Nous nous sommes rendus chez Denis Barraud pour une dégustation des vins (appellation Saint Emilion Grand Cru) du millésime 2012 en fin d’élevage et une première impression de ceux du millésime 2013. Nous faisons tout d’abord le point avec lui sur cette année viticole 2013.
Ce millésime 2013, qu’en penses-tu ?
Ce millésime 2013 est pour tout le monde très compliqué, très très compliqué.
Nous avons eu un départ de végétation très tardif, et une pousse de vigne très irrégulière, il a été très difficile de rentrer dans des parcelles sauf celles qui étaient enherbées, pour faire les traitements.
Cette floraison a- t- elle été homogène ?
Non, elle a été très hétérogène et très longue.
Tout d’abord nous avons eu de la coulure, puis du millerandage, ce qui était prévisible, malgré les traitements pour encadrer la fleur.
Donc, tu pars déjà avec des rendements réduits ?
Effectivement.
Et, j’ai eu des déboires, ceux que l’on sait…
J’ai subi les deux violents orages de grêle du 26 juillet, puis celui du 2 août, en pleine figure !
Ces deux orages m’ont anéanti et brisé le moral
A tel point que je n’avais pas envie de vendanger.
Le beau temps est revenu et le moral avec.
Nous avons eu un mois d’août chaud et sec.
Nous avons fait ce qu’on a pu : en ce qui concerne les Bordeaux dans les parties les plus grêlées, j’ai fait des rosés de pressée.
Je n’ai rien pu faire d’autre.
On est passé avec des machines à vendanger pour nettoyer les pieds de vignes, parce que les grappes qui pendaient étaient affreuses, il fallait les faire tomber.
On a vendangé à toute vitesse. Et, finalement ce rosé n’est pas mal du tout, car il est très fruité. Mais, il y en a très peu : j’ai fait 120 hl, au lieu des 400 hl.
C’était une année très difficile…
La fin du cycle n’a rien arrangé, avec un temps très pluvieux et orageux, chaud…
Ca se présentait bien à la fin août, mais en septembre, nous avons eu des températures tropicales, équatoriales, et un temps très humide.
Toutes les conditions étaient là pour développer le botrytis, qui a explosé en trois jours.
Il a donc été question de vendanger rapidement…
Oui, plus tôt que prévu, on n’a pas pu attendre la complète maturité phénolique (peaux et pépins).
Et cependant tu es sur des terroirs très précoces
Oui, je suis sur des terroirs très précoces…
On va maintenant déguster Lynsolence et Les Gravières 2012 qui sont, pour moi très bons et je vais te faire découvrir Lynsolence 2013 et Les Gravière 2013.
La dégustation confirme l’ingratitude du millésime, je constate un écart plus important que d’habitude entre la qualité des Gravières et de Lynsolence ; si la première partie de bouche est plaisante (Les Gravières) à très bonne (Lynsolence ) avec des fruits juteux, les finales sont plus dures et plus tanniques à ce stade de dégustation trop précoce, comme le sera celle des « primeurs » (32 mars au 3 avril).
Les vins ne pourront, plus que d’habitude, être appréhendés de façon plus sérieuse qu’ à la fin de l’élevage, qui bien mené, amadouera la dureté tannique des finales plus ou moins en fonction de la maturité des baies à la vendange
Les Gravières 2013
100% Merlot : rendement 20 hectolitres à l’hectare
La robe est assez profonde de couleur pourpre, le nez est net et frais, avec des arômes de cerises, de légères épices et des notes réglissées. La première partie de bouche est élégante, souple, veloutée, les tannins se font un peu plus granuleux dans un centre un ton au dessus de l’attaque, agrémenté de fruits frais. La finale est fraîche, fruitée, mais plus tannique, légèrement austère elle est ponctuée par de légers amers. Le vin est un peu chahuté par une filtration assez récente. En l’état : assez bon vin
Lynsolence 2013
100% Merlot : rendement 14 hectolitres à l’hectare
La robe est profonde de couleur sanguine, l’olfaction avenante, ouverte, évoque les cerises mûres, les épices douces, avec des notes florales (roses). L’attaque est charnue, d’un séduisant velouté de texture, la tannins sont assez serrés bien tramés dans un centre consistant et énergique (dans le contexte du millésime), rehaussé de fruits expressifs. La finale est persistante, fraîche, bien tenue par des tannins plus saillants, au grain moins poli qu’en attaque, avec la rémanence des saveurs décelées à l’olfaction, et des petites notes astringentes et d’amertumes classique dans cette phase d’élevage. En l’état : bon vin : un bon cran au dessus des Gravières
Denis nous propose de déguster deux assemblages de barriques : Les Gravières 2012, et Lynsolence 2012, qui sont, à mon avis, deux belles réussites dans ce millésime.
Les Gravières 2012
La robe est profonde, des reflets de teinte sanguine, le nez est ouvert et avenant avec des arômes de cerises mûres, de délicates épices douces, des notes de petites baies noires et d’élevage de qualité en retrait. L’attaque laisse percevoir des tannins fins et mûrs enrobés par une chair de bon aloi, le vin se développe dans un corps plein et ample conservant un élégant velouté de texture agrémenté de fruits gourmands et expressif. La finale est allongée, bien dessinée, fraîche, persistante à très persistante rehaussée d’une palette aromatique séduisante ( fruits, fleurs, fines épices) . Note potentielle 15,5/16
Lynsolence 2012
La robe est presque saturée, avec un liseré de couleur violine. L’olfaction intense, avec une sensation crémeuse évoque les cerises noires, la boite à épices, avec des notes de cassis, de légère réglisse et un élevage déjà bien intégré. La bouche est riche avec une chair serrée dès l’attaque, de beaux tannins dans une trame compacte et au grain poli donne de la densité de la sphéricité et de l’ampleur à un milieu de bouche, mis en valeur par des fruits mûrs et éclatants. La finale est longue, d’un élégant velouté de texture, d’une puissance maîtrisée, harmonieuse ( grâce la fraîcheur inhérente au millésime) avec des saveurs très expressives ( fruits noirs, fleurs, notés épicées) Note potentielle 16,5 voire un peu plus .
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble