« Même si je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, je me battrai pour que vous puissiez le dire » (Voltaire)
Et comme aujourd’hui, grève nationale oblige, le service public via la radio nous assassine à grands coups de larsen strident (je pléonasmise exprès, d’abord j’ai deux oreilles, ça méritait bien deux désignations). j’ai décidé de me retrancher dans ma cuisine, sur fond musical de la radio locale qui, elle, a pris le parti de passer une bande enregistrée, avec de temps en temps un petit mot d’excuses pour la modification des programmes.
A minima, RFO aurait pu faire de même, si je comprends et adhère à ce cri que nous espérons le plus unanime possible pour des retraites préservées à un âge décent, si c’était encore rendre un trop grand service au public que de passer de la musique, une annonce en boucle pour expliquer les raisons du silence radiophonique m’eut paru opportune.
L’information n’allant pas de soi pour tout le monde ou le réveil matinal étant plus difficile pour certains éberlués, cela aurait évité à beaucoup ; au mieux, d’avoir à démonter entièrement sa radio pour voir d’où venait le problème, au pire, de l’éclater à grands coups de masse et avec forces jurons pour ne pas avoir joué son rôle de réveil matin.
J’apprécie donc, le respect des auditeurs surtout que ces derniers, dont moi, allons être obligés de travailler jusqu’à 70 ans et mieux vaut prévoir dès maintenant de rester en pleine possession de nos moyens. En tout cas, merci à la radio locale de penser à préserver nos tympans et à nous offrir un service minimum pour pallier à nos émissions matinales.
Et à propos, de radio, de grève et de liberté, juste un petit mot pour signaler le licenciement de deux chroniqueurs humoristes sur France Inter. On peut penser ce qu’on veut de leur humour, de leurs impertinences, de leurs éventuelles grossièretés, je ne les écoutais pas tous les jours, mais ils me faisaient souvent rire. Si ce n’est pas eux qui nous tenaient au courant de l’actualité, au moins surfaient-ils dessus pour nous faire oublier les jours gris, le coût de la vie et le chômage en augmentation, pour nous offrir les rares choses gratuites en ce bas monde et les jours moroses : la bonne humeur et le rire.
On peut revenir rapidement sur les propos des dirigeants de Radio France, Philippe Val et Jean-Luc Hees, « Je ne suis pas Raymond Domenech », dit Hees. Pourtant, ses choix risquent de ne pas s’avérer plus heureux en ce qui concerne la grille de programme de la radio, on connaît du moins le résultat pour l’équipe de France.
Le même ajoute : « L’humour ne doit pas être confisqué par de petits tyrans« , j’ai du lire la phrase plusieurs fois, dans plusieurs journaux pensant à une coquille et qu’elle avait été dite par Stéphane Guillon dont l’humour vient justement d’être confisqué par un Ubu radiophonique aux allures de tyran qui déclarait pourtant un an plus tôt, « c’est un garçon qui a beaucoup de talent, que je ne mettrai pas à la porte, mais pas simplement pour montrer mon indépendance ou ma liberté, ça n’a rien à voir. Je pense qu’il a du talent et que cette antenne a besoin de talent ».
Stéphane en un an, tu as perdu, ton humour, ton talent et ton boulot. Et même si on pouvait juger cet humour de mauvais goût, il s’agit au passage de liberté d’expression si chèrement acquise dans notre belle république.
Monsieur Hees nous apprend également : « je n’ai pas de tutelle, mais un actionnaire qui est l’Etat ». Ah !! Il me semblait que Radio France était un service public, financé pour beaucoup par nos redevances et donc au service du public mais il est vrai que cette conception devient désuète et dépassée, maintenant lorsqu’une entreprise appartient à l’état, il en est l’actionnaire majoritaire et total, on voit où ça mène.
Au demeurant, JLH (directeur de France Inter à ce moment) déclarait en 2000, « nous fonctionnons avec l’argent du contribuable » (l’Humanité, 05/05/2000). Dans la même interview, il déclare, « je n’ai jamais demandé la peau d’un mec en fonction des résultats électoraux du pays. C’est une affaire de principe ».
Si Monsieur S est un homme de radio respecté, au moment où il dirigeait France Inter, il a eu à essuyer quelques couacs en matière de management en faisant un peu de ménage arbitraire avant d’être lui-même évincé en 2004. Il a raison S. Guillon, « les enfants battus, battent à leur tour »
Depuis mis à la tête de Radio France par le président Sarkozy qui a trouvé en l’animateur de radio, un journaliste « ni de droite ni de gauche », il a bien changé dit Guy Carlier. Quant à P. Val, ami personnel de Carla, ancien actionnaire de Charlie-Hebdo, rédacteur en chef, puis en 2004 directeur de la rédaction, il a également collaboré à divers journaux et radios dont Libération et France Inter. De changement de casquettes, en girouettes, et de menus services en renvois d’ascenseurs, il fait maintenant équipe avec JLH et l’aide à faire le ménage.
Tout le monde a le droit de changer d’avis et de ranger ses principes au placard. Comme le dit Stéphane Guillon dans sa dernière chronique : « liquidation totale des humoristes… tout doit disparaître… France Inter, écoutez l’indifférence ».
Un autre argument de poids avancé pour expliquer le limogeage de l’humoriste « Je considère que cette tranche d’humour est un échec. Elle a montré une grande misère intellectuelle, dont je ne m’accommode pas. »
Effectivement, il y a deux ans, le vendredi matin, en lieu et place de François Morel, officiait un journaliste qui se croyait drôle tout en se piquant de morale politique et de philosophie, et proférait quelques platitudes. Comment s’appelait-il déjà ? Ah oui : Philippe Val ! (Commentaire d’un auditeur anonyme)…et qu’on ne parle pas d’excès, d’insultes ou de vulgarité : Charlie Hebdo, étant un journal bien connu pour ses propos pondérés et légers et monsieur Val du temps où il y a exercé ses talents d’autodidacte, auto proclamé philosophe était bien connu pour la violence et la grossièreté de ses invectives, surtout par rapport au gouvernement….
JLH persiste et signe, « Il n’y aura pas de changement d’horaire ni de remplaçants. Ce qui ne fait pas rire à 7 h 55 ne me fera pas plus rire à 3 heures du matin. » Dommage, si le patron ne riait pas, ils étaient deux millions d’auditeurs à le faire et ne se plaignaient pas des chroniques des deux journalistes évincés.
Et dans un pays libre, on peut éteindre son poste, choisir ses émissions et accorder aux humoristes le droit à l’ironie et à l’outrance puisqu’on n’est pas obligé de les écouter du tout ni jusqu’au bout et s’Ils fustigent l’actualité et s’en font les acteurs-rapporteurs moqueurs, ils n’en sont pas les auteurs.
Terminons sur quelques définitions comme liberté et liberté d’expression, avec en rappel ceux qui se sont battus pour elles et pourquoi il est important de les préserver :
Liberté
Elle est l’état d’une personne ou d’un peuple qui ne subit pas de contraintes, de soumissions, de servitudes exercées par une autre personne, par un pouvoir tyrannique ou par une puissance étrangère. C’est aussi l’état d’une personne qui n’est ni prisonnière ni sous la dépendance de quelqu’un.
La liberté peut être définie de manière positive comme l’autonomie et la spontanéité d’une personne douée de raison. La liberté est la possibilité de pouvoir agir selon sa propre volonté, dans le cadre d’un système politique ou social, dans la mesure où l’on ne porte pas atteinte aux droits des autres et à la sécurité publique.
Liberté d’expression
Elle est citée à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme comme suit :
« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »
De même, aux articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. », article 10, proposé par Louis de Castellane (1758-1837, emprisonné sous la Terreur) et Jean-Baptiste Gobel (1727 – mort guillotiné le 13 avril 1794).
« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. », article 11, proposé par le duc Louis-Alexandre de La Rochefoucauld d’Enville (1743 – tué le 4 septembre 1792 par des volontaires qui faisaient la chasse aux aristocrates). »
L’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (qui s’adresse à tous les États membres du Conseil de l’Europe, beaucoup plus large que l’Union européenne) dispose :
« 1. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n’empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d’autorisations. »
« 2. L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire. »
Jurisprudence (Cour européenne des droits de l’homme, 21 janvier 1999, no 29183/95, Fressoz et Roire c. France) :
« La liberté d’expression vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent : ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels, il n’est pas de « société démocratique ».
Et juste pour rire :
La diffamation est un concept juridique désignant le fait de tenir des propos portant atteinte à l’honneur ou la réputation d’une personne physique ou morale. La plupart du temps il ne peut y avoir de diffamation que si l’accusation est appuyée par des contre-vérités.
Ce type d’infraction existe depuis le droit romain. Le délit de diffamation peut être rapproché du droit à la vie privée, qui est équilibré avec le respect du droit à la liberté d’expression.
Les gouvernements qui abusent des procédures de diffamation sont accusés de manier celle-ci comme moyen de censure.
(Source : La toupie, Wikipédia, Larousse)
Et dans un souci de pluralisme allant de paire avec la liberté des uns et des autres, vous pouvez signer la pétition pour le licenciement de Stéphane Guillon : http://www.virez-guillon.org/ même si c’est déjà fait, on a le droit de se faire plaisir ou adhérez au groupe Facebook « trop contents, Hees tu as trop bien fait ! ».
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