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Richard Leroy (Rablay/Layon) : un coeur de lion (5)

Par Daniel Sériot

Présentation et commentaires d’Isabelle

Tout en poursuivant notre dégustation sur fût, celle maintenant des Noëls de Montbenault, Richard continue de nous passionner avec l’aventure de sa vie et de ses rencontres.

« Quand je suis arrivé en 1996, tout le monde faisait des liquoreux, car il y a ici un potentiel en botrytis fabuleux ! Certains des vignerons, je pourrais vous en citer six ou sept, ne chaptalisaient pas, nous raconte-t-il. Alors on avait des reflets « terroir ». Le plus bel exemple de ces rencontres avec les liquoreux du Layon m’a été fourni avec les vins de Francis Poirel…

Il n’empêche, à Francis, je lui disais : « Tu ne feras jamais de vrais liquoreux, mais tout est dans la finesse… » Dans la finesse, oui, même si on le sait, certains vins affichaient à la récolte des potentiels de 21°, voire de 25°. De vrais vins d’haltérophile…

En1996, j’achète Montbenault et en 2000, le Clos des Rouliers.

J’ai tout de suite voulu faire des secs pour le Clos de Rouliers, donc dès le millésime 2001, puis j’ai poursuivi bien sûr avec le 2002. et le 2003. Et depuis 2005, je ne fais plus que des secs.

Je pourrais définir Montbenault comme des vins s’affirmant dans la puissance – pour moi, Montbenault sont des vins qui « bouffent » la barrique neuve - et le Clos des Rouliers comme des vins de grande finesse. »

Les vins ont été dégustés selon le protocole suivant : le lot 1 est issu d’un sous-sol exempt des rhyolites pourtant si caractéristiques de Montbenault, le lot 2 est issu inversement des vignes plantées sur le côté le plus pierreux, puis les lots 3 et 4 selon des unités de terroir et des choix d’élevage en barriques de 2004 ou neuves.

Une précision, concernant les Noëls, toutes les malolactiques ont été réalisées.

LOT 1 : Barrique de 2004, méchée à

2 grammes

Nez très éprouvé de poire et suave présence florale.

Acidité nette, franche dès l’attaque, qui s’incurve dans les rondeurs du corps du milieu de bouche et revit dans une finale très empreinte d’odeurs de fleurs d’acacia, de poire à l’eau de vie et de pomme verte.

Très beau vin qui laisse parler de lui longtemps après, essentiellement sur les goûts précis, nets et épurés de fruits.

LOT 2 : Barrique de 2004

Olfaction plus vive, plus dense encore que celle respirée précédemment.

La bouche – au goût subtil de zeste - se distingue encore par cette belle ampleur, ce gras plutôt soyeux, presque perlé en raison d’une acidité manifeste qui érige la finale sur des notes particulièrement savoureuses de mandarine.

LOT 2 : sur barrique neuve (Tonnellerie de l’Adour)

Nez mellifluent et citronné, doucement rafraîchi de notes de bonbon des Vosges, et lesté d’un beau floral de jasmin

La bouche, dotée d’une belle acidité impressive dès l’attaque, offre des allonges sur une poire william d’une grande pureté, d’une grande sagesse comme si la finale se voulait domptée, assouplie par une corpulence d’une belle souveraineté de saveurs et de densité.

LOT 3 : Barriques de 2004, DAMY.

Le lot trois est issu des plus jeunes vignes de Montbenault

Joli nez de pêche, de melon pour accueillir… et saisissante entrée de bouche, d’une belle franchise en terme d’acidité, de vivacité. Pour ce lot, le corps se montre plus fin : la bouche prouve un vin plus « sec », plus tendu, et au goût du noyau. La finale se clôt sur une belle complexité de fruits, dominée par la poire.

LOT 4 sur barriques neuves DAMY

Il s’agit des vignes sur la fin du terroir de Montbenault

Le nez bien que très fruité révèle un côté menthe ou rafraîchi de sève de pin. Une belle sève, une subtile odeur de noyau de cerise.

Un renouveau de ces odeurs de levure de bière décelées dans le Clos des Rouliers.

En contrepoint d’une belle acidité, prégnante dès le début, il est une corpulence plus affirmée dès le milieu de bouche, drainant avec elle beaucoup de fruits (la mandarine en l’occurrence) et de fraîcheur, pour une finale épurée aux soubresauts de poire.

LOT 4 sur une barrique de 2004

Nez moins soutenu évidemment que celui qui se respire de l’élevage en barrique neuve mais se retrouve la fleur ( on serait sur le jus initial)

La bouche apporte dès l’attaque une acidité nette puis déclinante pour un meilleur confort gustatif dès le maintien, et s’apprécient corpulence et douceur du fruit (poire et pomme fraîches, croquantes). Un beau gras pour s’étendre jusque la finale d’une agréable fraîcheur.

Très légère impression de levure de bière en retrait.

Conclusion : Les Noëls apparaissent comme des vins «  savants » en terme de perceptibilité d’arômes : toujours très nets et épurés et pourtant complexes et infinis dans leurs retours. Toutes les finales se veulent gourmandes, disertes et savoureuses et sont capables de reprendre du flambeau après un corps délesté des tensions acides annoncées dès l’attaque et donc doté de toutes les impressivités de rondeur, de gras, et de densité.

Des vins remarquables.

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