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Nan Goldin: une photographe hors du commun

Publié le 11 février 2014 par Lifeproof @CcilLifeproof

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© Nan Goldin

Aujourd’hui, j’ai envie de vous présenter la photographe Nan Goldin, dont les clichés, sans prétention, sont empreints d’humanité. Retour sur son parcours : 

Après le suicide de sa sœur, Nancy Goldin de son vrai nom, est obsédée par l’idée de perdre le souvenir d’une personne. De là vient peut être son goût féroce pour la vérité à tout prix, quel que soit son aspect gênant, pénible et compromettant. Elle s’engage alors dans la lutte contre le mensonge et contre le matérialisme de l’époque. La photographie est pour elle une sorte d’apprentissage de la liberté, laquelle lui permettra de quitter prématurément le nid familial. À travers cette expérience photographique, Nan Goldin ne cessera de raconter sa vie et son histoire.

© Nan Goldin

De 1969 à 1972, elle suit des cours à la Satya Community School de Lincoln dans le Massachusetts, puis fréquente l'École des Beaux-Arts de Boston, où elle apprend notamment les techniques de la photographie couleur. Elle y fait également la connaissance du photographe David Armstrong avec qui elle se lie d'une forte amitié.

David, devenu drag queen, lui permet de côtoyer cet univers et de s’en approcher de très près. Au début des années 1970, les travestis se montrent peu et vivent essentiellement la nuit. Elle va alors les fréquenter et les photographier en vue de rendre hommage à leur beauté et leur marginalité. Elle a su très tôt que ce qui était montré à la télé n’avait rien à voir avec la vraie vie. Et cette « vraie vie » comme elle la nomme, elle va la capturer en saisissant leur quotidien, que bien de personnes se refusent à voir. S’en suivra une série de photographies intitulée The Other Side consacrée à ces figues de la nuit, prises entre New York, Paris et Berlin.

Gotscho embrassant Gilles, 1993, Paris

Nan Goldin, Gotscho embrassant Gilles, 1993. Issu du Cookie Portfolio. © Nan Goldin

En 1978, elle rencontre les membres de la culture punk de Bowery à New York. Pendant cette période, Nan Goldin continue à photographier ses amis et elle-même, minés par la consommation de drogues dures. Le ravage du sida qui survient au cours des années 1980 ne la laisse pas indifférente. Nombreux seront les clichés qui retraceront le parcours de ses amis vers la mort. La photographie Gotscho embrassant Gilles (1993) issue du Cookie Portfolio est assurément une des plus touchantes sur la tragédie du sida. Malheureusement atteint par la maladie, Gilles mourra cette même année. Goldin raconte avec beaucoup de compassion et d’affection les derniers mois qui lui restent à vivre, soutenu par son compagnon Gotscho.

Ce portfolio rend compte une fois encore d’une histoire très intime où les détails les plus choquants sont rendus avec tendresse. Elle photographie ses amis dès l’apparition de la maladie jusqu’à leur mort et expose un travail plus abouti et plus réfléchi.

© Nan Goldin

Pendant des années, son travail a traité de la dépendance sexuelle, obsédée, non par le sexe, mais par l’idée que l’on puisse être dépendant d’une personne, qui ne nous convienne pas, tant sur le plan affectif qu’intellectuel. Son intérêt premier est de saisir le comportement physique des gens, leurs relations, leurs sexualités et leurs identités sexuelles. Elle va également s’interroger sur ce besoin si fort d’être à deux. Ces questionnements vont amener Nan Goldin à réaliser une série sur l’histoire d’amour mouvementée qui la lie à Brian. Ces images sont prises à l’aide d’un déclencheur et révèlent la réalité de la scène. Son but est de photographier ce qui se passe, sans que rien ne soit programmé et sans savoir ce que les clichés vont rendre. Par cette série,Goldin nous plonge dans l’intimité de son couple. Le portait que dresse la photographie Nan et Brian au lit (1983) résume parfaitement l’isolement et l’aliénation après l’amour entre un homme et une femme.

Nan et Brian au lit, 1983, New York

Nan Goldin, Nan et Brian au lit, 1983. © Nan Goldin

Bien que ses photographies soient contemporaines, elles ont fortement été inspirées par la photographie documentaire des années 1930 et ne sont pas sans rappeler celles d’August Sander ou de Walker Evans. La photographie documentaire a eu pour Nan Goldin une vocation sensibilisatrice et sociale, déterminée à mettre en images les faces cachées de la société.

Comme nous avons pu le voir en explorant une partie de son travail, Nan Goldin dévoile ce qu’on nomme les « marginaux » : les travestis, les homosexuels, les drogués. Trop souvent stéréotypés, ces communautés la fascine et se met en quête de leur quotidien. Quelques-unes de ces personnes deviendront des amis, une seconde famille pour la photographe.

Ses images sont simples. Elles n’ont aucune prétention, leur but étant celui de renvoyer vers une vérité. Il n’y a donc aucun artifice, aucune retouche. Un cadrage simple sur le sujet.

© Nan Goldin

On a toujours pensé à tord que son travail portait sur le monde de la drogue, des fêtes et de l’underground. S’il est vrai que sa famille d’adoption a toujours été marginale, refusant les normes sociétales, ses photographies elles, traitent surtout de la condition humaine, de la douleur et de la difficulté à survivre.  

Marine.


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