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Rencontre avec Emmanuel Giboulot (3)- Des difficultés à s'investir dans la biodynamie...

Par Daniel Sériot

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* Q : On dit que la biodynamie viendrait des thèses de Rudolf Steiner : les ont-elles influencés ?

A ce moment-là, la biodynamie était beaucoup moins vulgarisée qu’aujourd’hui. A la limite c’était une dimension supplémentaire, qui était un peu plus « mystique ». Mon père ayant participé à des sessions, autour de la biodynamie, elle a été appliquée un peu sur sa ferme, puis j’en ai fait un petit peu dans les vignes à partir du moment où je me suis installé.

Mais je n’en ai pas fait de façon complète, je suis plutôt passé en bio directement. Dès ma première parcelle, je l’ai passée en bio, dès que j’obtenais une nouvelle parcelle, je la passais en bio.

Je n’ai jamais acheté un gramme de désherbant pour les vignes. Or, j’avais le sentiment que la biodynamie pouvait me permettre d’aller plus loin dans la relation au terroir, dans la relation au sol, et dans la profondeur des vins, quelque chose que je ne savais pas forcément définir mais qui me semblait être une étape supplémentaire dans la compréhension.

 Une énergie en vous que certains événements auraient alimentée ? et qui vous a poussé tout naturellement à parachever ce travail de biodynamie ?

Exactement, beaucoup de choses m’ont drainé…

D’abord, j’ai rencontré Nicolas Joly en 86 ou 87, pour la première fois. A l’occasion d’une conférence qu’il a organisée chez lui, dans son domaine, et à laquelle participait Maria Thun.

Je rencontrais enfin des positions qui avaient beaucoup de cohérence.

Car, en même temps, j’avais beaucoup de réticences par rapport à ce qui dans la biodynamie, n’est pas très bien défini. Je pensais que l’on se satisfaisait un peu trop facilement d’une explication mystique. Quand même, ça me gênait un peu.

Puis un jour, j’ai investi dans des structures collectives, avec des vignerons qui étaient en bio, et où j’essayais de faire venir des gens qui pouvaient apporter… Je préférais des personnes extérieures. Si ça avait été moi,- j’étais jeunot -, ça aurait été prétentieux de dire « faites bio ! »- Et j’ai organisé ces fameux stages dont je vous ai parlé. J’ai toujours chercher à avoir des échanges avec les autres, à m’ouvrir aux autres et à faire partager les informations que je pouvais avoir..

J’ai aussi fait appel à quelqu’un qui s’appelle Pierre Masson pour animer un groupe avec des collègues qui étaient intéressés pour passer en biodynamie. Et on a commencé à travailler de façon assez structurée, en faisant un certain nombre de choses qui jusqu’alors, n’étaient pas, à mon sens et pour ce que j’en avais pu lire, toujours bien expliquées.

C’est comme ça que je suis parti en emmenant des gens avec moi dans un groupe de travail, qui existe toujours, dans lequel je participe activement. C’est une mise en œuvre de la biodynamie, qui se vit de façon très pratique et avec la volonté d’une grande rigueur.

s images mystiques qui y sont attachées.

C’est normal que ce qui est mal expliqué et mal compris suscite des réactions radicales Elles ne sont pas étonnantes. Ce n’est pas étonnant en soi. Il faut bien reconnaître que dans ce milieu se trouvent des gens assez intolérants. La biodynamie pour certains est une démarche très mystique, mais je pense qu’elle ne l’est pas. Quelquefois c’est vrai que certaines explications biodynamiques sont assez ésotériques. En définitive, elles ne le sont pas tant que ça.

Elles ne sont pas tant que ça si on porte un regard plutôt scientifique à certains moments.

La biodynamie pourrait avancer plus vite d’ailleurs si le milieu scientifique acceptait à certains moments de reconnaître ce que l’on n’arrive pas à expliquer.

Ce serait dommage aujourd’hui de condamner telle ou telle démarche parce qu’on ne la connaît pas. Or, la connaissance a besoin d’être remise en cause régulièrement. Autrement on ne progresse pas. Au contraire, en essayant des choses différentes, on progresse. La biodynamie est un chemin d’ouverture.

La France fait partie des territoires qui agit le moins en biodynamie. L’Australie la pratique sur une superficie qui couvre des milliers d’hectares.

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Isabelle


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