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Salem | King Night

Publié le 25 septembre 2010 par Deschibresetdeslettres
Salem | King Night
Vous croyez quoi, qu'il me suffit d'un mot, d'une expression, pour que je bave et perde totalement raison ? Vous me parlez de "Witch House" et je devrais faire dans mon pantalon ? C'est trop facile. Ce serait comme retrouver Zooey Deschanel nue dans mon lit : la chose serait tellement pré-mâchée que je n'y croirais pas et que je la foutrais dehors. Dans ce zapping incessant de nouveaux courants musicaux, on invente donc encore un truc irrationnel qui devrait logiquement me mettre en transe : la « drag » music, principalement appelée "Witch House" ou "Haunted House". Et malgré ma passion dévorante pour les fantômes, les farfadets, les histoires de possession, de réincarnation et d'esprits malins, je trouve que c'est nul. Pourquoi premièrement faire appel à ces données ésotériques ? Les types ne sont en connexion avec aucun au-delà, et gare à eux si pour se donner un genre ils s'essaient au spiritisme : les esprits de quelques illustres musiciens se défouleraient avec vigueur sur leurs fausses pauses mystérieuses. Concrètement, on ne comprend  déjà pas très bien d'où sort cette imagerie. Le son de ce nouveau mouvement n'est ni particulièrement sombre, ni particulièrement angoissant, en tout cas pas plus que mille genres déjà parvenus à nos oreilles. Et quel intérêt autre que marketing – même un marketing inconscient – que de s'inventer si vite, avec si peu de matière un mouvement culturel. Car personne ne l'a fait pour eux : ils se sont auto-proclamés chefs de fil ou affiliés à cette Witch House fais-moi peur et ils surfent sur cette marque comme si Pitchfork les avait adoubés – alors qu'ils ne font que l'effort journaliste de transmettre l'information. On attendra pour condamner chaque groupe de cette mouvance, car par exemple les créateurs du concept, oOoOO, font pour l'instant une musique extrêmement belle et attirante. Par contre Salem, on peut leur en mettre plein la poire.4,5/5 sur Resident Advisor, la note d'un disque de l'année, c'est quoi ce délire ? King Night n'est pas une purge mais c'est un disque creux et mal exécuté qui ne tient qu'à une fausse bonne idée de départ : faire un bébé monstrueux entre hip-hop new school et shoegaze. Le produit de la rencontre est effectivement moche, mais pas du genre à exciter les gamins sur Rotten, non, c'est juste pas terrible et assez plat. Du mauvais rap qui plagie Rick Ross et Lil' Wayne et essaie de tirer sa progéniture vers My Bloody Valentine avec des synthés moches, des voix féminines inutiles et des effets de production clownesques – effet canard sur les lignes flow et saturation grossière des beats. En fait on dirait un split album entre Gucci Mane et M83, du genre bâclé en quelques jours en s'envoyant des fichiers par mail. J'y ai cru un instant, le temps d'un premier morceau éponyme qui pouvait faire son effet, mais après c'est la catastrophe. Il ne savent pas rapper, ne savent pas utiliser leurs synthés et en conclusion, on peut dire que le seul savoir-faire qu'ils possèdent, c'est un savoir-faire en com'. 2/10.
King Night sur Viméo.

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