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Visite du domaine Didier Dagueneau, Pouilly-Fumé

Par Maigremont

Quelques échanges de mails, une envie de se rencontrer avec quelques intervenants de LPV et nous nous retrouvons en moins de temps qu'il n'en faut dans la région de Sancerre/Pouilly-Fumé. Venants des 3 coins de la France (Paris/Haute-Normandie, Touraine, région PACA), 18 passionnés se sont retrouvés pour en découdre avec le Sauvignon mur (important) ainsi que le Pinot Noir pour une tournée chez les tous meilleurs producteurs de cette région de la Loire.

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Pour cette première étape de ce périple viticole, le rendez-vous est donné à St Andelain, village paisible qui abrite le  domaine phare de l'AOC Pouilly-Fumé : Didier Dagueneau.

Le domaine couvre aujourd'hui 12 hectares, tous situés autour du domaine pour l'appellation Pouilly-Fumé. Il exploite également 3 hectares de vignes en Jurançon. Nous sommes accueillis par Charlotte, fille de Didier. A notre arrivée, j'ai la sensation d'être dans un lieu chargé d'histoire...

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Les inscriptions, les repères, les témoignages sont nombreux. Nous aurons souvent l'illustration durant la visite des chais et de la partie vinification, que Didier Dagueneau était un sacré personnage !
A la mort tragique de Didier Dagueneau, les enfants (Charlotte et Benjamin) ont du reprendre prématurément les rênes de ce domaine mondialement connu et reconnu.

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Une personne pour chaque hectare du domaine, soit 12 personnes à plein temps, s'occupent de la vigne, de la vinification, des traitements, de la commercialisation et vente. La densité de plantation est d'environ 6000 pieds à l'hectare. Après levurage, les blancs fermentent en fût et y séjournent environ un an sauf pour Blanc Fumé de Pouilly qui est élevé en cuve inox. 1 cuvée = 1 terroir.
2008 est un tout petit millésime pour le domaine, puisque toutes les parcelles exceptées "Pure Sang" ont subit la grêle à hauteur de 70 % environ de la surface.

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Charlotte Dagueneau

Nous nous rendons à la cuverie, où Charlotte nous demande d'approcher notre verre près de la cuve de :
Pouilly-Fumé 2008, Blanc Fumé de Pouilly : il sera mis en bouteille dans 4 jours. Les vignes de cette cuvée reposent sur des sols d'argiles à silex et de marnes. C'est l'entrée de gamme, mais le vin montre déjà une belle richesse. C'est vif, tonique, droit et remplit la bouche sur un registre d'agrumes. Longueur plus que convenable.

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Pouilly-Fumé 2008, Pur Sang (en bouteille depuis une semaine) : parcelle de petits silex. Plus glycériné que le Blanc Fumé, il conjugue également plus de finesse et les formes s'arrondissent. Encore un joli volume en bouche. Vin plein et minéral.

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Pouilly-Fumé 2008, Buisson-Renard : parcelle grêlée à 70 %. 17 hl/ha de rendements, les moûts sont concentrés et la richesse dérive sur un degré alcoolique plus élevé qu'à l'habitude. L'aromatique s'en ressent également sur une registre clairement exotique (ananas, mangue). La bouche est riche, presque granuleuse et affiche une acidité assez élevée. Beaucoup de jus la dedans ! Certainement le plus extraverti de tous les vins dégustés.

Sancerre 2008, Les Monts Damnés : situées sur la fameuse parcelles des Monts Damnés à Chavignol, les vignes ont été plantées en 2003. Exubérant, gras, riche et profond, il déborde de dynamisme. Comment un vin aussi jeune peut-il s'affirmer avec autant d'énergie ? La seule chose qu'il lui manque peut-être, serait un peu plus de jus de caillou (lisez minéralité). Ce qui semble normal pour des vignes qui n'ont seulement que 5 ans (au moins pour le jus contenu dans cette bouteille) !

Pouilly-Fumé 2008, Silex : pas encore perturbé par la mise en bouteille la veille, le vin affirme visiblement son terroir  (fumé). Mais le nez paraît plus complexe qu'il n'y parait avec des senteurs de buis et un côté salin qui s'extirpe. En bouche par contre, la mise récente impose une certaine retenue et une acidité débordante. A revoir.

Jurançon 2008, les Jardins de Babylone : au nez, ce sont les arômes de thé vert, d'abricot sec et de miel. Pour tout dire, j'attendais bien plus de ce 100% Petit Manseng qui m'a étonné par sa légèreté et sa concentration plutôt discrète. Serais-je passé à côté, car pas mal de copains l'ont apprécié ce jour là.

Charlotte nous fais visiter la salle où arrive la récolte puis la vinification.

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Ici, un palan qui élève les caisses de raisin et
qui les déverse dans le pressoir situé à l'aplomb

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Le pressoir écoule le jus qui est entonné au niveau inférieur

Justement, nous y descendons au sous-sol. C'est le regroupement de l'ensemble des cuvées élevées dans divers volumes de bois : 300 litres, demi-muids, cigare, 600 litres...

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Charlotte Dagueneau nous apprend que son frère cherche à greffer les meilleures essences d'arbres pour faire les futurs fûts du domaine. Ce ne sont que des essais pour le moment.

La minéralité est une perception/sensation qui se décline sous plusieurs aspects. Pour nous en rendre compte, le groupe part dans les vignes, toujours accompagné de Charlotte.
Les vignes sont très belles, certainement les seules du coin à être travaillées en cette fin avril.

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Ici, la parcelle de "Silex" facilement reconnaissable

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Là, un vieux pied de Sauvignon Blanc

 

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Le fameux clos du Calvaire, arraché en
2008 et qui sera peut-être replanté en 2011

Voilà pour le tour des installations et la dégustation des vins. Merci au domaine et plus particulièrement à Charlotte pour l'immense temps qu'elle nous a accordé (3 heures et 1/2). On sait d'autant plus que le domaine est sollicité et qu'il n'est pas facile de déplacer et d'occuper un groupe de 18 personnes !

Mais je ne pourrai pas terminer ce compte rendu sans me poser quelques questions et notamment une qui me taraude l'esprit plus que tout : le prix des vins. Ils sont bons, mais valent-ils réellement leur prix ? Blanc Fumé 32 €, Pur Sang 42, Buisson Renard 47, Silex 59, Sancerre Monts-Damnés 58 et le Jurançon 69 € les 50 cl ! Astéroïde à 470 € mais nous n'y avons pas goûté.
A cela, je tenterai de donner quelques éléments rationnels, observés et éléments mentionnés par Charlotte Dagueneau : on nous annonce 12 personnes qui travaillent sur un domaine conventionnel de 12 hectares (qui ne revendique pas le bio). Des installations flambants neuves dans un environnement aseptisé, du matériel de transfert (pompes, raccords, ligne d'embouteillage...) qui à son importance certes, mais dont le standard semble dépasser tout les moyens du bon sens vigneron. Des chais de vinification et de vieillissement thermo-régulés, une abondance de matériel qui n'est pas utilisé et qui dort dans le hangar. Oui, tout cela a un coût et forcément, il s'en ressent dans le prix final. Alors OUI, mon sentiment sur le rapport qualité/prix des vins reste mitigé ! A ce jour, je ne suis pas prêt à "investir" la somme ci-dessus dans de tels vins.


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