semble avoir compris que l’eau et le savon font bien le taf si tant est qu’on fait un lavage dans les règles. En même temps, il y a de quoi inquiéter à minuit les bars, les restaurants, les boites de nuit… les lieux publics avec trop de promiscuité vont devoir fermer, alors en attendant, on s’embrasse, on trinque, on partage, on se postillonne, on se tripote.

Dimanche 15 mars : Donc, nous irons aux urnes et respecterons les gestes barrière. Nous éviterons les magasins, prudents nous avons anticipé les courses pour la semaine, heureusement, les magasins sont pris d’assaut et les gens font des stocks. Ni le gouvernement, ni les médias, ni la grande distribution n’ont l’idée de limiter en nombre les achats.

Lundi 16 mars : Tout le monde sait que le confinement total devrait être annoncé dans les prochains jours mais on ne sait pas trop pour quand. Au lycée, on fait repartir le personnel de service, dans d’autres établissements ils doivent nettoyer de fond en comble. Certains collèges sont réquisitionnés pour ouvrir leur porte aux personnels soignants. Les courriers ne sont pas plus clairs que le reste, qui doit être d’astreinte ? Volontaire, personnel désigné ? Le ministre de l’EN, JM Blanquer dit principalement l’inverse du gouvernement et des autorités sanitaires. Son mot d’ordre : restez chez vous mais ouvrez une permanence pour donner des devoirs papier aux élèves qui ne sont pas connectés. On fait une dernière réunion au lycée à 15h à quelques volontaires, une dizaine pour organiser ce qu’on peut.

#J1  Mardi 17 mars : A midi, le confinement doit être total, enfin presque, tout est dans l’à peu près. En attendant 12h, précipitez vous dans les magasins, dans les gares et les aéroports, pour être sûrs de transporter le virus dans des régions pas encore touchées et oubliez les gestes barrières. A partir de l’après-midi dans l’EN on constate que l’ENT ne fonctionne toujours pas depuis hier après-mdi, les serveurs ont chauffé, sont passés dans le rouge… euh M. le Ministre tout n’est pas prêt ! Mais si, les effets d’annonces se multiplient on va distribuer des tablettes aux élèves qui n’ont rien. Ah bon, et elles sont où les tablettes et qui met son masque et ses gants pour faire le pied de grue à l’accueil de l’établissement ? Ah au fait, il y a belle lurette qu’il n’y a plus ni masques ni gants, la faute au chinois aussi !

#J2 Mercredi 18 mars : c’est la pagaille sur l’ENT, on y croit, on n’y croit plus, on fait autrement et chacun y va de son drive, de son groupe WhatsApp, de sa création de boite gmail, la sécurité informatique ? Bah, au moins pas d’ordre sur le sujet alors… what the fuck, mes élèves doivent travailler, on me l’intime en haut lieu. Chacun essaie de recenser les élèves connectés, ceux qu’on ne peut jamais joindre, ceux qu’on ne joindra jamais, ceux qu’on va laisser sur le bord du chemin, ceux qui doivent travailler, passer leurs diplômes, ceux qui ne comprennent rien aux outils informatiques parce que non Messieurs tous nos élèves n’ont pas les moyens, ne comprennent pas le français, ne sont pas capables de travailler seuls, n’en ont pas envie, ils sont anxieux aussi parce qu’ils sentent bien cette frénésie qui s’est emparée de nous. Alors, le travail en équipe ce n’est déjà pas facile sur site mais alors chacun chez soi on a même oublié ce que le mot voulait dire d’ailleurs il y a un mot pour ça ? Pour quoi déjà ?

Journal de bord du confinement #4 jours
#J3 Jeudi 19 mars : Où on se rend compte qu’il n’est pas facile de contenir les adultes, les ados, les enfants chez eux et à huit clos. Les réseaux sociaux s’affolent, les plateformes proposent la visite virtuelle de musées, de monuments, de ville, de programmes télé, de films à volonté… Mais voilà, c’est le printemps, il fait beau, les oiseaux chantent, d’autant mieux qu’il y a moins de pollution, moins de bruit, moins de nuisance en tout genre, la nature est presque tranquille. Hormis, les gens qui se regroupent dans les parcs et puis avec une autorisation à imprimer ou à recopier si pas d’imprimante tu peux sortir pour 1/Trouver de quoi te nourrir, 2/Voir tes vieux, 3/T’occuper de ta santé, 4/Prendre l’air ou faire pisser ton chien et/ou tes gosses, mais tu dois être seul. Tu ne peux pas la charger sur ton téléphone, on n’est pas au 21ème siècle non plus, faut pas que ce soit facile. Tout ça n’est pas trop bien spécifier et se structure peu à peu, oui, c’est pas comme si on avait l’exemple d’autres pays autour de nous.

Le soir à 20 h on applaudit des balcons en hommage aux soignants dans des hôpitaux où les lits et le matériel manquent déjà, le français ne pousse pas la chansonnette aussi bien que l’italien. L’Italie qui nous serine que la mesure n’a pas été bien prise, que c’est la catastrophe, les malades tombent comme des mouches faute de respirateurs et de prise en charge parce qu’il n’y a plus de place.

Journal de bord du confinement #4 jours

#J4 Vendredi 20  mars : Euréka, l’ENT balbutie, tâtonne et se stabilise, ça fonctionne ! Entre temps, les mômes ont reçu 15 connexions via le CNED, des classes rooms, des boites mails, des liens pour se connecter à telle heure avec un tel. Tout ça, sans beaucoup de structures, sans se soucier si la moitié d’entre eux ne recevaient rien ou avaient juste un tél et pas de forfait pour se connecter. Sans parfois même se préoccuper qu’un foyer mieux doté avait un ou des parents en télétravail qui devait utiliser l’ordinateur parce que son entreprise lui demandait des comptes, et oui, il y a parfois des priorités. Et, que ce même parent n’avait pas forcément le temps, la possibilité, la compétence, la patience d’être derrière ou de faire l’école à la maison à son bambin qu’il ait 3 ou 18 ans parce que déjà il faudra l’occuper pendant les temps morts, supporter sa mauvaise humeur, son énervement… alors les cours ça ne s’inventent pas au troisième jour de confinement.

Annonce du soir : Les marchés restent ouverts dans certaines communes mais tout est normal, l’économie doit continuer dixit le ministre. Donc les maires sont à la ramasse mais le secrétaire d’état Nuner porte parole a été poussé dans l’arène médiatique et il faut le dire, il est pitoyable. Il répète a l’envi qu’avec un bon respect des gestes barrières tout va bien se passer. De toute façon le ministre de l’économie le dit depuis 4 jours : restez chez vous mais allez travailler, l’économie ne doit pas s’arrêter.

Des médecins chinois déboulent en Italie pour leur dire gentiment qu’ils ont fait de la merde, que les transports fonctionnent et c’est n’importe quoi. Le journaliste depuis 15 jours en Italie insiste tout les soirs pour dire qu’à traitement égal la France ne vaudra pas mieux, la team médicale chinoise est plus que d’accord. A bon entendeur, restez chez vous, sortez vous aérer seul, faites vos courses en respectant les distances, lavez vous les mains jusqu’à ce que vos empreintes digitales disparaissent.

Saluons le travail de tous ceux qui ont des régimes de retraite spéciaux, des petits salaires et qui sont au taf pour nourrir les télé travailleurs, maintenir la sécurité, l’hygiène et la santé.

Prenez soin de vous et de vos proches.

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