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Vendanges en Bourgogne

Par Mauss

Loin des vaguelettes schnapseuses de la vidéo de Dame Saporta, me voilà donc en Bourgogne pour apprendre un peu comment se passent les vendanges cette année.

C'est divers et varié.

CÔTE DE NUITS

Moins frappée par les intempéries que la Côte de Beaune, la Côte de Nuits faisait un peu grise mine, comme tout le monde en Bourgogne, à mi-août. Comme un peu partout en Europe, les pluies dépassaient allegro vivace les normes habituelles, on battait des records et les sols n'en pouvaient mais…

Ce qui impliquait des traitements quasi permanents, et donc des coûts inhabituels.

Bon, mais après le 26 août, le soleil a commencé à revenir et ces derniers jours on peut véritablement parler d'un été indien. Les sourires sont revenus et à voir les beaux raisins que rentre Arnaud Mortet qui n'hésite pas à les comparer à ceux de 2009, on aura de beaux vins 2014 en Côte de Nuits. 

A la DRC les vendanges ont commencé lundi, et gageons que toutes les forces vont être mises en oeuvre pour rentrer le plus rapidement possible les raisins des grands crus du Domaine.

Chez Mugnier, on aura encore le discours tristounet des quantités en baisse et donc de la difficulté d'allouer avec justesse les rares bouteilles du Musigny. Pas facile à gérer tout cela !

Parcourir ainsi la Côte, rester sagement derrière de gros tracteurs faisant les allers-retours entre cuvier et vignes, louer ces cyclopédistes quasi heureux de souffrir chaleur par plus de 28°, tout cela me rappelle lorsqu'étudiant, on partait se faire un peu de sous en Champagne. Au bout de 3 jours, les jeans, gavés de sucre, pouvaient se tenir droit au pied de la couchette où on était si heureux de s'endormir en un quart de tour !

CÔTES DE BEAUNE

Passage chez Jean-François Coche-Dury qui avoue rentrer de beaux raisins mais avec une réduction massive du volume eu égard à la grêle qui a ravagé cette année Meursault, Volnay, Pommard. Pour la troisième année de suite ! Il évalue ses pertes entre 50 % et 60 %, sauf sur ses vignes de Corton-Charlemagne : ouf !. On imagine la tension qu'il va y avoir sur les marchés qui se plaignent déjà d'un manque sérieux de vins. Et si on augmente trop les prix pour compenser, les entités professionnelles craignent alors des pertes de marché. Cela ne va pas être facile à gérer.

Chez Borgeot (à Remigny), il reste 4 hectares à rentrer et on annonce pluies et orages pour vendredi ou même demain jeudi. C'est dire là aussi la tension qui existe. On ne crie pas au raisin d'exception, se contenant de dire ": bon". Et c'est vrai que partout où je suis passé, aux tables de tri, il n'y avait pas foule du style à jeter la moitié de ce qui tombait sur ces tables vibrantes.

LE MONTRACHET

Logeant au Montrachet, un Hôtel-Restaurant sis à Puligny, je ne peux que redire à quel point ce havre de tranquilité est source de bonheur culinaire. Mes escargots sont toujours présents et fidèles, la sommelière a toujours le génie de me faire découvrir de belles choses moins connues et, sagement, on m'avait alloué une chambre au calme, histoire de ne pas subir les joies exaltantes des repas de fin de vendanges d'hier soir : chez Carillon - un fou notoire, sens noble du terme - et chez Anne-Claude Leflaive, la rigueur incarnée, version féminine :-)

Je ne sais plus quel restaurant me demandait de lui dire comment fonctionnaient les équipements de service au verre, mais voici la photo :

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Certainement le meilleur système pour le service au verre 
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Une des salles du restaurant (* michelin)  Enfin, je dois dire et redire ici qu'en Bourgogne, on sait recevoir. Nous étions 5 pour un déjeuner chez un vrai bourguignon, de Père et de Mère, et voilà les vins qui nous furent servis : 
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J'avoue tout net que s'il n'y avait la crainte - légitime et acceptée - du contrôle d'alcoolémie, ces 7 topettes auraient été séchées jusqu'à la dernière goutte.  Quelques mots  Veuve-Cliquot : qu'on ait petite soif ou grande soif, un Champagne qui ne pose aucun problème.  Meursault Coche-Dury : très pur, assez rond sans pourtant que j'y trouve cette fameuse brioche qui caractérise ses vins. Probablement qu'il faut attendre encore quelques années à ce 2006. Perrières 90 de l'ombrageuse Lalou Bise-Leroy : une majesté naturelle sans aucune ostentation. Mais je garde en mémoire de référence chez elle le 83 Auxey-Duresses, un village qui a dû connaître quelques gouttes de premier cru. Clos des Mouches 2001 : là, superbe surprise. Un vin d'émotion immédiate, une sorte de chef-d'oeuvre. Suavité de grand style, rien de caché, un vin qui se donne totalement et entoute beauté, dès la première gorgée. Mon n° du jour en blanc. Aloxe-Corton 1er Cru 09 de Tollot- Beaut : assez neutre. Bien, sans plus. Un vin plus qu'honnête. Grands-Echézeaux DRC 03 et Chambertin de Rousseau 03 : rien que sur ces deux vins, ces deux style bien différents de deux AOC de prestige en Côte de Nuits et de deux vignerons d'excellence, plusieurs pages bien écrites par un Bettane ou un Grand Jacques seraient nécessaires pour simplement essayer de vous transmettre les émotions inouïes qui nous ont été offertes.

 Quelle belle et rare expérience que d'avoir pu ainsi déguster deux beautés absolues, si différentes en style, mais si grandes pourvoyeuses de sensations ineffables. Tout était en harmonie : température de service, un joyeux canard en mets, une tablée de belle compagnie. Et preuve ultime si besoin était qu'il s'agissait de vins uniques : aucun des deux n'avait d'influence négative sur l'autre. On passait d'une verre à l'autre sans que chacun ne garde ses propres caractéristiques. C'est rare et unique. Exaltation régamienne.

On ne peut que souhaiter à ceux qui le peuvent, de faire cette dégustation unique qui apprend en belles gorgées ce qu'est la grande Bourgogne, ce que sont ses AOC uniques et ce qu'elle a créé comme vignerons de l'absolu. Simplement géant.

Un merci à vie à cet hôte et son épouse qui nous ont reçus en toute simplicité et de telle façon. Il faut que j'aille en Allemagne chez Egon Müller pour retrouver ainsi de tels moments où tout est en harmonie supérieure.

Bon, en route pour Paris et refaire un petit coucou à Laurence Mortet : où quand famille et amis se regroupent pour nettoyer les vignes avant des méchancetés météo !


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