Laurent Bourdon : Chabrol se met à table.
Le plus hitchcockien de nos réalisateurs, Claude Chabrol, fête aujourd’hui même ses 80 ans. De nombreuses chaînes de télévision lui rendent hommage, dont Arte qui diffuse plusieurs de ses films à cette occasion. Betty, avec une Marie Trintignant autodestructrice, vient clôturer ce cycle ce soir. En plus de 50 ans de carrière et près de 60 long-métrages, Claude Chabrol a déroulé une œuvre personnelle et cohérente, et cela dès ses tous premiers films. L’ambiance « chabroliennne » se reconnait entre mille, avec son atmosphère pesante, faite de non-dits et d’hypocrisie, dans laquelle se meut péniblement toute une petite bourgeoisie provinciale. Mais que l’on ne taxe pas Chabrol de parisianisme, lui-même a vécu une partie de son enfance dans un bourg creusois, Sardent, où il découvrira le cinéma et tournera plus tard Le Beau Serge.
« C’est tout simple : si les personnages de mes films ne mangent pas, ils meurent ! »
Le regard souvent froid et féroce que Claude Chabrol porte sur ses contemporains ne doit pas non plus nous faire oublier qu’il est à la ville un bon vivant. Laurent Bourdon a su le mettre à table et concocter cet ouvrage farci d'anecdotes truculentes, révélant l’œuvre du cinéaste côté cuisine. Il saura ravir les cinéphiles comme les amoureux de bonne chère. Chaque film bénéficie en effet d’une fiche technique et d’informations détaillées. Du pâté de la mère Chaunier dans Le Beau Serge à la pintade au chou de Bellamy, les scènes où il est question de nourriture sont analysées plus finement. Et pour que vous ne râliez pas comme Charles Denner devant son hachis Parmentier dans Landru, ou comme Jean Yanne face à son ragoût de mouton dans Que la Bête Meure, il vous propose également 25 recettes de plats apparaissant dans les films.
Que la Bête Meure, 1969, avec Michel Duchaussoy, Jean Yanne, Caroline Cellier, Anouk Ferjac, …Chabrol se met à table. Laurent Bourdon. Préface de Jean-Luc Petitrenaud. 192 pages. Editions Larousse. 2009. 17 €.