Tape 407 : The Mesa Reserve Incident
Résumé : 31 décembre. Un vol New York – Los Angeles s’écrase en pleine nature. Alors que les survivants tentent de s’organiser en attendant l’arrivée des secours, ils sont attaqués par de mystérieuses créatures…
Nouveau rejeton de l’horripilante mode du found foutage, Tape 407 reprend les prémisses de la série Lost, en s’intéressant aux aventures des survivants d’un crash d’avion, attaqués par de mystérieuses créatures. Malheureusement pour le spectateur, les réalisateurs Dale Fabriga et Everette Wallin ont dû s’imaginer que ce simple pitch pouvait permettre de se passer d’un scénario un minimum cohérent, et que le fait de tourner le film à la première personne pouvait les dispenser de développer de bons personnages. Tape 407 est donc très certainement un des pires found foutage ayant gagné les écrans ces dernières années (peut-être même pire que Paranormal Activity) et cumule les tares le rendant juste insupportable. Les personnages sont tous plus énervants les uns que les autres, passent leur temps à se crier dessus ou à hurler de façon hystérique, et sont d’une stupidité rare (ils trouvent une voiture et une route, mais aucun n’a l’idée de tenter de s’échapper par ce moyen). Difficile de faire le tri entre le gros chauve qui critique tout, la gamine agaçante qui tient la caméra, le photographe courageux qui fait promettre aux autres personnages de sauver son appareil photo (ben oui, il faut bien trouver un moyen d’avoir toujours une caméra qui filme !), ou encore l’étudiante cruche qui trouve le moyen d’écraser un des autres personnages.
Le scénario multiplie les rebondissements foireux et relances artificielles (la palme revient à la caisse apparaissant comme par magie dans la cabane vide), faisant artificiellement durer le film en forçant les personnages à faire des allers-retours entre les mêmes lieux, jusqu’à un twist final totalement moisi et grillé au bout de dix minutes de film par n’importe qui d’un peu attentif. Et comme souvent dans ce genre de films, l’omniprésence de la caméra portée par les personnages n’est absolument jamais justifiée (ou bien n’importe comment), et la plupart des scènes sont illisibles dès que l’action s’emballe. Seule consolation, le happy end final voit tous les personnages succomber (oui, c’est un happy end pour le spectateur, et oui, je vous ai dévoilé la fin !).
Note : 2/10
USA, 2011
Réalisation : Dale Fabriga, Everette Wallin
Scénario : Dale Fabriga, Everette Wallin, Rupert Shepyer
Avec : Abigail Schrader, Samantha Lester, James Lyons, Melanie Lyons, Brendan Patrick Connor, Ken Garcia
Crawl
Résumé : Alors qu’elle attend le retour de son petit ami Travis, la jolie serveuse Marylin (Georgina Haig) voit débarquer dans sa maison un mystérieux étranger. Celui-ci, un tueur à gage venant d’exécuter un contrat pour le patron de Marylin, a eu un accident de voiture et cherche un nouveau véhicule. La rencontre va vite virer à l’affrontement…
Premier film du jeune réalisateur australien Paul China, Crawl est un polar dans la droite lignée du cinéma des frères Cohen. On y retrouve le même amour des personnages décalés, la même alternance entre les scènes de suspense tendues et les instants comiques étranges. Une déférence qui vire cependant parfois un peu trop à l’hommage servile, notamment lors d’une scène d’introduction décalquée sur la scène de la station service de No Country for Old Men. Premier film oblige, Crawl n’évite pas non plus quelques maladresses, comme certaines facilités scénaristiques hasardeuses ou une intrigue secondaire sur le patron de l’héroïne certes assez amusante mais un peu hors-sujet.
Cependant, Crawl a de nombreux atouts permettant de passer outre ces défauts. Malgré son manque d’expérience, Paul China s’avère un très bon directeur d’acteurs, et offre à ses trois acteurs principaux des rôles aussi mémorables que jouissifs. La jolie Georgina Haig est parfaite en jeune femme romantique mais combattive, sans pour autant tomber dans le cliché qui la verrait se transformer en machine de guerre implacable. Paul Holmes campe un truculent patron de bar / caïd local au langage ordurier. Quant à George Shevtsov (vu notamment dans Calme Blanc), il est juste extraordinaire en tueur mutique dont le visage d’une rare douceur contraste fortement avec son implacabilité.
L’autre atout de Crawl, c’est le soin évident apporté à la mise en scène. Paul China a de toute évidence étudié avec grand soin les films des frères Cohen et d’Hitchcock, et malgré un rythme parfois un peu trop lent, réussit à créer de très bonnes scènes de suspense, notamment en ayant la bonne idée de limiter les dialogues au maximum (quasiment aucune parole n’est échangée durant tout l’affrontement final). La magnifique photographie du film joue elle aussi la carte de l’originalité en privilégiant les couleurs vives au lieu des teintes en quasi noir et blanc associées généralement à ce genre de film.
Bien qu’imparfait, Crawl s’avère un intéressant premier film, sur lequel Paul China arrive à apposer sa patte malgré une parfois trop grande déférence à ses modèles. Le jeune réalisateur a néanmoins clairement du talent, et on espère que ses prochains films viendront valider ce premier essai prometteur.
Note : 6.5/10
Australie, 2012
Réalisation: Paul China
Scénario: Paul China
Avec : Georgina Haig, George Shevtsov, Paul Holmes
War of the Dead
Résumé: Durant la Seconde Guerre Mondiale, deux unités américaines et finlandaises sont envoyées en Russie pour s’emparer d’un bunker stratégique. Malheureusement pour eux, ce bunker était auparavant utilisé par les nazis pour des expériences contre nature. Les alliés ne tardent pas à se retrouver pris en chasse par des soldats zombifiés.
A côté du found foutage, l’autre mode du moment pour produire des films d’horreur pour pas trop cher est le film de zombie. On ne compte plus les bandes horrifiques tentant de grapiller les miettes du succès de la trilogie séminale de George Romero en utilisant à tout va les titres en « Quelque chose of the dead ». A l’instar du norvégien Dead Snow, War of the Dead tente de se différencier en mixant le film de zombies et la nazisploitation, en envoyer des soldats américains et finlandais se coltiner des nazis zombifiés (enfin plutôt des super soldats increvables). Une idée comme une autre, qui aurait pu donner une bonne péloche fun et sans prise de tête, mais qui malheureusement s’avère totalement ratée dans les faits.
War of the Dead se vautre en effet sur quasiment tous les plans, et devient très vite insupportable à regarder. Le réalisateur Marko Mäkilaakso et son co-scénariste Barr B. Potter tentent de proposer un film d’action badass avec héros cools et classes, mais malheureusement les punchlines du film son débitées de façon tellement mécanique et filmées de façon tellement artificielles (c’est tout juste si les personnages ne clignent pas de l’œil en direction de la caméra) qu’elles tombent toutes à plat. Autre écueil, Mäkilaakso a juste oublié que lorsque l’on veut proposer un film d’action quasi non-stop, il vaut mieux savoir tenir une caméra et découper ses séquences correctement. Le résultat, c’est que la plupart des scènes d’action sont totalement incompréhensibles, illisibles, trop sombres, et découpées à la hache. On ne sait pas qui se bat contre qui, qui survit et qui meurt, et où se trouvent les belligérants. Et le scénario des plus confus n’aide pas non plus à s’y retrouver : on nous dit au début que le bunker est utilisé par les nazis, puis par les Russes, ensuite qu’il est juste rempli de zombies (évidemment des zombies « rapides »), puis qu’il y a aussi d’autres soldats (de quel camp ? aucune idée). Bref, c’est un énorme capharnaüm, et bien malin qui saura dénouer les fils d’une intrigue pourtant basique sur le papier.
Même pas suffisamment ridicule pour une bonne soirée nanar, War of the Dead est juste un très mauvais film à éviter autant que possible.
Note : 3/10
Etats-Unis, Lituanie, Italie, 2011
Réalisation: Marko Mäkilaakso
Scénario: Marko Mäkilaakso, Barr B. Potter
Avec : Andrew Tiernan, Mikko Leppilampi, Samuel Vauramo
Evidence
Résumé : Quatre amis partent faire du camping sauvage en pleine nature. Alors que ce weekend improvisé se déroule plutôt bien, les événements étranges se multiplient : cris effrayants dans la nuit, inscriptions sur les arbres, créature entraperçue de loin…
Le genre du found foutage a généralement tendance à donner des films plutôt mauvais (Paranormal Activity et ses suites, Tape 407…), mais comme dans tous les genres de films, il arrive parfois que l’on tombe sur une œuvre réussie. Evidence, d’Howie Askins est de celles-ci. Pourtant, le film part plutôt mal, son pitch de départ lorgnant sans vergogne du côté du Projet Blair Witch, avec son groupe d’étudiants partis camper et qui entendent des bruits étranges dans la nuit. Mais heureusement, passée une première demi-heure assez pépère et routinière mais ayant la décence d’introduire correctement ses personnages au travers de dialogues bien écrits, le film s’emballe et agrippe le spectateur pour ne plus le lâcher. Askins pose une ambiance étrange, par de petits détails décalés (un type débarque de nulle part au milieu du campement des héros, un autre se balade à poil dans la forêt), avant de passer la seconde et de multiplier les rebondissements. Il n’hésite pas à sacrifier très rapidement certains de ses personnages principaux, et utilise la technique du found foutage de façon intelligente.
Pour une fois, on a vraiment l’impression de se trouver auprès des personnages, que ce soit en début de film lorsque le porteur de caméra se fait insulter par ses amis parce qu’il filme continûment, ou par la suite lorsque les survivants sont obligés de se servir de la caméra pour s’éclairer (une astuce scénaristique simple mais pertinente). De plus, plutôt que de tenter de contourner lourdement les limites imposées par le genre du found foutage (ellipses narratives, point de vue unique) comme d’autres avant lui, Askins joue intelligemment de celles-ci pour impliquer d’autant plus le spectateur. On est tout aussi inquiet que les héros du sort de l’un d’entre eux, et on se demande ce qui a pu se passer lorsque la camera était éteinte. Le réalisateur joue même de façon assez jouissive avec la dégradation progressive de la caméra (et donc de l’image), très malmenée des lors que l’action s’emballe.
Et surtout, Askins et son scénariste Ryan McCoy ont l’intelligence de ne pas tout expliquer, ce qui fait que le spectateur est tout aussi perdu que les héros, et comme eux ne saisit que des bribes d’information au milieu du chaos ambiant. Un très bon moyen de renforcer l’identification et de proposer un tour de train fantôme jouissif lorgnant pas mal du côté du jeu vidéo (Resident Evil notamment).
Bref, Evidence est une très bonne surprise, qui vient prouver qu’avec un peu de savoir faire il est encore possible d’innover dans un genre propre à la paresse et à la facilité comme le found foutage.
Note : 7.5/10
Etats-Unis, 2011
Réalisation: Howie Askins
Scénario: Ryan McCoy
Avec : Ryan McCoy, Brett Rosenberg, Abigail Richie, Ashley Bracken