dit Sa Qua Na !
La vie est en effet comme un livre ouvert, certaines pages se referment ou s'effacent avec le temps, d'autres restent gravées dans notre mémoire. C'est le cas de l'excellent restaurant d'Alexandre Bourdas où nous avons pris l'habitude de nous retrouver au moins une fois par an en famille.
Nous avons opté pour le "Menu Cerise" composé de 3 plats, un plateau de fromages et un dessert.
En accompagnement d'une Gentiane de noble origine, (de gauche à droite) un carpaccio de Saint Jacques sur sa brioche tiède, un flanc de poulet aux herbes et un tartare de veau au gingembre.
Une très belle entrée en matière (en particulier le veau au gingembre), qui active les papilles et les prépare pour la suite.
Un
filet de maquereau étuvé & poivré,
des asperges vertes & blanches, coques, émulsion crème &
une "drôle" de mâche
Le plaisir est à la fois pour les yeux et les papilles. Comment magnifier un poisson basique. Et comme toujours, une cuisson au millimètre.
Un
lieu tout juste cuit,
radis & navets, émulsion aux herbes et bouillon moussé à
l'huile d'olive
Magnifique plat, accord de saveurs superlatif, poisson nacré juste comme il faut, un accompagnement (sorte de "crème moutardée") excellentissime, à mi-chemin entre yuzu, raifort et wasabi. Le plat à mon goût !!!
Une
selle d'agneau de l'Aveyron rôtie,
céleri rave façon "rémoulade", moutarde, jus, oeuf,
ail, persil & pain
Encore une cuisson magnifique, accompagnement de céleri juste croquant, remoulade revisitée, mais quelle visite, assaisonnement (ail) justement dosé. Excellent.
Le
fromage : sélection d'ici et d'ailleurs
Pâte
sablée / Crème citron / Sorbet / Meringue / Toffee
(ma tarte citron 2013 !)
Un premier dessert sur le signe de la fraîcheur et du croustillant. Très bon pour mon palais plutôt salé.
Le petit plus d'Alexandre (non prévu dans le menu "Rouge Cerise")
Au
départ ... la Jalousie
Pâte feuilletée, poudre d'orange, pâtissière aux pommes &
glace Rhum / Raisins
Une véritable tuerie que ce dessert complexe, avec le citron, les agrumes (confits ?), le moelleux du rhum / raisins et le croquant de la pâte et la douceur de la crème. Magnifique. Chapeau l'artiste !
Les 'Amuse-la-bouche' servis avec le café
Pour accompagner ce repas, deux vins et un poiré.
Saumur Brézé, Clos Rougeard 2008 (carafé 1 heure environ) : une robe jaune d'or assez évoluée, profonde et brillante. Un nez très complexe, d'abord sur des notes d'oxydatif ménagé. Puis des fragrances de menthe fraîche et de fleurs blanches. L'élevage est déjà bien intégré. En bouche, l'attaque est douce (au sens rond), glycérinée et grasse, mais dotée d'un remarquable équilibre. Le vin est élancé et tendu. Grosse minéralité crayeuse cristalline, complétée efficacement par une pointe insistante de végétal noble et une sensation d'amertume salivante et de volume, signe d'une juste maturité des raisins. Très belle complexité également. Notes de "poires salées". Finale proprement magnifique, qui oscille pour notre plus grand plaisir entre la tension et la rondeur, la maturité du jus et l'acidité du chenin, la salinité et un élevage plus marqué ici. Excellent ++
PS : je commence de plus en plus à apprécier ces élevages semi-oxydatifs, qui donnent toujours un supplément de peps aux vins, sous réserve de posséder au préalable une belle corpulence.
Hermitage 2002, Jean Louis Chave (ouvert 2 heures avant le service) : une robe sombre et soutenue, légèrement voilée. Un nez plutôt solide, d'abord sur des notes secondaires et tertiaires (tabac blond, fumé, feuilles mortes), puis révélant au fur et à mesure de l'aération un fruité intense et profond (cerises noires, notes fumées et épices douces). La bouche est étonnamment solide, bâtie sur des tannins encore bien présents, mais crémeux et enrobés. Une sensation de syrah nuitonne (épices douces, fruits noirs et rouges - cerises et cassis - réglissé et fumé) !!! Finalement, une impression de suavité et d'élégance, sur un registre de structure plus sudiste. Aucune note de sous-maturité ou de verdeur. Finale douce sans être doucereuse, d'une belle longueur, avec un grain élégant. Très Bien +++
Avec le plateau de fromages et les desserts, un Poiré Granit d'Eric Bordelet : toujours cette sensation intense de poires, une légère effervescence, une douce amertume et une minéralité qui confère un grain en bouche très rafraîchissant. Une bouche à la fois ronde et longue. Excellent
Quatrième visite, quatrième ravissement des sens, avec toujours un service juste et précis, tout en sachant rester décontracté. J'ai également noté une carte des vins plus étoffée, avec de belles références en Bourgogne (comme un Clos de Vougeot 2007 de chez Meo-Camuzet ou un Musigny 2009 (?) de chez Mugnier ...). Une adresse vraiment très très recommandable.
Une dernière vue sur le pont de Normandie avant de retrouver la maison.
Et puisqu'il faut bien nourrir la légende, le soleil est toujours de la partie, la preuve en est données par ces quelques clichés.
Bruno