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La crise : ce que personne ne dit (suite N°2)

Publié le 07 novembre 2011 par Dubruel

Dalmas (son site) mercredi 2 novembre 2011

lu sur le site Agora vox

Notre tableau du pouvoir des banques serait incomplet sans un mot sur les moyens dont il dispose.

Ils sont ahurissants. Grâce aux robots modernes, des transactions boursières de milliards se font en quelques secondes. Avec parfois des ratés, qui ne font que souligner leur puissance. Un de ces ratés mérite d’être raconté, car il illustre à la fois la force et la faiblesse de ces moyens. Le récit, repris par le Canard enchaîné, figure dans un rapport de 140 pages de la SEC (Securities and Exchange Commission, le gendarme de la Bourse US), publié le 30 septembre 2010.

Le 8 mai, à 14 h 32, l’automate qui gère un des fonds de Waddell & Reed, un gestionnaire d’actifs établi au fond du Kansas, décide d’acheter un paquet d’actions. Pour se “couvrir”, le robot est programmé pour vendre simultanément d’autres titres. Pas de chance, ce jour-là, on est en pleine crise grecque, avec menaces sur l’euro. Le cours des titres largués par la machine baisse très rapidement. Flairant la bonne affaire, des centaines d’autres robots américains se mettent à acheter, en quelques dixièmes de seconde, les valeurs bradées. Mais quelques microsecondes plus tard, les mêmes robots constatent que les cours continuent à chuter. Affolés, ils revendent pour réduire leurs pertes. En 14 secondes, note le rapport, les titres ont changé 27.000 fois de mains. Trompé par cette activité factice, l’ordinateur de Waddell & Reed continue à vendre à tour de bras pour respecter la consigne gravée dans son disque dur. Il écoule en quelques minutes pour 4 milliards de dollars de titres. A 14 h 45, le mouvement gagne les marchés financiers classiques de Wall Street. Les ordinateurs sont programmés pour vendre à partir d’un seuil prédéfini. La barre étant franchie, ils ouvrent les vannes alors que personne, en face, ne veut acheter. La contagion gagne, et les machines bradent massivement. Des dizaines de titres sont touchés, certains perdant 60 % de leur valeur. En un quart d’heure, près de 2 milliards d’actions sont échangées dans un chaos complet. L’indice de la Bourse de New York s’effondre de 10 %.

Peu après 15 heures, les humains finissent par reprendre le contrôle de leurs machines. A 16 heures, après la fermeture de la Bourse, les autorités et les opérateurs décident d’un commun accord d’annuler toutes les transactions passées entre 14 h 40 et 15 heures.

Deux leçons sont à tirer de cette édifiante histoire. D’abord que dans le monde virtuel, une technologie redoutable permet de réaliser des fortunes ou de semer la ruine en quelques fractions de secondes. Ensuite que les maîtres de la bulle financière peuvent à leur gré annuler les transactions qui les gênent en risquant de leur faire perdre de l’argent. Les banques et leurs affidés jouissent de droits divins avec des moyens infernaux de les appliquer.

Dans ce monde de fiction criminelle, la haute finance domine la politique de trois façons.

D’abord par la stratégie impériale des Etats-Unis. Le candidat républicain aux prochaines élections présidentielles américaines, qui est en tête des sondages pour son parti, Mitt Romney, vient de déclarer en toute simplicité : “L’Amérique doit diriger le monde“. Cette stratégie impériale est fondée sur un système de capitalisme sauvage, d’anarchie libérale, dont les deux principes sont “ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour la planète” et, pour imposer ce concept, “faire la paix si l’on peut, faire la guerre si l’on doit”.

Cette stratégie se traduit par l’élimination de toute résistance nationale par tous les moyens. Cela comprend, par ordre croissant de violence, la pression diplomatique, les campagnes de diabolisation, les sanctions internationales, l’espionnage humanitaire, l’infiltration subversive, le financement des oppositions et l’agression militaire.

C’est ainsi qu’on a démantelé la Yougoslavie, ravagé l’Irak, semé le chaos en Afghanistan, annexé la Côte d’Ivoire et détruit la Libye. C’est ainsi que sont maintenus en tutelle, par les fictions de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne, les Etats de notre continent. C’est ainsi que sont menacés l’Ukraine, la Bielorussie, la Syrie, l’Iran, le Vénézuéla, la Bolivie, l’Equateur et tous les Etats dont les chefs manifesteraient des velléités d’indépendance, à l’exception des deux morceaux trop gros pour être avalés, la Russie et la Chine. Tous les moyens que je viens d’énumérer ont été ou sont employés pour discréditer et venir à bout des indociles. Les armes utilisées sont certaines ONG (les Organisations non gouvernementales à buts soi-disant charitables), les innombrables organismes et instituts prétendument destinés à répandre la démocratie, et en fin de compte l’écraseur militaire qui s’appelle l’OTAN, O, T, A, N, l’Organisation Tyrannique d’Anéantissement des Nations. Les moindres réticences sont rongées de l’intérieur par la déstabilisation avant d’être volatilisées par des bombardements.

 Cette stratégie impériale, pour pouvoir se développer en toute impunité, a besoin de l’appui du public. C’est là qu’intervient le second paragraphe de sa domination : le conditionnement de l’opinion par le contrôle des médias.

Pourquoi ce conditionnement est-il nécessaire ? Parce que le pouvoir des banques qui inspire cette stratégie, et dont nous avons déjà vu le fonctionnement opaque, ne peut pas en avouer les buts réels, qui sont la protection du dollar, la conquête des sources d’énergie, la multiplication des profits et la soumission du plus grand nombre d’Etats possible. Le néocolonialisme doit être occulté par un rideau de bienfaisance, la rapacité impériale doit être présentée comme une croisade de moralité. Comme les conquistadors de jadis qui maquillaient leurs invasions en rédemption des sauvages, les nouveaux missionnaires doivent dissimuler le bénéfice derrière le bénéfique, en faisant avaler aux masses qu’ils combattent pour le bien contre le mal. Cette immense duperie est le rôle dévolu aux médias dont les slogans de “bataille contre le terrorisme”, de “droit d’ingérence” et de “protection des populations civiles” sont le vernis sucré de la plus formidable entreprise d’hypnotisme collectif et de tromperie que le monde ait jamais connu.


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