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Au cinéma cette semaine : libido zéro

Publié le 13 mai 2010 par Petistspavs

J'ai un problème avec cette semaine ciné : comme une absence de désir.

Sauf musicalement, grâce au "culte" (vous avouerez, fidèles visiteurs/teuses que j'emploie peu ce qualificatif totalement démonétisé par l'abus qui en est fait) Memo from Turner, du film Performance, le seul dont j'ai envie de vous entretenir cette semaine.

Le film suédois, peut-être (Adieu, Falkenberg), sa promesse d'une certaine vacuité adolescente, "l'écoulement du temps, de la mer sur les corps des garçons" évoqué par Le Monde, la sensualité, l'absence apparente de sexualité, l'immaturité d'un cinéaste proche de son sujet (5 grands ados un peu mollasses, comme sont les garçons aujourd'hui... Bof, quand même).

Le cinéma fait preuve d'un grand sens de l'innovation en ce moment, cette semaine en particulier, avec un Don Giovanni de Carlos Saura (nous avions un magnifique Don Giovanni de Joseph Losey, en 1979, avec Kiri Te Kanawa, Ruggero Raimondi, Jose van Dam entre autres, mais j'imagine que ça ne le faisait plus...), un Robin des bois (un 38ème vengeur à la houpette ?), il fallait y penser, un Don Quichotte, cette fois en dessin animé, ce qui veut dire en images de synthèse. Enfin, un cauchemar dans Elm Street, avec un Freddy Krueger auquel il ne manque pas un trou du pull. Que des idées nouvelles, en somme. L'imagination au pouvoir. J'aimerais développer ce thème une autre fois.
 

LES CINEASTES AVEC ROMAN POLANSKI

Roman_Polanski_cannes

A la veille de l’ouverture du festival de Cannes, des réalisateurs "nominés" ont décidé de signer une pétition en faveur du réalisateur Ro man Polanski, à l'initiative de Bernard-Henri Lévy et Jean-Luc Godard.

En voici le texte :

Les soussignés ont pris connaissance avec stupeur des nouveaux éléments d’information apportés par Roman Polanski dans le texte publié, dimanche dernier, 2 mai, sur le site en ligne de la revue La Règle du Jeu, dirigée par Bernard-Henri Lévy. Ils ont pris connaissance, en particulier, de l’existence de cette pièce essentielle, mais étrangement tenue sous scellés par la justice américaine, qu’est la déposition où, le 26 février dernier, l’ancien District Attorney Roger Gunson affirmait sous serment que Roman Polanski a exécuté, il y a 33 ans, au pénitencier de Chino, l’intégralité de la peine décidée par le juge de l’époque (avant que celui-ci, sous la pression de l’opinion, ne se dédise et ne change brutalement d’avis). Conscients de ce que le Festival, où ils seront cette année présents, doit à ce grand absent qu’est l’auteur du “Pianiste”, conscients aussi de quelques règles de droit élémentaires telle l’impossibilité de juger et de condamner un homme deux fois pour le même délit, conscients, enfin, de ce que la demande d’extradition formulée par les États-Unis est fondée sur un mensonge, ils en appellent aux autorités helvétiques en les adjurant de ne pas croire sur parole le gouverneur Schwarzenegger et ses procureurs.

Les premiers signataires sont :
Jean-Luc Godard
Mathieu Amalric
Xavier Beauvois
Agnès Varda
Bertrand Tavernier
Olivier Assayas
Jean-Stéphane Bron
Patricio Guzman
Jean Paul Civeyrac
Katell Quillévéré
Cristi Puiu
Louis Garrel

Interrogé par Nicolas Demorant (France inter) sur la raison de sa signature, Olivier Assayas a, notamment, répondu que, égoïstement, il avait hâte que Polanski puisse se remettre au travail et nous montrer son prochain film. J'adhère totalement à cette argumentation.

De son côté, l'Académie des Beaux-Arts apporte son soutien au cinéaste.

Son communiqué :

«Les membres de l’académie des Beaux-Arts ressentent une émotion pénible en apprenant dans quelle détresse leur confrère Roman Polanski est plongé par la prolongation de son internement. La peine initialement prévue ayant de toute manière été purgée il y a plus de trente ans, on voit mal pour quelles raisons l’exigence d’extradition est maintenue. Des signes de grave dépression commencent à paraître assez inquiétants pour qu’une libération rapide soit nécessaire.»

Académie des Beaux-Arts

Le Festival, en tant qu'institution, a par ailleurs souhaité montrer sa solidarité et sa proximité avec Jafar Panahi, arrêté début début mars et emprisonné à Téhéran. Les autorités de la République islamique l'accusent d'avoir "préparé un film contre le régime portant sur les événements post-électoraux", en référence aux manifestations après la réélection contestée du président Ahmadinejad en juin 2009. En somme, il est accusé d'un "crime" qu'il n'a pas (encore) commis. Ca ne vous rappelle rien ? Minority report de Spielberg avec Tom Cruise, inspiré d'une nouvelle de Philip K. Dick. Philip Dick l'a imaginé. Les fous de dieu l'ont réalisé.

REPRISE

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Performance
film anglais de Nicholas Roeg et Donald Cammell (1968-1969, 1h46)
scénaristes : Donald Cammell et Anita Pallenberg
directeur de la photographie : Nicolas Roeg
compositeurs : Ry Cooder, Jack Nitzsche, Randy Newman, Buffy Sainte-Marie
avec : James Fox, Mick Jagger, Anita Pallenberg, Michèle Breton
distributeur : Splendor Films

Jagger débutait au cinéma, sa petite copine Pallenberg également, si l'on excepte One + One de Jean-Luc Godard dans lequel les amants les plus sulfureux du Swinging London interprétaient leur propre personnage public (pour les personnages privés, ce n'est pas sur pellicule). Nicolas Roeg, pour le situer, réalisait avec Performance son premier film, après avoir travaillé pour David Lean et François Truffaut. Quelque temps plus tard, Il allait donner une chance de démarrer une carrière d'acteur à David Bowie, dans l'étrange L'Homme qui venait d'ailleurs (The Man Who Fell to Earth), film dans lequel Ziggy interprétait un véritable extraterrestre.

Je n'ai pas revu Performance et je me sens incapable de donner un avis personnel, sauf un : le cinéma nous accorde parfois le privilège de vivre ou revivre des moments où l'histoire s'accélère ou devient folle. La bande-annonce de Performance nous montre un peu ça, une sorte de vision stroboscopique d'une époque étonnante, dont on n'aurait pas l'idée de ce côté-ci du temps, tant elle fut épique, chercheuse d'autre chose, insatisfaite d'elle-même, prête à toutes les expériences et à toutes les excentricités pour inventer un ailleurs.

Je suis sûr que le saut temporel et culturel qui agitera le spectateur de Performance sera plus dépaysant que la ènième facétie de Freddy aux doigts d'acier ou de la surabondante apparition de l'archer aux collants verts...

La bande-annonce me semble donner un bon aperçu de cet objet étonnant :

L'IMAGE DE LA SEMAINE

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La beauté vénéneuse de Mick Jagger, plus sexy que jamais dans le rôle de Turner (Performamnce).

ON EST PAS DES CHARLOTS : LES CHAPLIN DU MOMENT

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Nuits d'ivresse printanière de Lou Ye

The ghost writer de Roman Polanski

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Mammuth de Gustave Kervern et Benoît Delépine

Soul Kitchen de Fatih Akim

A part Mammuth qui fait preuve d'une belle santé tranquille, les films proposés cette semaine semblent en fin de carrière. CLIQUER les titres pour connaître les séances (sur le site de Télérama, cette fois).

FOCUS

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CLIQUER l'image pour tout savoir

C'est un des plus beaux films de l'histoire, Vampyr ou l'étrange aventure de David Gray de Carl Theodor Dreyer (1932). Les liens étranges du rêve évanescent, de la nuit bruissant de la danse des ombres, de la mort qui n'est peut-être pas la fin. Oui, c'est à Vitry. Oui, mais c'est Vampyr. Pour les peti(e)s curieu(ses)x, une scène de Tetro est directement inspirée de scènes de Vampyr. Comme les ombres, les chefs d'oeuvre du cinéma ne doivent pas effrayer. Le seul risque est celui d'y prendre plaisir. La musique d'Ozma peut ajouter une dimension moderniste intéressante à ce film peu bavard, qui emprunte au cinéma muet sa grande force expressive.


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