Non mais de quoi ça s'agit ? Depuis 2005, le romancier John Grisham a vu quatre de ses best-sellers bannis, et des ouvrages de Harold Robbins, James Patterson, Pat Conroy ou des Nobel Pablo Neruda et André Gide ont connu le même sort.
Attendez, ce n'est pas fini, la liste s'allonge : des lauréats du National Book Award, tels que Pete Dexter, Joyce Carol Oates, Annie Proulx et William T. Vollmann, ou encore des finalistes comme Katherine Dunn et Barry Hannah, sont également sur la liste noire du Texas. Quant aux prix Pulitzer Alice Walker, Robert Penn Warren et John Updike, ils n'ont pas été épargnés.
Éviter toute forme de provocation
En tout, près de 5000 ouvrages se sont fait refuser l'entrée des prisons de l'État au cours des cinq dernières années.
Allez, avant de vous en dire plus, sachez aussi que la littérature n'est pas seule mise à l'index, puisque des peintres ont subi les foudres des administrateurs pénitenciers : Vinci, Botticelli, Picasso et Michelange se sont aussi vu interdire l'accès aux prisons de l'État. Mais que se passe-t-il dans la tête de ces gens ?
« Nous devons protéger la sûreté et la sécurité de notre institution. Et ce qui peut ne pas être jugé comme provocateur par le grand public peut l'être en prison », explique Jason Clark, porte-parole. Une politique culturelle drastique, largement critiquée, en ce qu'elle peut entraver la réinsertion des détenus.
Une réinsertion plus complexe
Privés de lecture ou d'accès à un minimum syndical de culture, le temps doit leur paraître encore plus long - et selon Marc Levin, analyste pour la Texas Public Policy Foundation, il est clair que les prisonniers qui ne lisent pas rencontrent plus de difficultés à trouver un emploi à leur sortie de prison. « L'alphabétisation ou son absence est l'un des plus grands problèmes que nous rencontrons lors de la réinsertion. Les détenus qui désirent lire devraient avoir cette chance. »
La raison la plus souvent invoquée pour censurer ces ouvrages reste le sexe. Soit dans les images soit dans les mots, les oeuvres dérangent profondément pour ce qu'elles font appel à des sujets provocateurs, on l'aura compris. En outre, dans certains livres, on évoque des criminels, des organisations de vente d'armes ou de drogue, et les censeurs redoutent que les détenus ne fassent pas la part des choses entre fiction et réalité.
Autre argument avancé : les livres pourraient inciter les prisonniers à s'évader et leur donner des idées. Voltaire avait raison, la lecture est extrêmement nuisible.
Un commentaire vient alors à l'esprit : s'il était né à poil de nos jours, Jésus se serait probablement fait embarquer pour atteinte à la pudeur. Non ?