Magazine Cuisine
C'est la deuxième année que je reçois une invitation pour la soirée "avant-première" du Salon des Vignerons Indépendants, qui se tient traditionnellement au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Avantages de cette soirée, le parking est offert et nous disposons d'un verre un peu moins "moche" que le traditionnel INAO.
Visite assez rapide pour des raisons d'organisation familiale donc cette année, avec peu de notes prises, juste quelques impressions saisies "on the fly".
Au domaine aux Moines (Savennières Roche aux Moines), un Savennières Roche aux Moines 2010 sur un registre très puissant et tendu, vraiment typique de l'appellation, sur des notes exotiques (ananas, pamplemousse et citron), très long et salin, un Savennières Roche aux Moines 2003 beaucoup plus rond, un peu oxydatif, sur le cuir / la pomme, qui pour moi manque de fraîcheur et de distinction, un Savennières Roche aux Moines 1994 magnifique de droiture, de tension et d'évolution sur des notes miellées, le tout allié à un fruité encore largement présent, une belle structure minérale et un grain en bouche très avenant. Fond de verre sur l'ananas cuit, le pamplemousse rose et "un carpaccio de fruits exotiques frais", un Savennières Roche aux Moines 1992 beaucoup plus polissé, sensation enrobée, miel et raisins secs, une trame minérale plus rustique mais non dénuée de charme, équilibré entre cailloux et encaustique.
Sur les sucres, une cuvée des Nonnes 2011 (moelleux) très florale, fruitée et légère, petite sensation de perlant, bouche de demi-corps, fraîche et tendue et enfin une cuvée des Abbesses 2010 qui possède une très belle sève, légèrement rôtie, grillée et fumée. Grande élégance qui se termine par une finale toujours fraîche et soutenue par l'acidité.
Au domaine du Joncier, pas de dégustation dans la mesure où j'avais gouté toute la gamme il y a peu de temps ICI. Simple passage pour prendre un carton de Côtes du Rhône, L'O du Joncier 2011 et un carton de "Lirac, Classique 2010" et de "Lirac, les Muses 2010".
Au domaine de Beaurenard, même tarif même punition (voir ci-dessus). Hop, hop, hop, et 3 bouteilles (je suis raisonnable) de Châteauneuf, cuvée Boisrenard rouge 2010.
Retour dans la Loire avec le château de Bois Brinçon où je me suis concentré uniquement sur les blancs. Un Anjou blanc Terre de Grès 2010 très floral, frais, belle élégance avec sa trame tendue. Concernant les sucres, le Coteaux de l'Aubance, la Morinière 2010 est caractérisé par un registre assez puissant, sur une sucrosité mesurée, une impression de floralité alliée à un côté tendre que j'aime beaucoup, le Coteaux du Layon les Varennes 2010 est plus charpenté, sans doute un peu moins élégant, le Coteaux du Layon Faye, Clos des Savarières 2010 plus abouti, mieux construit et plus sur un registre de belle liqueur, et enfin un Coteaux du Layon Faye, Sélection de Grains Nobles 2003 qui m'a vraiment impressionné, par sa grosse liqueur, son rôti élégant, son essence de miel et un côté étonnamment fumé. Vraiment du grand art pour un vin bâti sur la minéralité, et qui commence à se révéler.
Enfin, nous terminons notre périple au domaine de Cauhapé où je voulais gouter les Jurançons doux. Un légère déception je dois le reconnaître. La cuvée Ballet d'Octobre 2010 est fraîche et légère, très florale et fruitée, mais manquant un peu de sève. Impression similaire quoique moins marquée pour la cuvée Symphonie de Novembre 2010, complexifiée par des notes exotiques bien présentes, légèrement grillées. Par contre, la cuvée Noblesse du Temps 2010 est un beau Jurançon moelleux, très riche, liquoreux à souhait, avec une belle complexité. Nous terminons la dégustation par quelques centilitres de Quintessence du Petit Manseng 2006, et là nous touchons le graal. Vraiment un très grand liquoreux, digne des plus beaux Sauternes. Toujours construit sur une trame minérale sous-jacente, le vin présente des arômes d'agrumes rôtis, d'abricots secs et de pâte d'amande. Aucune lourdeur dans ce vin. C'est vraiment très beau.
Voilà, notre périple se termine avec quelques bouteilles supplémentaires à ranger dans une cave déjà (trop) bien remplies.
Bruno