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Indiana Jones et le Cadran de la Destinée

Par Kinopitheque12

James Mangold, 2023 (États-Unis)

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée ALCHIMIE ET CROYANCE

Indiana Jones est vieux. Il dispense ses derniers cours d'archéologie. Le professeur prend sa retraite. Après Spielberg, le personnage pouvait bien intéresser James Mangold qui s'était penché sur d'autres figures solitaires et abîmées ( Copland, 1997, Walk the line, 2005, Logan, 2017). Avec une telle franchise (sous étiquette Lucasfilm-Disney), difficile de parvenir au simple film d'aventures en évitant les redites et plus encore de le dépasser pour avoir quelque chose à dire.

Mais James Mangold parvient à un film qu'il n'est pas du tout déplaisant à regarder, surtout grâce à un duo de personnages sympathique et astucieusement complémentaire : Indiana et Helena (Harrison Ford et Phoebe Waller-Bridge).On suit ainsi les mouvements souvent contrariés du parrain et de la filleule, de l'antiquité et du sang vif, chacun devant faire ses preuves vis-à-vis de l'autre, l'un et l'autre prenant ensemble la tête de la course, non sans certaines concessions. La belle intrépide fait assez vite la démonstration qu'elle égale le puits de science qui l'accompagne. Helena est indépendante, pleine d'initiative, libre et un brin arrogante (plus un ou deux regards gourmands portés sur les hommes). Le contenu féministe est avancé sans insistance, avec " normalité ", et la force de la demoiselle rapidement une évidence. En revanche, pour l'aventurier du troisième âge, c'est autre chose. Il a davantage de mal et traîne son corps avec difficulté. Mais ce sont ses doutes qui le font plus fragile. Il a perdu son fils à la guerre (le Vietnam ?) et se retrouve en instance de divorce. Peut-être même le sent-on inquiet de se retrouver seul. On le croyait héros, il n'est qu'un vieux bonhomme à qui il arrive de s'endormir devant la télé. Si le film ne diminue pas complètement le personnage non plus (il accomplit tant bien que mal deux trois prouesses au passage), il apporte un regard tendre sur le personnage.

La dernière minute offre un très joli moment. On a entendu ces paroles ailleurs, déjà vu ces gestes ailleurs, mais l'âge accordant d'autres saveurs aux choses, la scène gagne en intensité. Le Cadran de la destinée pointe sur Les aventuriers de l'Arche perdue (Spielberg, 1981) comme modèle et référence en différents endroits, notamment pour la relation entre Indiana et Marion, et c'est une très bonne chose (toujours plaisant de revoir Karen Allen dans le rôle).

On pourrait traiter de mécanique cinématographique et tenter d'invoquer la poussée d'Archimède au prétexte d'une métaphore inspirée. Ou s'arrêter sur l'étrange assemblage de rouages, disques et pièces diverses qui constituent le Cadran de la Destinée. Mais c'est davantage d'alchimie dont il est question ici. Écartons les opposants qui importent peu (Mads Mikkelsen campe un nazi protégé par deux hommes de main tout droit sortis d'un James Bond). Réglons leur compte aux derniers personnages secondaires (Toby Jones mieux présent que John Rhys-Davies ou Antonio Banderas, ce dernier assurément lésé sur le rôle) et gardons ou regardons le principal. Comme jadis l'acteur principal avec Sean Connery ( La dernière croisade, Spielberg, 1989), avec Harrison Ford et Phoebe Waller-Bridge, et in extremis Karen Allen, James Mangold parvient à une alchimie, celle qui finalement au spectateur baladé suffit. On retient Helena et Marion et pour le reste, profanations et pillages, aberrations archéologiques, historiques et scientifiques, actions improbables et facilités, effets spéciaux imparfaits, bref pour tout le reste, " l'important n'est pas de savoir si l'on y croit, mais à quel point on y croit ".


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