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Conan (Conan the Barbarian) de Marcus Nispel

Par Geouf

Conan (Conan the Barbarian) de Marcus NispelRésumé: Alors qu’il n’était qu’un enfant, Conan le Cimmérien a vu son père tué devant lui par un seigneur sanguinaire en quête d’un artefact magique. Depuis, Conan arpente le monde à la recherche du meurtrier, bien décidé à se venger…

Un des grands plaisirs du cinéphage déviant que je suis, c’est de tomber sans m’y attendre sur des nanars hors pairs. Alors certes, parfois la déception est de mise lorsque le film en question était attendu avec une certaine impatience, mais une fois le choc initial passé, l’amateur éclairé prend rapidement son pied.

Avec Conan version 2011, la mise en condition du spectateur est heureusement très rapide. En effet, au bout d’à peine cinq petites minutes de film, Conan propose une première scène totalement surréaliste et hilarante lors de la naissance du héros, lorsque celui-ci est violemment extrait du ventre de sa mère par son père en plein milieu d’un champ de bataille. Difficile de garder son sérieux devant une scène tentant de se la jouer mythique et épique tout en tombant dans les pires travers de série Z : Ron Perlman en mode Guerre du Feu, qui plante son grand couteau dans le ventre de sa dulcinée et sort le bébé, le tout sans regarder (du grand art), demande à celle-ci de baptiser leur fils, avant de le brandir à bouts de bras en hurlant. Et la suite du film ne déçoit pas, accumulant les perles hilarantes tout en affichant un sérieux inébranlable. Il y a d’abord l’enfance du héros, petit sauvageon surexcité capable d’abattre une dizaine d’hommes à lui tout seul alors qu’il est à peine aux portes de l’adolescence, puis la destruction de son village par un Stephen Lang en roue libre. Le scénario est ensuite à l’avenant, cumulant les incohérences, dont la meilleure reste la scène où Conan capture la fille recherchée par le bad guy, espérant l’utiliser comme appât, sans pour autant s’assurer que son ennemi est au courant qu’il la détient. Bref, le Conan de Marcus Nispel est un vrai teubé. A voir le film, on se doute que Nispel et ses scénaristes n’ont pas vraiment lu l’œuvre de Robert E. Howard, prenant l’appellation « barbare » du héros au pied de la lettre, en oubliant que ce qualificatif lui était généralement donné par des nobles hautains et décadents trompés sur son intelligence par son physique massif. Le film enquille donc les scènes de baston, certes plutôt bien emballées pour la plupart, et ne lésinant pas sur les effets sanglants (mention spéciale à la scène où Conan torture un garde dont il a coupé le nez en lui enfonçant le doigt dans sa blessure béante), mais noie le spectateur dans un déluge d’action non-stop, quitte à en rajouter en dépit de toute logique (l’attaque du bateau, grand moment de n’importe quoi, se terminant sur une hilarante ode à l’amitié virile, façon vieux films des années 60). Du coup, au bout de trois quarts d’heure de charclage intensif dans des décors en polystyrène, l’ennui commence à pointer le bout de son nez.

Conan (Conan the Barbarian) de Marcus Nispel

Mais heureusement, les acteurs sont là pour assurer le spectacle et les éclats de rire, à commencer par un Jason Momoa physiquement assez proche du personnage imaginé par Howard, et très doué pour froncer les sourcils, mais beaucoup moins pour être charismatique malgré sa grosse voix. Schwarzenegger avait beau être mutique dans le film de John Milius, il n’en dégageait pas moins une aura impressionnante. Viennent ensuite les bad guys, avec tout d’abord un Stephen Lang qui écarquille les yeux et gesticule en permanence pour avoir l’air méchant (et se balade avec une armée d’esclave tirant son bateau (?) où qu’il aille), et une Rose McGowan qui tente de cacher ses liftings ratés sous un maquillage pour le moins spécial. L’ex de Marylin Manson se prend accessoirement pour Freddy Krueger avec ses griffes de métal à la main, qu’elle sème d’ailleurs accidentellement au moment opportun pour laisser des indices au héros. Mention spéciale aussi à la gamine incarnant McGowan jeune, qui surjoue tellement dans sa courte scène qu’elle provoque des fous rires incontrôlés.

Conan (Conan the Barbarian) de Marcus Nispel

Après une heure et demi d’action quasi ininterrompue et de grand portnawak accumulant les incohérences et les emprunts à d’autres films (dont une baston dans des ruines totalement repompée sur La Momie), le film se termine comme il a démarré, sur un final ridicule au possible décalquant celui d’Indiana Jones et le Temple Maudit, et au cours duquel Stephen Lang réussit enfin à utiliser le masque magique tant convoité. Un masque magique qui lui confère le pouvoir de… se faire tuer comme un gros naze sans qu’on sache à quoi sert l’artefact en question ! La conclusion de tout ceci, c’est que le spectateur ayant payé sa place de ciné va devoir faire un choix : soit se prendre la tête à deux mains devant ce gâchis ressemblant plus à Kalidor qu’au film de Milius, soit le considérer pour ce qu’il est, un pur nanar comme on en voit de plus en plus rarement au cinéma !

Note : 3/10

Note nanaresque : 7/10

USA, 2011
Réalisation : Marcus Nispel
Scénario : Thomas Dean Donnelly, Joshua Oppenheimer, Sean Hood
Avec: Jason Momoa, Stephen Lang, Rose McGowan, Rachel Nichols, Ron Perlman, Saïd Taghmaoui

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