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Politique du parcellaire dans les vignobles européens

Par Mauss

Qu'on nous permette de rebondir sur un commentaire intéressant de Nicolas Herbin qu'il a écrit dans les discussions faisant suite au billet sur le classement des terroirs en Barolo (ICI) :

"Parce que la tradition voulut qu'on assemble certains crus pour essayer de faire le plus grand vin possible, ce depuis quasiment les débuts du vin de Barolo dans la commune éponyme, et c'est dommage qu'elle se soit quasi perdue !
Mais la Bourgogne a tellement changé la vision des vignerons, notamment dans les vignobles du Sud de l'Europe, que tout le monde aujourd'hui veut faire du parcellaire... et de mon point de vue, franchement, à part sur de grands terroirs dignes de ce nom, le jeu en vaut rarement la chandelle..."

Tout le monde sait que la Bourgogne, pays des "climats" a poussé la gestion parcellaire des terres à un point extrême.

Si je ne me trompe, même à l'intérieur du Clos de Vougeot, certains vignerons citent le "Musigni". Entre les "grands crus", "premiers crus" et "villages", l'amateur a de quoi appréhender l'art de vignerons qui gèrent ainsi de multiples cuvées identifiées à ces délimitations géographiques dont certaines remontent à plusieurs siècles.

Techniquement, la loi des AOC permet à un vigneron d'assembler des jus provenant de diverses parcelles, pour autant qu'il descende dans la gamme des appellations. Ainsi, on peut trouver facilement des vins de Gevrey-Chambertin avec comme seule indication "premiers crus", ce qui signifie que le vigneron a assemblé des jus de plusieurs climats en "premier cru" sans pouvoir donner un nom précis.

Faut-il promouvoir ce type de vin ?

La première réponse qui vient à l'esprit est de dire que oui, en tout cas pour les vignerons qui n'ont que de petites parcelles, tant il est important pour eux, pour une même étiquette, de pouvoir mettre sur le marché une quantité minimale de bouteilles.

La seconde réponse possible est bien plus délicate : ira t'on ainsi vers de "meilleurs" vins ? Et cette marche vers ce qui passera pour une simplification des choses, est-ce une bonne évolution, souhaitable ? A titre perso, notre avis est négatif.

Et financièrement, un repli sur une AOC inférieure, ce n'est pas vraiment ce que pourraient rechercher des producteurs bien fiers, à juste titre, d'avoir quelques ouvrées de tel ou tel grand ou premier cru.

Par contre, en dehors de France, que se passe t'il ? Aux USA, cette identification parcellaire bat son plein et on ne compte plus les domaines qui sortent des cuvées mentionnant un lieu-dit spécifique.

Les vrais connaisseurs du Piémont peuvent effectivement avoir d'autres vues, et l'exemple le plus frappant a été, pour Roberto Voerzio de mettre sur le marché son "CAPALOT & BRUNATE" (en magnums seulement) qui est une des plus belles références de la région. 

C'est une approche qui peut plaire aussi aux amateurs, tant il est difficile, pour les cuvées rares, d'obtenir, de trouver quelques bouteilles qu'on gardera avec amour dans sa cave. 

On a un peu ce problème en Allemagne où, chez des producteurs comme Dönnhoff, Loosen, Huber, Wassmer et tant d'autres, on trouve un éventail affolant de crus, le tout se compliquant avec les types de vinification : kabinett, auslese, spätlese, BA, TBA, eiswein !

On le voit : c'est là un sujet de discussions passionnantes qui monteront en température en fonction des topettes qui alimenteront les intervenants :-)

DIVERS DU JOUR

Reçu le n° 16 de la revue luxueuse "VIGNERON". Remarquable pour les monographies de domaines aussi bien français qu'étrangers. Certes, ce n'est pas une revue critique en dehors des premières pages où quelques signatures évoquent en totale liberté des sujets d'actualité comme la triste évolution du Domaine de Vassal (Nicolas de Rouyn) ou la défense des grands formats par Gérard Margeon, bien aidé, dans son cas, par le fait qu'il s'occupe de tous les restaurants Ducasse où on ne sert pas prioritairement les beaujolais de Burgaud ou les gamay de Marionnet. :-)

Pour l'amateur de Bourgogne, de la page 34 à la page 57, de splendides photos (de Michel Baudoin) de quelques grands crus bourguignons de référence, avec des commentaires de Denis Hervier.

On devrait citer toutes les monographies de ce numéro : de Mike Grgich à Henri Bonneau, d'Arnaud Ente à François Xavier Borie, d'Angeline Templier (Champagne Lassalle) à André Cazes et Christophe Roumier.

La présentation de David Beckstoffer qui gère plus de 1.000 hectares en Napa Valley mérite une lecture attentive tout autant que la page sur Caroline Lestimé dont la phrase : "Le plaisir est dans le goût et non dans la connaissance" pourra faire l'objet de billets ultérieurs tant on aime cette idée de défendre l'amateur qui exprime ses sentiments, plaisir, émotion, plutôt que ses connaissances livresques ou pédantes.

Bon : cette revue coûte € 9. Elle n'a pas pour but de se lancer dans des analyses critiques mais bien plus de nous faire rêver avec des photos magnifiques et nous faire un peu mieux connaître quelques icônes des plus grands vignobles de la planète.

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Un mien ami me donne le lien suivant où, sur le mode du plan du métropolitain parisien, on trouve les principales AOC françaises et d'autres choses. ICI


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