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Ce mercredi soir, grande dégustation chez Lavinia autour des vins de Benjamin Dagueneau du domaine Didier Dagueneau. Hommage à un grand homme du vin, qui avait des convictions et qui a su les faire passer à son fils et dans sa production. Après une présentation par notre Maître de Cérémonie, c'est Benjamin qui rapelle l'historique du domaine, sa philosophie et ses méthodes.
Avant toute dégustation, il est important de noter que le domaine ne revendique aucune certification "bio", mais que ses méthodes de travail, tant à la vigne qu'en cave, les respectent : pas de désherbants, peu d'intervention en cave, vinification et élevage identique quelque soient les cuvées (débourbage à froid très lent, élevage 12 mois en fûts puis 6 mois en cuve inox). Sélections parcellaires essentiellement pour constituer diverses cuvées qui traduisent au plus près les différents terroirs.
Passons maintenant à la dégustation.
Blanc fumé de Pouilly, 2009 : impression de fraîcheur, de tension, d'acidité citronnée et de végétal noble. La bouche est de demi-corps, mais toutedfois équilibrée. Belle tension finale, riche, légèrement minérale. Bien
Pouilly Fumé, Pur Sang 2009 : nez plus vineux mais un peu sur la réserve. A l'aération, c'est très complexe, sur le floral (rose). La bouche aromatique est légèrement grasse, mais équilibrée par une belle acidité. Longue finale vibrante, sur le pamplemousse rose. Bien++
Pouilly Fumé, Buisson Renard 2009 : un nez méridional, presque typé Châteauneuf blanc, une pointe vanillée. L'attaque en bouche est franchement plus ronde, avec un retour sur l'acidité qui semblerait montrer que le vin n'est pas en place. Manque un peu de peps
Une escapade avec un Sancerre, Mont Damné 2009 : nez franchement minéral, sur la poudre de craie et le citron. Très belle impression de finesse. La bouche est à la fois ronde et tendue, toujours vibrante, saline en finale, très expressive. Très long. Bien++
Retour sur le Pouilly Fumé.
Pouilly Fumé, Silex 2009 : nez très floral, sur l'aubépine, le végétal noble et une belle pointe d'amertume. La bouche est riche, grasse, mais toujours sur un équilibre tendu. Peut-être un peu court en finale à mon goût. Bien
Pouilly Fumé, Silex 2008 : nez très original, un peu terpénique et fruits aromatiques (oranges sanguines), exotique. La bouche est tendue, longue, légèrement glycérinée, sur un équilibre de maestro. Encore meilleur après aération. Bien++
Pouilly Fumé, Clos du Calvaire 2008 : un superbe nez, frais, fin, floral, tendu, minéral. La bouche est agréablement crayeuse, avec (presque) une touche chablisienne, sur la poudre de calcaire. Tellurique et vibrant. L'un de mes coups de coeur de la soirée. Très Bien
Pouilly Fumé, Astéroïde 2008 (élevage d'un an en fût et de 18 mois en masse) : ce vin issu de vignes franches de pied se caractérise par une finesse, une élégance et une noblesse superlatives au nez. Importante aromaticité qui sait rester fraîche et fine. Une bouche concentrée, complexe, qui possède de la profondeur. Senteurs de chèvrefeuille et notes d'agrumes blancs. Très belle longueur. Très Bien
Pouilly Fumé, Buisson Renard 2007 : un nez plutôt large et gras, sur la menthe et l'eucalyptus. Attaque en bouche tendue, glycérinée également ... mais qui finit un peu courte. Sans doute mal placé dans l'ordre de service ?
Pouilly Fumé, Silex 2002 : un nez grillé, presque sur la réduction, des notes de végétal mur et d'amertume noble. La bouche est construite sur un équilibre subtil entre la tension minérale et un gras glycériné du plus bel effet, avec toujours ce côté grillé en filigrane. Exxxxtrèment long, vibrant et salivant. Excellent
Pouilly Fumé, Astéroïde 2002 : nez très élégant, sur le menthol et les végétaux (buis). Bouche charpentée, construite sur une puissance minérale intense, mais élégante et toujours tendrement saline. Belle longueur. Finale très vibrante. "Un vin de méditation" selon mon bon François. Très Bien
Pouilly Fumé, Silex 1989 : magnifiiiiiiiiique nez sur la truffe blanche, le miel, avec presque un côte "Pacherenc cuvée Frimaire", rôti, légèrement abricoté, goudronné et fortement minéral. La bouche est au niveau, légèrement évoluée, délicatement grillée, sur des notes de pâte de fruit, d'amandes amères ... mais avec toujours cette minéralité crayeuse et cette acidité qui tiennent le vin. Finale évidemment d'une persistance incroyable. Excellent++. LE VIN DE LA SOIREE POUR MOI
Pouilly Fumé, Silex 1985 :changement complet de registre avec un nez médicinal, fluet ... qui se retrouve complètement en bouche. Trop vieux ?
Nous finissons ce marathon par quelques Jurançon du domaine des Jardins de Babylone.
Un Jurançon sec les Jardins de Babylone 2009 qui présente un nez complètement atypique, sur les fruits exotiques et la papaye, presque muscaté. Malheureusement, la bouche est en complet décalage, largement dominée par une (trop) forte acidité.
Jurançon moelleux les Jardins de Babylone 2009 : nez frais, un peu pétillant, sur le miel, la réglisse et le rôti. La bouche est construite sur des saveurs de fruits exotiques / litchis, peu sucrée, mais qui apparaît déséquilibrée par une forte minéralité.
Même impression de déséquilibre et de vin dissocié avec ce dernier Jurançon moelleux les Jardins de Babylone 2008.
Finalement, mon classement de la soirée : Silex 1989, Silex 2002 et Clos du Calcaire 2008 (avec un accessit à Astéroïde 2002 et 2008).
Un grand merci au gentil (et petit) organisateur de la soirée et un immense hommage à Benjamin pour ses explications, sa modestie ... et ses vins.
Bruno