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Les primeurs 2011 à Bordeaux (1)

Par Mauss
Tout se met en place tranquillement. On reçoit chaque jour des invitations pour des présentations "off", c'est à dire en dehors de ce qu'organise avec un grand succès depuis des années l'UGCB pour la presse, à savoir des dégustations en aveugle ou non, des crus des Membres de cette organisation d'une efficacité redoutable. De loin un exemple à suivre par d'autres régions.

Et pourtant, il y aurait tant de choses à dire !

De la difficulté à mettre chacun sur le même pied

Suckling battu cette année par Jeff Leve, le chantre absolu de Bordeaux qui, sur le forum de Parker/Squires a déjà mis ses commentaires suite à la présentation aux USA de quelques crus du Cercle Rive Droite (CRD), le "pendant" rive droite de l'UGCB, dirigé par Alain Raynaud qui, ne l'oublions pas, fut le patron de l'UGCB qu'il a mené là où cet organisme se trouve maintenant.

On se souvient l'an dernier du coup de colère de Michel Bettane critiquant sérieusement cette course en avant pour être le premier à donner un point de vue sur le millésime de l'année. Gageons que cette course au scoop (faux) va continuer, mais finalement, qui donne une importance prioritaire à qui parle le premier ? Le sage (l'investisseur ?) attendra les notes de Parker, Bettane, Robinson et autres Gabriel (Burtschy et Perrin : faudra qu'ils soient quand même plus rapides ces deux zozos du GJE !!) . Donc, un problème potentiellement énervant mais finalement secondaire.

De la valeur des notes

Après l'explosion des 19 100/100 mis par Parker à quelques grands crus dans le millésime 2009, verra t'on revenir des notes plus sensées, surtout à cet âge de prime jeunesse, pour des vins qui seront mis en bouteilles l'an prochain ? Très probablement oui, mais avec l'effet qu'en dessous d'un 92/95, bien des crus auront du mal à se pousser du coude, à moins naturellement de présenter des prix sérieusement remis à l'ordre du jour. On devrait constater pour certains classés, des baisses allant même jusqu'à 50 % par rapport aux derniers millésimes cotés.

De l'image de Bordeaux

Si la puissance de feu de cette région s'appuiera encore longtemps sur une longue expérience de ce système des ventes primeurs et sur un volume conséquent qui permet d'en placer sur tous les marchés, Bordeaux doit garder en tête que son image a été sérieusement écornée et là, il y a un gros travail à faire pour reconquérir quelques marchés, dont, en priorité, le marché français. En effet, à terme, il est difficile d'assoir une réputation internationale si le visiteur de passage ne trouve plus les crus de référence sur les meilleures tables de France. 

Il faudrait que Bordeaux applique la politique si intelligente de la Champagne, capable de signer des accords avec la belle restauration en offrant des prix très spéciaux à condition que les culbutes habituelles se limitent à un maximum de 3. 

Ne jamais oublier que si un *** achète un premier à, disons, € 500, s'il se contente de le revendre, HT à € 700, il fait une marge en absolu qui correspond à "x" bouteilles d'autres crus. Bref, ce serait un chemin qui tiendrait la route.

Du rôle du négoce

Echaudé par quelques abandons asiatiques de commandes annulées, le Négoce devra être un peu plus circonspect avec cette nouvelle clientèle un peu trop portée exclusivement sur des possibilités hasardeuses de plus-values rapides. Et surtout, il n'est que temps que ce Négoce publie, comme cela s'est fait dans le passé, son propre cahier de notes tant il est vrai que s'il y a des dégustateurs professionnels capables de juger sérieusement des vins en devenir, sans trop se faire piéger par des cuvées travaillées, c'est bien lui. Chacun a compris - ou devrait comprendre - que du côté américain, l'amateur porte un regard un peu plus critique sur les notes qu'il reçoit, quand bien même la récente analyse du 2009 a relancé le marché des grands bordeaux aux USA, mais cela restant - ce n'est qu'un point de vue - un feu de paille, aussi impressionnant soit-il.

Un souhait

Espérons que tous ces critiques qui vont sillonner les routes du médoc, des graves, du libournais, du sauternais, ne vont pas continuer sempiternellement à ne louanger que les noms mythiques et sauront offrir à leurs lecteurs ce qui fait le réel intérêt de Parker, à savoir les fameux "sleepers" du millésime, ces châteaux moins connus qui font un travail remarquable de qualité (les classiques Haut-Carles, Rouget, Fleur Cardinale, Rollan de By, Reignac, les Biturica et tant d'autres) mais souffrant simplement d'une notoriété encore trop faible par rapport à leurs qualités. 

Concurrence

Enfin, que Bordeaux regarde un peu ailleurs, en Loire et en Beaujolais par exemple, où l'amateur peut trouver des vins qui lui donnent un réel plaisir à des prix inférieurs à € 15 ! Cela commence à se faire savoir. Dites moi quel prix je dois mettre à Bordeaux pour trouver les belles satisfactions que je trouve dans un Chiroubles de Daniel Bouland ou plus simplement dans une "Première Vendange" de Marionnet. Pas évident, hein ?

Conclusion

Bordeaux a une force de frappe unique au monde. Il n'empêche : elle doit s'accompagner d'une image à la hauteur. Et ces dernières années, elle fut sacrément écornée cette image. Il y a du boulot ! 

Certes, il y en aura toujours qui diront : "si on va dans le mur, autant y aller les poches pleines". Mais c'est un peu court comme vision, non ?

Et naturellement, le sage attendra le produit final, le vin en bouteille, tant il est vrai qu'à sa sortie, il y aura toujours un vaste choix pour qui n'achète pas exclusivement pour de futures plus-values financières.


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