La soirée est un peu un saut dans l'inconnu. Je vais rencontrer une personne que je n'ai jamais vue, juste "croisée" sur mon forum de vin préféré, et avec qui j'ai échangé une heure au téléphone quelques jours plus tôt. Je me retrouve garé devant une superbe demeure bourgeoise de Vaucresson, attendant que ce nouvel ami arrive (il travaille le samedi). Le truc un peu bizarre, c'est que je ne suis pas tous seul à attendre. Une autre personne fait le pied de grue devant la maison. Je n'ose l'interpeller. Finalement, une voiture arrive. Et nous nous dirigeons tous les deux vers son conducteur, qui fait les présentations : l'autre personne est un ancien sommelier qu'il voulait me faire connaître.
Il y a pas mal de choses à manger pour ce soir, mais il faut mettre la main à la pâte. No problem. Nous nous y mettons tous les 3. Et ça fonctionne plutôt bien. Avec l'ancien sommelier, je m'occupe de la première entrée pendant que Bernard s'occupe du saumon mariné et débouche les bouteilles de la soirée. Et voilà ce que donne notre première entrée :
Il y a des suprêmes de pomelos, de l'avocat, des crevettes assaisonnés d'une réduction de pomelos et de coriandre fraîche. C'est vraiment bon, et frais.
Le plat est accompagné d'un vin de table à base de Sauvignon (les Capriades de Pascal Potaire). Au départ, le nez n'est vraiment pas net et ne me rassure guère. Après une bonne aération, ce vin est une petite merveille. Un nez très floral, une bouche cristalline, longue et pure. Difficile d'imaginer que ça puisse être du Sauvignon. Un piège à dégustateur.
L'originalité du saumon mariné ne vient pas de la marinade (citron vert, huile d'olive, aneth) mais plutôt de la salicorne fraîche qui apporte un croquant et un goût iodé très sympa. Alors que cette plante en conserve n'a aucun intérêt, là, c'est vraiment chouette.
Le choix du vin est ici osé, voire casse-gueule. C'est un Arbois Pupillin d'Overnoy-Houillon. On ne peut pas dire que l'accord est parfait. Je verrais plus ça sur une saucisse de Morteau bien fumée ou un Comté de contrebande. Un vin pas vraiment ouillé, pas vraiment oxydé non plus. Plutôt interlope, quoi. Les amateurs du genre diront qu'il est vivant. Ses ennemis qu'il est flingué. Perso, j'accroche pas vraiment, même si je n'arrive pas à le détester totalement.
Cela faisait une éternité que je n'avais pas mangé de foie de veau. Je me suis régalé, d'autant que l'ajout du persil et de la coriandre est une idée de génie (bravo Bernard !).
Il faut être un peu archéologue pour deviner : c'est un Chinon 1989 de Philippe Alliet (dont j'ai bu le 2005 le midi-même !). L'accord avec le foie de veau est très réussi, car les tannins du vin sont fins et soyeux et les arômes tertaires vont bien avec le foie. A l'aveugle, je serais parti sur un Saint-Julien dans la force de l'âge, avec ce nez évoquant le cèdre, le sous-bois, la ronce. Et cette bouche élancée aux tannins parfaitement fondus, à la fois impérieuse et aérienne. J'aime vraiment beaucoup !
J'ai bu à plusieurs reprises des Passiti di Pantellaria, mais rien ne m'avait préparé au choc ressenti à la découverte de ce Bukkuram 1998. Le premier nez évoque le souk oriental, avec des arômes de rose de damas, de safran, de fleur d'oranger, de cannelle. Le tout d'une sensualité et d'une finesse rare. Idem en bouche où il n'y a aucune lourdeur. Le vin est beaucoup moins épais que le Ben Rye, par exemple. C'est onctueux sans être gras ou pâteux, et très élégant, avec une fraîcheur tonique apportée par une acidité impressionnante. Aucune lourdeur dans la finale très aromatique. A chaque fois que votre nez replonge dans le verre l'ambiance change. Une fois plus de dattes, une autre plus d'abricot. Puis du café... Magique!
Nous avons fini la soirée en écoutant une version orchestrale des Variations Goldberg en sirotant un vieil Armagnac, un havane à la main. Vers 1h du matin, j'ai commencé à songer à aller me coucher, car je ne devais pas partir trop tard le lendemain...
(to be continued)
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