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Les données météorologiques du millésime 2012 à Bordeaux et ses conséquences sur le vignoble

Par Daniel Sériot

Les lecteurs anglophones pourront lire les chroniques du blog en anglais, avec 72 heures de décalage, ici ( http://www.webflakes.com/diary-of-a-lover-of-the-right-bank.html).

Je remercie le château Mangot, qui m’a communiqué les données de sa station météorologique (les températures moyennes en degré Celsius, et les précipitations en millimètres)

 

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Comme chaque année, il me paraît souhaitable de faire état des conditions météorologiques jusqu’aux vendanges - qui ont contribué à la naissance des vins du millésime 2012 - pour aborder avec quelques points de repères forts la dégustation des vins « primeurs » du millésime 2012.

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Les mois de novembre et de décembre 2011 se sont déroulés, sous des températures clémentes, voire chaudes par rapport aux moyennes annuelles relevées précédemment.

Décembre fut très pluvieux (170 mm), novembre, sec (45 mm).

En janvier, il tombe 63 millimètres d’eau, avec des températures moyennes de  6°C.

La nuit du 4 au 5 février la neige tombe abondamment et un froid vif s’installe, pendant une petite vingtaine de jours (précipitations 10 mm, température moyenne 1°C).

Le mois de mars est faiblement arrosé (19 mm, 12°C) et les viticulteurs commencent à s’inquiéter et à envisager un millésime ressemblant à 2011, avec en plus un déficit hydrique des nappes phréatiques, que l’automne et l’hiver n’ont pas pu recharger suffisamment.

En avril les conditions météorologiques changent, le temps est frais et très humide (10°C en température moyenne, et 182mm d’eau !), le débourrement stagne, provoquant des décalages de pousse entre les pieds, et au sein d’un même pied (aux extrémités de l’aste) sur les merlots plus précoces.

Les cabernets des terroirs plus tardifs profitent de meilleures conditions en mai, pour se développer de façon homogène. La floraison débute tardivement (autour du 25 mai), puis elle est très étalée, sous un climat pluvieux (précipitation 93 mm en Juin, et une température normale 19°C). Les vieux Merlots sont affectés par la coulure et le millerandage, et les maladies cryptogamiques prolifèrent (mildiou et oïdium).

Le millésime se présente  comme celui d’un cycle long.

A partir du 10 juillet (pluviométrie du mois : 47 mm) le climat devient plus favorable, moins pluvieux, mais guère plus chaud, et l’on se dirige vers une véraison tardive et hétérogène qui va nécessiter un travail minutieux et onéreux dans les vignes. Les températures remontent dans la deuxième quinzaine de juillet (21,5°C).

Le mois d’août est chaud et sec (23 mm d’eau), avec une deuxième quinzaine présentant des températures maximales élevées qui ont pour conséquence de bloquer la véraison sur les terroirs faibles en réserves hydriques accentuant les décalages de maturité. 

Le début du mois de septembre reste chaud et sec, à partir de la mi-septembre, le temps devient plus pluvieux avec un pic très fort le 25 septembre (23 mm !) et favorise le murissement des baies et dès la fin du mois l’installation du botrytis. Le week-end du 6 octobre un temps chaud et pluvieux, de jour comme de nuit va favoriser le développement d’un botrytis assez virulent et précipiter les vendanges. Les meilleurs terroirs du plateau calcaire, et les vignobles les mieux travaillés vont pouvoir attendre les quelques jours nécessaires pour obtenir les maturités souhaitées.

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Les dégustations que j’ai faites, et les conditions climatiques du millésime 2012 conduisent aux observations suivantes :

Le Merlot (cépage précoce) est le cépage qui s’est le mieux adapté aux conditions du millésime. Les Cabernets francs sont plus hétérogènes ; il fallait faire un  travail minutieux et rigoureux dans le vignoble sur les terroirs tardifs pour les amener à une bonne maturité. Les maturités des Cabernets sauvignon ont été difficiles à obtenir, dans cette fin de cycle qui leur était peu favorable.

Les réussites du millésime (vins rouges) seront à rechercher dans les terroirs précoces avec de forts pourcentages de Merlot (Pomerol), dans l’appellation Pessac-Léognan (sur les sols et sous-sols qui ont le moins souffert du stress hydrique), sur les propriétés les plus qualitatives du plateau calcaire (très beaux Merlots). Pour le Médoc, les dégustations des primeurs seront les bienvenues.

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Il faut s’attendre à un millésime très hétérogène qui favorise, semble-t-il, la rive droite. Avec des vins très aromatiques, frais, et bien centrés pour les plus réussis, d’après je que j’ai pu goûter, avant cette semaine des primeurs


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