Après avoir sillonné le monde entier pendant une vingtaine d'années au sein du trio vocal Ulali, l'artiste amérindienne Pura Fé a récemment publié son second album solo, "Hold the rain", un disque d'émotion pure qu'elle présentera en concert à Cast (près de Châteaulin) le vendredi 23 novembre, dans le cadre des soirées Vaches Folks. Une belle opportunité d'entendre une chanteuse de blues vraiment exceptionnelle. Dans un entretien qu'elle nous a accordé le 10 octobre dernier, Pura Férevient sur son parcours et évoque la relation particulière qu'elle entretient avec le public français.
Titus - Pura Fé, vous êtes actuellement basée à Seattle, dans l'Etat de Washington, mais d'où êtes-vous réellement originaire ?
J'ai grandi à New York. Ma mère est en partie Indienne Tuscarora, qui est une tribu iroquoise qu'on retrouve en Caroline du Nord et en Virginie. Mais comme la plupart des Amérindiens aujourd'hui, nous comptons aussi des ancêtres noirs, écossais ou irlandais. Ce métissage remonte aux années d'esclavage. Mon père, quant à lui, est originaire de Porto-Rico, de mère indienne Taïno et de père corse.
Titus - Pura Fé, c'est un nom d'artiste choisi par vous ou le nom que vos parents vont ont donné ?
C'était le prénom d'une soeur de mon père. Quand elle est décédée, mes parents ont choisi de me donner son nom, qui veut dire "foi pure" en espagnol. Il est assez courant en Corse, d'avoir un prénom espagnol suivi d'un nom à consonance italienne. Voyez mon père : il s'appelait Juan Antonio Crescioni. Mon prénom complet est en fait Pura Fé Antonia.
La vidéo de "Let heaven show", extrait du second album solo de Pura Fé, où on la voit au côté de son guitariste fétiche Danny Godinez :
Titus - On vous sait très attachée à vos racines amérindiennes, à l'instar d'autres artistes qui ont tracé la voie, telle Buffy Sainte-Marie. Quelle est aujourd'hui la question qui vous tient le plus à coeur ?
L'environnement, sans aucun doute. Aujourd'hui, la préservation des ressources naturelles n'est plus seulement un enjeu amérindien. Le monde entier est concerné. Les guerres, la perte de nombreuses vies en sont une conséquence directe. Mais qui se préoccupe de ce que les Premières Nations ont à dire ? Au Canada, aux Etats-Unis et jusqu'à l'extrémité sud de l'Amérique, en Terre de feu, les Amérindiens n'ont pas souvent voix au chapitre. On nous a remisés au placard.
Titus - Quels artistes amérindiens ont compté dans votre parcours musical ?
Buffy Sainte-Marie, que j'écoute depuis que je suis toute petite, est sans doute celle qui m'a le plus marquée. Elle a joué un grand rôle dans mon éveil politique. Je suis tombée sur un ou deux disques d'elle dans une armoire appartenant à ma mère lorsque j'avais 8 ou 9 ans. A l'époque, à la fin des années soixante, son influence était vraiment considérable. Et plus tard, c'est devenu une amie. Elle représente beaucoup à mes yeux : c'est un modèle. A l'époque, je ne réalisais pas à quel point cela avait des vertus thérapeutiques... C'était l'elixir dont j'avais besoin. Il est fondamental que les jeunes Amérindiens puissent avoir une image positive d'eux-mêmes, de manière à pouvoir évacuer tout sentiment d'infériorité. Mais les jeunes s'identifient à ce qu'on leur montre à la télévision, et ce qu'ils voient est à l'opposé de ce qu'ils sont vraiment. On cherche avant tout à en faire des consommateurs, pas à leur apprendre qui ils sont...
Titus - On pourrait s'étonner qu'une artiste amérindienne ait choisi de chanter le blues, surtout au regard de vos années au sein du trio Ulali, dont le répertoire était plutôt traditionnel...
Quand les colons d'origine européenne se sont établis en Amérique, leurs premiers esclaves furent amérindiens. Par la suite, ils firent venir des Africains, et ces derniers ont travaillé très longtemps aux côtés des Amérindiens. Beaucoup d'esclaves noirs ayant réussi à s'enfuir ont pu trouver refuge au sein de tribus amérindiennes du sud des Etats-Unis. Le lien est donc très étroit entre Afro-Américains et Amérindiens, d'autant que de nombreuses unions ont été scellées entre ces deux communautés. La plupart des Afro-Américains aujourd'hui ont un peu de sang amérindien qui coule dans leurs veines. C'est peut-être une réflexion très amérindienne, mais je suis persuadée que nos ancêtres continuent de s'exprimer à travers leur descendance; nous avons mêlé nos traditions, nos cultures, notamment du point de vue musical.Quand on écoute la musique noire américaine, il est vrai qu'une influence africaine est perceptible, mais pas seulement. On peut aussi y déceler l'influence de musiques traditionnelles amérindiennes, en particulier des régions du sud. Mais c'est ainsi, l'Histoire de l'Amérique rend très rarement aux Amérindiens la part qui leur revient. Il en va de même au sujet du chemin de fer. En fait, les Tuscarora ont servi d'éclaireurs, jouant un rôle-clef dans le tracé du réseau ferré, du sud au nord des Etats-Unis. C'est pour cette raison, d'ailleurs, que beaucoup d'entre eux ont quitté la Caroline du Nord pour aller s'établir des deux côtés de la frontière canadienne, au sein d'autres tribus iroquoises. Ces tribus ont contribué au passage de nombreux esclaves en fuite vers le Canada.
L'un des grands succès internationaux du trio Ulali, "Mahk Jchi", qui apparut sur l'album culte de Robbie Robertson, "Music for the native Americans", en 1994 :
Titus - La musique était une tradition familiale, chez vous ?
Tout à fait. Ma mère a six soeurs, et elles sont toutes chanteuses. Ca peut paraître étrange mais nous en sommes à la quatrième génération de chanteuses, du côté de ma mère. Ma grand-mère et mon arrière-grand-mère avaient également six soeurs chacune. C'est sur le tard, lorsque nous sommes retournés nous établir en Caroline du Nord, que j'ai appris que nous appartenions au clan des cerfs...
Titus - De quoi s'agit-il exactement ?
Notre nation Tuscarora est divisée en sept clans matriarcaux : ceux de l'ours, de la tortue, du cerf, du loup, du serpent, de l'anguille et du castor. Dans vos traditions, c'est généralement le père qui transmet son nom aux enfants. Chez les Iroquois, l'appartenance à un clan se transmet de mère en fils ou de mère en fille. Mes enfants appartiennent donc au clan des cerfs. De plus, il est interdit de choisir son conjoint au sein du même clan.
Quelques belles images de Pura Fé au milieu de sa tribu Tuscarora, sur la chanson "Follow your heart's desire" :
Titus - Votre mère, Nanice, était donc une chanteuse...
Oui, elle a beaucoup tourné avec Duke Ellington quand j'étais très jeune. A l'époque, je n'y voyais rien d'exceptionnel. Lors des répétitions, je me souviens de dormir à même le sol et d'entendre jouer les musiciens. Le son était époustouflant. je me rappelle encore de certains anciens musiciens, qui avaient fait partie du groupe d'origine de Duke. Après avoir vécu ça, inutile de dire que le jazz fait aussi naturellement partie de moi. Ma mère n'était pas toutefois une chanteuse de jazz. Elle était chanteuse d'opéra. Duke Ellington avait besoin d'une chanteuse d'opéra pour interpréter ses compositions de musique sacrée, une autre facette de son art qui était surtout présentée dans les églises.
Titus - Sur votre second album solo, "Hold the rain", vous interprétez le fameux Summertime de Gershwin de manière vraiment éblouissante. Est-ce vrai qu'il s'agissait de l'une des chansons préférées de votre mère ?
C'est vrai. Je l'ai vue interpréter cette chanson sur scène à de très nombreuses reprises. Mais son interprétation était celle d'une chanteuse d'opéra, plus proche de la version d'origine, celle de "Porgy and Bess". Plusieurs s'imaginent que je la chante à cause de Janis Joplin. J'adore Janis mais je n'ai jamais aimé sa version de"Summertime". Beaucoup trop torturée à mon goût !
Titus - Comment avez-vous découvert la guitare "lap steel" (guitare slide qui se joue à plat sur les genoux), qui est en réalité un instrument d'origine hawaïenne ?
Je me souviens d'un chef de tribu Tuscarora, Leon, qui jouait du dobro. Beaucoup d'anciens en jouaient autrefois, et j'ai toujours adoré ça. Mais le déclic est survenu au festival folk d'Edmonton, où mon trio Ulali se représentait et où j'ai entendu Kelly Joe Phelps. Il m'a carrément envoûtée. Je me suis dit à l'époque que cet instrument me correspondait tout à fait. Je me suis donc acheté une guitare "lap steel". Je participais, de temps en temps, à des soirées "boeuf" organisées par Jackson Browne où nous nous retrouvions entre musiciens, notamment Bonnie Raitt et Ben Harper, pour jouer en acoustique. Ben jouait sur une guitare "lap steel" au manche élargi. C'est ce que j'utilise à présent : mes instruments sont faits sur mesure.
A Amiens, en mars 2007, avec Danny Godinez :
Pura fé
envoyé par 20100vince
Titus - Qu'est-ce qui vous a amenée à vous lancer en solo ?
Nous avions toutes les trois évolué et souhaitions faire d'autres choses. Il y avait tant d'idées chez chacune d'entre nous qu'il n'y avait plus assez de place au sein du groupe pour les mettre en oeuvre. Ma cousine Jennifer Kreisberg, qui était l'un des membres d'Ulali, a également entamé une carrière en solo. Elle vient d'ailleurs de remporter un prix Amy. J'ai prévu de l'inviter sur mon prochain album : elle est formidable. Ce troisième album sera plus traditionnel. J'ai l'intention d'inviter des musiciens indiens de régions très diverses...
Titus - Est-il vrai que vous aimez beaucoup les musiques du monde ?
Vous pouvez ressentir la présence des ancêtres dans les musiques traditionnelles. Vous entendez un air pour la première fois et celui-ci vous semble très familier. Et tout à coup votre corps se met à bouger en cadence... C'est ce que me fait le flamenco.
Titus - J'allais aussi évoquer le passage de musique tsigane dans la chanson "Hold the rain"...
J'avais commencé à écrire cette chanson il y a très longtemps, mais je l'ai terminée à Seattle. Elle est dédiée à la mémoire de mon père biologique, mort il y a deux ans et qui, comme je l'ai dit, était d'origine corse et avait un look très méditerranéen, très espagnol, très masculin. Quand j'étais petite, ma mère nous faisait écouter du flamenco. Ca me mettait dans tous mes états et je commençais aussitôt à danser. Je l'ai déjà dit tout à l'heure, mais je suis intimement convaincue que nos ancêtres sont très présents en chacun de nous. Je ressens au fond de moi la musique du monde entier... C'est là-dedans...
Titus - Ce second album est peut-être un peu moins engagé que le précédent, "Tuscarora Nation Blues". Sans doute plus intime dans les thèmes abordés ?
Je ne m'en suis rendu compte qu'à la fin du processus de création. Quand j'écris, les choses viennent toutes seules. Mais après coup, j'ai réalisé en effet que mes chansons, cette fois-ci, étaient sans aucun doute plus personnelles. Ca n'est jamais simple d'écrire sur des sujets politiques. Il faut bien peser ses mots de façon à s'approcher le plus possible du message qu'on veut faire passer. Parce qu'il faut pouvoir être fier, ensuite, de ce qu'on a écrit. Parler pour parler m'importe peu.
Un extrait d'interview avec Pura Fé, proposé en bonus sur son album "Hold the rain" :
Titus - L'album débute et s'achève sur un hymne traditionnel amérindien absolument magnifique, "My people, my land". Quand l'avez-vous écrit ?
J'ai composé ce morceau il y a de nombreuses années. Ce devait être un hymne pour les Premières nations des états de Virginie et de Caroline parce que ces tribus sont toutes reliées. Je me suis dit qu'il pourrait être intéressant d'avoir une chanson qui puisse servir de trait d'union entre nous. Nous l'avons enregistrée en 1996, en Caroline du Nord, et des chanteurs issus de plusieurs tribus y ont pris part, les Tuscarora, Mohawk, Occaneechee-Saponi, Seneca, Chikahominy, Coharie, Cherokee, Matamuskeet, etc.
Titus - En dehors de ce morceau traditionnel, l'album est très acoustique d'un bout à l'autre. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur les musiciens qui ont pris part à l'enregistrement ?
Il y a notamment Farko Dosumov, un bassiste originaire d'Ouzbékistan dont l'histoire est assez extraordinaire. Il vivait en Russie et a gagné un billet d'avion pour les Etats-Unis. C'est un fabuleux musicien et un ingénieur du son prodigieux. J'ai d'ailleurs bien l'intention de le conserver comme ingénieur du son jusqu'à la fin de mes jours... (Rires) Le batteur, George Aragon, vit à Seattle mais est originaire des Philippines. Il y a eu aussi la rencontre magique avec Danny Godinez. Il était venu me voir en spectacle avec Ulali au festival Womad de Seattle, et un ami que nous avons en commun nous a présentés. Plus tard, il a proposé de me ramener à la maison et m'a demandé s'il pouvait emporter sa guitare. Quand il a commencé à jouer pour moi, j'en ai perdu la voix. A l'époque, je m'apprêtais à effectuer un voyage en Californie pour recruter un guitariste. Après avoir entendu Danny, je lui ai dit qu'il n'en était plus question et que je souhaitais faire un album avec lui. Enfin, il y a Joe Raven au piano. Il m'a accueillie dans sa maison lorsque j'ai déménagé à Seattle. Il venait de perdre sa femme et passait beaucoup de temps à jouer du piano dans la cave. Je ne l'avais jamais entendu jouer et lui ai demandé, un jour, s'il acceptait que je l'écoute. Il m'a joué une ballade qu'il avait écrite pour sa femme et qui m'a littéralement bouleversée. Je lui ai demandé ce qu'il comptait en faire. Comme il ne savait pas, je lui ai proposé de l'interpréter sur mon nouvel album. C'est ainsi que la chanson "Quiet moments" s'est retrouvée sur l'album. Joe est un type fantastique et un merveilleux compositeur.
Titus - Pourquoi avoir décidé d'enregistrer une nouvelle version de la chanson "Follow your heart's desire", qui figurait déjà sur votre premier album ?
J'ai écrit cette chanson à l'origine sur un piano. Je ne jouais pas encore de la guitare à l'époque. A présent, comme j'ai abandonné le piano, je me suis dit qu'une orchestration nouvelle serait la bienvenue afin de pouvoir la jouer à la guitare en tournée.
Pura Fé jouant sur sa fameuse guitare "lap steel" :
Pura fe
envoyé par soupiropont
Titus - Combien de temps vous a-t-il fallu pour compléter cet enregistrement ? Environ un an ?
Oui, parce que tout n'a pas été enregistré d'un seul trait. Si on avait compté les jours, je pense qu'on serait arrivé à environ deux mois d'enregistrement proprement dit.
Titus - Vous interprétez un superbe duo avec Eric Bibb, "People you love". Comment vous êtes-vous rencontrés ?
C'était une idée de Philippe Langlois, de Dixiefrog, qui distribue mes disques en France. Je connaissais Eric; je l'avais rencontré il y a plusieurs années en Australie. Il m'avait demandé à l'époque si je connaissais James McBride, quelqu'un avec qui il avait grandi et que je connaissais également pour avoir travaillé avec lui pendant des années. Nous avions donc un vieil ami en commun. Plus récemment, Philippe l'a amené à l'un de mes concerts au Lionel Hampton jazz club. Eric a beaucoup aimé le show et m'a demandé si je voulais travailler avec lui. J'étais ravie car c'est l'un de mes chanteurs préférés. C'est comme le bon vin, c'est comme ça que je le décris. Et Eric a donc écrit une chanson pour mon album, "People you love"
Titus - Vous avez dit à plusieurs reprises que le public français vous avait d'emblée réservé très bon accueil. Commen l'expliquez-vous ?
Le public français semble comprendre ma musique, mes histoires, et c'est vrai que je me sens toujours la bienvenue ici. Ce n'est peut-être pas le cas pour tout le monde, mais pour moi, ça l'est (rires). Je dirais que ça se passe même mieux pour moi en France qu'aux Etats-Unis. J'en suis très reconnaissante. Le public français aime la musique et se montre toujours très respectueux de l'art en général. Un artiste m'a dit un jour qu'en Europe, la musique est une nécessité, tandis qu'aux Etats-Unis, c'est un luxe. Je crois qu'il y a du vrai là-dedans. Aux Etats-Unis, tout est si orienté business qu'on finit par sacrifier la culture sur l'autel de l'art. La raison pour laquelle j'aime autant venir en France est que je peux vraiment m'épanouir, ici, en tant qu'artiste.
Titus - Mais l'accueil doit être tout de même plutôt bon au sein des communautés amérindiennes, non ?
Ca prend un peu de temps parce que je ne fais pas du tout la même chose que du temps d'Ulali. Ce n'est donc pas surprenant que les gens soient un peu déboussolés. Certains n'ont sans doute pas encore réalisé que j'évoluais en solo désormais. Parfois, le public amérindien peut être assez long à la détente. Peut-être qu'il m'en veut un peu, aussi, d'avoir mis un terme à l'histoire d'Ulali. Ca va donc prendre un peu de temps pour s'habituer à ce que je fais aujourd'hui. Mais les choses commencent à bouger. Les communautés amérindiennes du Nord-Ouest, où je suis maintenant établie, m'accueillent déjà plutôt bien.
Titus - Vous êtes attendue à Cast le 23 novembre et à Brest, en showcase, le 24 novembre. S'agira-t-il de votre première visite en Bretagne ?
Je ne m'y suis jamais représentée en concert. Mais je suis venue une fois en Bretagne pour enregistrer une chanson avec Alexandre Kinn pour son nouvel album. Ca semble une très belle région et j'ai hâte de venir y jouer. Je viendrai avec Danny Godinez et nous serons donc deux sur scène. C'est bien suffisant, vous pouvez me croire...
Pura Fé a récemment enregistré en Bretagne un duo avec Alexandre Kinn ; cette journée en images :
Une journée avec Pura Fé
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PROPOS RECUEILLIS ET TRADUITS DE L'AMERICAIN PAR TITUS @2007
Pura Fé, en concert à la salle polyvalente de Cast, le vendredi 23 novembre, à 21 h. Il est prudent de réserver sa place au 02.98.73.54.34. (mairie de Cast) ; entrée : 12 €. Showcase à Dialogues musiques, Brest, le samedi 24 novembre, à 18 h.