Bernard Baudry nous emmène ensuite déguster ses trois cuvées que sont les Grézeaux, le Clos Guillot puis La Croix Boissée. Il partage avec nous des instants de vie importants pour un vigneron, et nous lui en savons gré. Il nous confie ses coups de cœur, ses décisions, ses choix et ses doutes.
Ainsi nous confie-t-il ne pas aimer l’effeuillage. « On impose au raisin d’être en plein soleil pour en revenir à la vendange en vert. Moins on en fait, meilleur cela signifie que l’on a obtenu. »
En terme de vinification, semble-t-il s’être lassé des conseils des consultants œnologues. « Les oeno ne m’apportent plus rien. Qui connaît mieux le vin que moi ? Je le goûte tous les jours. »
De poursuivre… « A l’époque actuelle on refuse tous défauts. Or, j’ai le souvenir d’un Château Montrose qui était merveilleux. Il avait des petits défauts, pas de réelles précisions et pourtant merveilleux, ça, oui, il l’était ! »
Il évoque aussi la dégustation d’un Chinon 1947, et ses yeux en disent long sur l’émotion vécue. « Le chinon rouge de 1947 est grandiose. Et nos anciens, comment faisaient-ils ? Pas d’engrais, de vieilles barriques… Nous devons en tirer des leçons ! Me concernant, je crois qu’il faut que le produit soit vrai. »
Les Grézeaux, déjà en barrique
Une vivante odeur de cassis frais se dégage des Grézeaux, et la bouche confirme le fruit croquant de la cerise. Par la suite, la fraise fait son apparition mais se devine en confiserie.
La minéralité du vin joue aussi des correspondances; transport d’un joli fumé en odoration vers un côté graphité dans le maintien et des notes pharmaceutiques dans les longueurs, douceur en ultime ressort d’un camphré résiné. Une très belle structure d’ensemble grâce à un soutien ferme de tannins pourtant lissés, d’une belle densité de milieu de bouche que la rétention prolongée finit par assortir de goût de rose fanée et de litchi, et par des appointements justes des expressions acides qui relèvent l’ensemble pour accorder rémanence et fraîcheur.
Clos Guillot 09
Le nez soutient des senteurs d’écume de fruits.
La bouche présente quant à elle, gras, rondeur, sur des tannins policés mais tactiles.
Il est un goût de cerise, croquante et charnue, et une finale d’une belle souplesse, en raison d’acidités sous-jacentes, maîtrisées, pour des expressions tendues du vin.
Croix Boissée 2009
En barrique depuis trois semaines.
Un nez de fruits nets, de framboise en particulier, une dispersion florale, pure, de rose thé.
Les tannins sont d’une grande douceur et construisent une bouche d’une belle ampleur avec dans son milieu des amertumes, des accents graphités, des notes de réglisse… sur lesquels on finit frais. Puis il est une résurgence de la finale, qui vibre, qui chante, sur le fruit.
Isabelle