Sécurité Rapprochée (Safe House)
Résumé: Gardien d’une résidence sécurisée de la CIA en Afrique du Sud, le jeune agent Matt Weston (Ryan Reynolds) passe ses journées à attendre vainement un peu d’action. Jusqu’au jour où des agents amènent dans sa résidence Tobin Frost (Denzel Washington), un des hommes les plus recherchés de la planète, ancien agent de l’agence ayant trahi son pays en vendant de nombreux secrets d’Etat. Mais avant que l’interrogatoire de Frost ne débute, un commando débarque, éliminant tout le monde. Weston parvient à s’enfuir avec Frost, et va devoir trouver un nouveau refuge pour enfermer le prisonnier…
Sécurité Rapprochée est le premier film américain du réalisateur suédois Daniel Espinosa. Correctement emballé, le film souffre malheureusement d’un manque d’originalité flagrant et d’un scénario vu et revu. Il faut bien avouer que le coup du bleu qui doit assurer seul la protection d’un prisonnier ultra entrainé et possédant des informations cruciales, c’est un peu du réchauffé (remember Rock ?). Du coup, on suit le déroulement du film d’un œil distrait, tout en ayant à peu près une demi-heure d’avance sur tous les rebondissements de celui-ci. Ah le coup du bleu idéaliste qui finit par prendre fait et cause pour son prisonnier ! Oh, et ils nous font même le coup du gentil chef qui s’avère en fait être un traitre, comme c’est original ! Mais attendez, j’ai pas déjà vu ça quelque part ? Ah mais si, dans Rock, 16 Blocks, Ennemi d’Etat, Assaut, et probablement deux douzaines d’autres thrillers américains… Même le fait que le film se déroule en Afrique du Sud n’est absolument pas exploité, alors que cet élément aurait pu apporter un peu d’intérêt au scenario.
Seules les prestations du toujours impeccable Denzel Washington et de Ryan Reynolds (qui semble avoir trouvé sa voie en se reconvertissant dans les films d’action) permettent de sauver de l’ennui total ce film se reposant beaucoup trop sur ses lauriers pour passionner.
Note : 4/10
USA, 2012
Réalisation : Daniel Espinosa
Scénario : David Guggenheim
Avec: Ryan Reynolds, Denzel Washington, Vera Farmiga, Brendan Gleeson, Sam Shepard, Robert Patrick
Cloclo
Résumé : La vie du célèbre chanteur Claude François (Jérémie Renier), depuis sa jeunesse en Egypte jusqu’à sa tragique mort accidentelle, en passant par les différentes étapes lui ayant permis d’accéder à la gloire.
Depuis quelques années, la France a été mordue par le virus du biopic et, à l’image des Etats-Unis, revisite la vie de ses grandes figures, que ce soient des politiciens (La Conquête), des comiques (Coluche, L’Histoire d’un Mec) ou des chanteurs (La Môme, Gainsbourg, Vie Héroïque), avec plus ou moins de bonheur. Il paraissait dès lors inévitable que quelqu’un s’attaque un jour ou l’autre à la vie mouvementée de Claude François. La surprise vient par contre du nom du réalisateur de ce biopic, puisqu’il s’agit de Florent Emilio Siri, qu’on imagine a priori difficilement s’attaquer à ce genre très particulier, au vu de sa filmographie.
Pourtant, le réalisateur de Nid de Guêpes se sort finalement admirablement de cette tâche assez ardue, et en deux heures trente, Cloclo réussit avec aisance à faire le tour de la carrière et de la vie de Claude François. Et contrairement à La Môme, qui se concentrait uniquement sur la vie privée de Piaf et occultait totalement son génie, au point de la faire passer pour une droguée excentrique et tyrannique, Cloclo n’oublie jamais de montrer à la fois la vedette et l’homme derrière celle-ci. Oui, Claude François était un homme étrange, tyrannique, perfectionniste, d’une jalousie maladive, mais c’était aussi un génie capable de se remettre constamment en question, de s’adapter à toutes les modes et de produire des classiques instantanés. Le film est d’ailleurs rythmé des morceaux du chanteur, placés avec intelligence selon les grandes époques de sa vie, selon leur pertinence et non de façon chronologique. Et contrairement à La Môme, encore une fois, Cloclo réussit à ne jamais perdre le spectateur, que ce soit dans sa chronologie ou dans la multitude de personnages secondaires gravitant autour de la vedette.
Mais ce qui épate le plus dans Cloclo, c’est la façon extraordinaire dont Florent Emilio Siri réussit à s’emparer de ce genre très codifié pour en faire son film. On voit très vite ce qui a pu attirer le réalisateur dans cette histoire, celle d’un garçon qui a recherché toute sa vie l’approbation d’un père arcbouté sur ses convictions. Le réalisateur réussit de plus à conserver sa patte tout du long du film, proposant une réalisation fluide et immersive. On retiendra entre autres l’excellent plan-séquence montrant une matinée classique du chanteur, harcelé par ses fans tout le long du trajet entre son appartement et son bureau, ou encore la scène de la douche, d’un suspense incroyable malgré le fait que tout le monde connaisse son dénouement.
Enfin, difficile de faire l’impasse sur la prestation de Jérémie Renier qui EST littéralement Claude François, que ce soit dans sa gestuelle, ses expressions, sa diction. Le mimétisme est tout à fait incroyable, et digne des prestations de Jamie Foxx dans Ray et de Joaquim Phoenix dans Walk the Line. On notera aussi tout particulièrement la prestation de Benoit Magimel, méconnaissable dans le rôle de Paul Lederman.
Avec Cloclo, Florent Emilio Siri prouve que la France aussi est capable de produire des biopics de qualité, bien écrits, intéressants et évitant l’hagiographie.
Note: 8/10
France, 2012
Réalisation : Florent-Emilio Siri
Scénario : Florent-Emilio Siri, Julien Rappeneau
Avec: Jérémie Renier, Benoît Magimel, Monica Scattini, Sabrina Seyvecou, Ana Girardot, Joséphine Japy, Marc Barbé
Rock Forever (Rock of Ages)
Résumé: 1987. En pleine frénésie hard rock, Sherrie (Julianne Hough) débarque de son Oklahoma natal à Los Angeles dans l’espoir de faire carrière dans la chanson. Embauchée comme serveuse dans le mythique club The Bourbon Room, elle ne tarde pas à tomber amoureuse de Drew (Diego Boneta), qui travaille au même endroit et partage son rêve. Mais la quête de reconnaissance est pavée d’obstacles…
Quand les studios hollywoodiens ne produisent pas des remakes ou des suites, ils mettent en chantier des adaptations des comédies musicales à succès de Broadway. Après Le Fantôme de l’Opéra, Chicago et autres Mamma mia !, c’est au tour de Rock of Ages d’être transposée à l’écran, sous la houlette du réalisateur du remake de Hairspray, Adam Shankman. La particularité de cette nouvelle comédie musicale, c’est que toute la bande son est composée de succès rocks des années 80 (voire début 90). On retrouve ainsi avec un immense plaisir des chansons de Bon Jovi, Def Leppard, Guns and Roses, Poison, Scorpions, Journey, toutes interprétées par le casting assez démentiel du film : Tom Cruise, Catherine Zeta-Jones, Alec Baldwin, Russell Brand, Mary J. Blidge, Malin Akerman et Paul Giamatti.
C’est sur, le film ne vole pas bien haut niveau histoire, l’histoire d’amour est niaise à souhait, et le tout est beaucoup trop lisse pour prétendre être un vrai film rock ‘n roll, mais bizarrement, on se laisse assez vite prendre au jeu. Tous les acteurs se débrouillent plutôt bien (en tout cas beaucoup mieux que Meryl Streep et Pierce Brosnan dans l’abominable Mamma mia !), mis à part Alec Baldwin qui semble parfois un peu embarrassé de devoir pousser la chansonnette. Même les jeunes Diego Boneta et Julianne Hough, malgré leur peu de charisme, déploient une belle énergie lors des passages chantés, et les numéros de danse sont assez sympathiques et parfaitement chorégraphiés (on appréciera particulièrement le déhanché de Catherine Zeta-Jones lors de son interprétation de Hit me with your best Shot). En fait, c’est surtout grâce à sa légèreté et à son humour constant que Rock Forever réussit à remporter l’adhésion. La prestation azimutée de Tom Cruise en rocker déjanté vaut son pesant de cacahuètes, ainsi que le numéro musical de Russel Brand et Alec Baldwin sur Can’t fight this feeling.
Rock Forever n’est certainement pas la meilleure comédie musicale du monde, et se plante à plusieurs reprises royalement. Mais son côté bon enfant et son énergie communicative rattrapent ses faiblesses et en font un sympathique divertissement.
Note : 6.5/10
USA, 2012
Réalisation : Adam Shankman
Scénario : Justin Theroux, Chris D’Arienzo, Allan Loeb
Avec: Julianne Hough, Diego Boneta, Tom Cruise, Catherine Zeta-Jones, Alec Baldwin, Russell Brand, Paul Giamatti, Mary J. Blidge, Malin Akerman
Abraham Lincoln, Chasseur de Vampires (Abraham Lincoln, Vampire Hunter)
Résumé : Alors qu’il n’est qu’un enfant, Abraham Lincoln est témoin du meurtre de sa mère par un vampire. Rongé par le désir de venger celle-ci, il se prépare pendant des années à abattre la créature. Après une tentative ratée, il est recueilli par Henry (Dominic Cooper), un chasseur de vampires qui l’entraine et lui apprend à éliminer les créatures de la nuit, tout en lui faisant promettre une fidélité absolue…
Après une pause de plusieurs années pendant lesquelles il a principalement produit de nombreux navets (dont le ringard The Darkest Hour), le réalisateur russe Timur Bekmambetov revient à la réalisation avec un projet taillé sur mesure pour sa personnalité excentrique : l’adaptation du roman de Graham Seth-Green Abraham Lincoln, Chasseur de Vampires. Bekmambetov ayant déjà mis en scène des mondes secrets et des vampires dans les deux Nightwatch, il semblait évident qu’il ne pourrait qu’être attiré par un roman réécrivant l’Histoire en faisant du célèbre président américain un chasseur de vampires.
Et on retrouve en effet dans Abraham Lincoln tout ce qui fait le sel des films du réalisateur (et agace ses détracteurs): rythme soutenu, affrontements grandiloquents, mouvements de cameras impossibles, et une folie constante. Abraham Lincoln comporte donc quelques bons gros moments de bravoure assez fous: un affrontement au milieu d’un troupeau de chevaux emballés, et surtout un combat final dans un train fou, lui-même perché sur un pont enflammé. Bref, on en a pour son argent, d’autant que Bekmambetov semble beaucoup mieux maîtriser sa caméra qu’à ses débuts, même s’il a tendance à utiliser pas mal d’effets passés de mode (le bullet time, franchement…).
Au niveau du scénario, le tout reste assez classique et basique et le film ne réserve finalement que peu de surprises (le héros aurait pu être n’importe quel autre chasseur de vampire, cela n’aurait pas vraiment changé grand-chose). L’idée de réécrire l’Histoire sous un angle vampirique est assez amusante (on notera notamment la façon assez audacieuse dont cette idée est intégrée à la guerre civile et à l’engagement de Lincoln contre l’esclavage) mais semble souvent sous-exploitée. Dommage aussi que le final ruine un peu la crédibilité de l’ensemble, puisque tout du long les vampires restent dans l’ombre pour soudainement se dévoiler clairement au monde lors de la bataille de Gettisburg.
Enfin, un dernier mot sur le casting, plutôt réussi. Rufus Sewell excelle comme à son habitude dans un rôle de méchant mielleux (mais un peu sous exploité), et Dominic Cooper est lui aussi plutôt bon en vampire malgré lui cherchant à se venger de son créateur. La vraie révélation reste tout de même Benjamin Walker (Mémoire de nos Pères), dans le rôle de Lincoln. L’acteur, qui ressemble à un jeune Liam Neeson en début de film, finit grâce à la magie du maquillage à être une copie conforme de Lincoln, de façon tout à fait incroyable.
Sans être le blockbuster de l’année, Abraham Lincoln, Chasseur de Vampires remplit tout de même son contrat de divertissement fun et décérébré, parfait pour se vider l’esprit deux heures durant sans (trop) regretter son argent.
Note : 5.5/10
USA, 2012
Réalisation : Timur Bekmambetov
Scénario : Seth Grahame-Green
Avec: Benjamin Walker, Dominic Cooper, Rufus Sewell, Anthony Mackie, Mary Elizabeth Winstead