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Bons baisers de Russie

Par Kinopitheque12

Terence Young, 1963 (Royaume-Uni)

Bons baisers de Russie

" Allons au wagon-restaurant James, pour... prendre un verre ". Préparé par un silence bref mais trop peu spontané pour trahir une hésitation, davantage une pause marquée en vue de l'effet à suivre, tout le mystère réside dans le complément circonstanciel. Car l'agent d'Istanbul (le superviseur Ali Kerim Bay interprété par Pedro Armendariz), n'en doutons pas, a d'autres priorités qu'un rafraîchissement entre collègues, fût-ce avec le plus célèbre d'entre eux. Il s'agit donc de renseignements à partager. Pourtant le verre aurait pris un tout autre sens si une femme l'avait proposé, nous laissant alors anticiper (ce qui est généralement facilité par une lascivité de circonstance) les doux baisers sur lesquels la caméra aurait délicatement glissé pour laisser hors champ le reste de l'échange. Daniela Bianchi (cherchant à passer à l'Ouest) et Sean Connery (toujours direct) se retrouvent d'ailleurs au lit enlacés, sans que toutefois aucune proposition n'ait précédé. A l'opposé, les avances inattendues de Lotte Lenya à l'égard de la même beauté fugace (le temps d'un film) sont restées sans réponse...

Bons baisers de Russie s'inscrit semble-t-il en réaction à Dr. No (Young, 1962) : pas de base secrète, pas de figurants qui tombent par dizaines. Aucun russe n'est éliminé, seulement deux trois sbires du SPECTRE. Plus sobre (si l'on peut dire, puisqu'il présente Sainte-Sophie sous toutes les coutures et s'offre une brève visite de la place Saint-Marc), le récit ne se porte vraiment que sur un voyage quasi rectiligne dans l'Europe balkanique, d'Istanbul à l'Adriatique. Il ne comporte que peu de rebondissements, exceptions faites d'une fusillade géante dans un camp bohémien (un peu de folklore) et de l'agression hitchcockienne d'un hélicoptère en rase-motte que Bond, ne trouvant pas de champ de maïs où se réfugier, fait exploser d'une balle. Robert Shaw, le costaud de l'épisode, se fait quant à lui avoir par la petite mallette surprise de Q. Dans une thématique marine (ressortez les maillots), Opération tonnerre, le dernier Bond de T. Young (1965), se laissera davantage aller dans la démesure.


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