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La sélection de la semaine : Valentine, Lune et l’autre, Les imprévisibles, La nuit de la Saint-Jean, Horologium, Cagaster, Adopte un Glurb, Myrmidon dans l’antre du dragon, Lucika Lucika, Before Watchmen Le comédien et Vacances de rêve

Par Casedepart @_NicolasAlbert

Celle-que-1Case Départ ne prend pas de vacances et vous présente sa sélection de la semaine. Parmi les albums dans les bacs des libraires, il y a quelques belles bandes dessinées. Le cinquième tome de la série pour adolescents Valentine, Lune et l’autre : un belle rencontre de 3 personnages dans un beau roman graphique, 6 super-héros losers se réunissent pour arrêter le maître-chanteur d’une cité dans Les imprévisibles, La nuit de la Saint-Jean : la culture finlandaise du début du 20e siècle à travers une belle histoire d’amour naissante, le septième tome de la série fantastique Horologium, le premier volume du manga de choc : Cagaster, Adopte un Glurb : un petit manuel jeunesse très drôle pour élever un monstre gentil, la troisième aventure de Myrmidon : Dans l’antre du dragon, le cinquième tome du manga familial Lucika Lucika, Le comédien : un nouveau recueil d’histoires de Before Watchmen et un album pour adultes : Vacances de rêves Bonnes lectures !

Valentine

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Vanyda continue sa plongée dans les turpitudes de l’adolescence avec sa belle série Valentine, dont nous vous avions parlé. L’auteure met en scène son héroïne dans sa nouvelle année scolaire en première, toujours entourée de ses amies, son protecteur ou son amoureux secret.

Nouvelle année scolaire et des changements en perspective dans la vie de Valentine. Premier grand chamboulement : sa chambre, elle décide de bouger ses meubles pour plus de confort ; deuxième chamboulement : l’entrée en première. Mais là, petite catastrophe, elle se retrouve seule, pas une de ses amies, ni de ses copines ne sont dans sa classe. Finalement, elle s’en acclimatera et attendra la pause-repas pour les revoir.

Julie, qui avait redoublée, se retrouve enfin du bon côté du grillage. Excitée, elle découvre un nouveau lieu qu’elle va vite dompter. Les deux sont rejointes par Yamina, la belle brune, fan de mangas mais qui ne reste que quelques secondes avec elles, partant voir son copain, Michel. Il y a aussi : Melvin, le beau black un peu foufou qui passe son temps à taquiner Juliette, avec qui, Valentine  décide de prendre des cours de hip-hop. Si la première séance est délicate, elle prendra par la suite plus d’assurance.

Et puis Mathis, l’ange-gardien, protecteur. Celui qui apparaît dans sa vie puis en disparaît aussi vite qu’il est arrivé. Celui qui donne des conseils de grand frère et qui ne la juge jamais.

Et enfin, Charles, qui a beaucoup grandi, qui a coupé ses cheveux, qui a bousculé Valentine mais qu’elle n’avait pas reconnu. Séduisant, il va petit à petit se rapprocher d’elle, lui chantant une veille chanson concernant son prénom et l’aidant dans ses exercices de maths chez lui…

Vanyda continue son introspection de la période de l’adolescence et dans le monde de la bande dessinée, c’est sûrement la série dessinée qui est la plus proche de la réalité. C’est à la fois tendre, sensible mais parfois dur en ce qui concerne les sentiments exacerbés de ses jeunes héros. Simples adolescents dont le jeune lecteur se sentira forcément proche, leur vie quotidienne est racontée avec une grande justesse et une grande authenticité. Entre la fin de l’enfance et le début de la vie d’adulte, les clichés sont souvent évités et cela fait du bien. Dans ce cinquième tome, il y a toujours de la tension : entre le beau Charles, Félix et Mathis, Valentine ne sait plus où elle en est ; mais il y a aussi Yamina qui s’éloigne depuis qu’elle est amoureuse de Michel et il y a aussi le bac de français en fin d’année. Jamais ennuyant, le récit est porté par un dessin semi-réaliste sobre, d’une grande clarté, avec de grandes cases qui font la part belle aux personnages. Prévue en six tomes, cette réédition s’intitulait initialement Celle que…, toujours chez Dargaud.

Valentine : une belle série magnifiant l’adolescence ; entre doutes et certitudes ; entre enfance et entrée dans la vie d’adulte. Une belle réussite !

  • Valentine, tome 5/6
  • Auteur : Vanyda
  • Editeur: Dargaud
  • Prix: 11,99€
  • Sortie:  6 juin 2014

Lune et l’autre

lune et l'autre
Lune et l’autre est une fable contemporaine et fantastique de Gabriel Germain mettant en scène la rencontre de trois êtres solitaires malmenés par la vie

Japon, Hôtel White Rabbit. Risa se tient incrédule devant le corps inerte de son souteneur. Son mac, qui la faisait chanter, elle vient de le tuer. Avant de s’enfuir, elle prend une douche salvatrice afin d’effacer le sang qui la macule. Dans sa fuite, à l’intersection de deux rues, elle heurte un passant et perd son portefeuille. Cette homme, c’est Shin’Inchiro, un salaryman, mal dans sa peau depuis qu’il sait qu’il va devenir père. Déjà débordé par son travail, il a peur que cet événement ne l’enfonce encore plus dans une abîme sans fond. Proche du burn-out, cette bousculade va le maintenir en vie.

Risa monte dans le dernier car de la journée, direction son village d’enfance, où elle pense qu’elle retrouvera la sérénité et l’innocence de sa vie passée. A bord, elle découvre Hana, cachée sous un siège. La petite fille mutique, elle aussi, fuit la grande ville pour un ailleurs meilleur. Seules, toutes les deux, elles vont se protéger mutuellement.

Arrivées dans la petite ville, elles continuent à pied jusqu’à un hôtel en périphérie. Modeste établissement, elles sont accueillies par un jeune homme un peu louche. Pendant la nuit, Hana ouvre sa valise où une belle fleur scintillante se dévoile. Elle lui parle, seul lien avec sa maman disparue.

Le lendemain, sur la plage, la petite fille ouvre enfin la bouche pour donner son prénom à Risa. La confiance s’installe, mais la femme n’a déjà plus d’argent pour payer l’hôtel.

De son côté, Shin’Inchiro se rend au White Rabbit pour rendre le portefeuille à sa propriétaire, là il découvre le corps sans vie du mac mais plus étrange, le corps dématérialisé de Risa…

A travers 128 pages, Gabriel Germain, aidé de Olivier Bocquet pour le scénario, livre un récit singulier mêlant le Japon contemporain, le fantastique et la magie ancestrale de ce pays. L’histoire de ces trois personnages, anti-héros, dont la vie est très éloignée, est construite avec une grande délicatesse. Il brosse le portrait d’êtres qui n’ont plus réellement goût pour la vie : Risa, voulant s’affranchir de sa condition de prostituée et prête à tuer son mac, Hana, petite orpheline qui ne croit toujours pas en la mort de sa maman et Shin’Ichiro, cadre au bord de l’implosion. Ces trois-là vont s’unir pour forcer le destin et trouver une vie meilleure, formant une famille recomposée. Le scénario de cette histoire délicate et tout en sensibilité, fleurte avec le vide, étant toujours sur le fil fragile de la vie. Sombre par le passé de ces personnages, elle est pourtant d’un grand optimisme. Le trait de l’auteur de Brouillard au pont de Bihac (avec Oppel, Casterman) est lui aussi très original. Marqué par des influences de mangas, ce beau roman graphique est composé de planches aérées de 3 à 5 cases. Malgré quelques petites erreurs graphiques de temps à autre, le lecteur pourra aussi découvrir un bel hommage à Miyazaki (un vieil homme ayant son aspect).

Lune et l’autre : Teinté de magie, ce roman graphique permet de passer un bon moment de lecture. Gabriel Germain est un auteur prometteur à suivre.

  • Lune et l’autre
  • Auteurs : Gabriel Germain et Olivier Bocquet
  • Editeur: Casterman
  • Prix: 18€
  • Sortie:  25 juin 2014

Les Imprévisibles contre Le fossoyeur

les imprevisibles
Une équipe de 6 personnes est constituée pour débarrasser la ville du Fossoyeur, un homme qui tous les ans à la même époque fait chanter le maire et ses administrés. Les sacrifiés, ayant chacun un don, ne seront pourtant pas pleurés s’ils meurent. C’est le propos des Imprévisibles, un album scénarisé par Fabrice Linck et mis en image par Vanessa Cardinali.

Brewery City. Cette petite ville où il fait bon vivre est composée de 300 000 habitants. Pourtant, le jour du Solstice d’été, chaque année, Le Fossoyeur vient réclamer son dû : 6 millions d’euros et en contrepartie, il ne s’en prendra à personne pendant un an.

Pour contrecarrer les desseins de l’homme en noir, Daniel Siegel, le Maire décide de constituer une équipe de choc. Parmi eux, il y a des patients du Memorial Hospital, dont : Victor, qui a le don de pouvoir se régénérer malgré tous les impacts possibles. Rien ne l’atteint, ni les balles, ni les chocs avec les camions. A chaque fois, il s’en relève sans aucune égratignures.

De son côté, Jérémy, informaticien, décide de quitter son travail qu’il occupe depuis deux ans. Son passe-temps favori : aider son prochain derrière un masque noir, toutes les nuits.

Afin de finaliser son équipe, Victor met en place un casting avec tous les patients de l’hôpital. Avec l’aide de William, il trouve : une femme à la force herculéenne, Coralie, la petite fille qui ne maîtrise pas encore son pouvoir, Léonard qui peut influer sur la pensée des personnes mais qui s’évanouit tout le temps. Auquel s’ajoute Jérémy. Les 6 imprévisibles sont prêts pour le combat final.

Publié au Long Bec, une jeune maison d’édition qui n’a qu’un an d’existence, établie à Strasbourg, le récit fantastique de Fabrice Linck est assez efficace. Misant sur l’humour et l’action, l’auteur de Zombie Walk met en scène 6 losers, sans famille et sans amis. Si l’histoire peine un peu à se mettre en place, la seconde partie de l’album est très intense en rebondissements et en combats. Il fustige au passage, les maîtres-chanteurs, les politiciens prêts à tous les sacrifices afin de s’arranger avec la réalité et gagner ainsi des électeurs mais aussi les super-héros. Le trait en noir et blanc de Vanessa Cardinali rend parfaitement cette ambiance de tension teintée d’humour. Les visages de ses personnages sont anguleux et son dessin simple et très lisible est d’une grande efficacité. Les planches sont agrémentées de grands aplats noirs ou gris bienvenus.

  • Les Imprévisibles
  • Auteurs : Fabrice Link et Vanessa Cardinali
  • Editeur: Long Bec
  • Prix: 12,95€
  • Sortie:  20 juin 2014

Solstice d’été

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La nuit de la Saint-Jean est un roman graphique de Reeta Niemensivu, paru aux éditions Cambourakis.

Finlande, 1987. La petite Reeta et sa famille passent la soirée de la Saint-Jean chez leur grand-mère. Alors que dehors le tonnerre gronde, elle commence à raconter sa rencontre avec Jussi, son mari, dans les années 20.

Jussi, un bel adolescent blond, a trois bons amis avec lesquels il passe le plus clair de son temps, comme en cette journée de la Saint-Jean. Au temple, les quatre garçons sont sûrs de voir de jolies filles et de pouvoir en embrasser une dans la soirée. Le sermon du nouveau jeune pasteur risque d’être novateur, lui qui rêve d’une grande carrière religieuse.

Le jour d’avant, la future grand-mère de Reeta, accompagnée de sa meilleure amie, vient récupérer le chemisier blanc qu’elle avait enfoui dans une fourmilière pendant trois jours, comme la croyance ancestrale le conseille, afin de trouver un futur amoureux.

Autour du feu de joie, le premier contact entre Jussi et sa future femme n’est pas une réussite : l’adolescente se tortille dans tous les sens à cause des fourmis encore dans son chemisier…

Dans une Finlande du début du 20e siècle, entre traditions et modernité, Reeta Niemensivu livre un album simple, aérien et léger, où l’amour tient le rôle principal. Par la rencontre de ses deux grands-parents, elle décrit un pays où la religion se mêle intimement aux rites plus païens. La grand-mère essaiera toutes les vieilles recettes délivrées par une vieille femme, sorte de sorcière à la magie noire. Tandis que Jussi sera séduit par sa future femme sans aucun artifice. L’ambiance de quasi insouciance est dépeinte d’une belle manière. L’histoire familiale, ainsi qu’un fait divers dramatique (l’incendie de l’église en 1928 par la foudre, faisant 4 morts), permettent de plonger le lecteur dans la culture populaire finlandaise. Le trait tout en rondeur rend parfaitement l’atmosphère joyeuse de l’album. Les planches sont équilibrées et proposent des cases sans cadre. Les couleurs pastel sont soulignées par des touches au crayons de couleurs.

  • La nuit de la Saint-Jean
  • Auteur : Reeta Niemensivu
  • Editeur: Cambourakis
  • Prix: 18€
  • Sortie:  6 juin 2014

Triangles

horologium
C’est en 1993 que Fabrice Lebeault crée l’univers mécanique de Horologium. Après les cinq premiers tomes qui constituaient un cycle complet, les deux suivants sont des récits autonomes. Pour ce septième volume, Les couloirs changeants, l’auteur met en scène des inspecteurs devant résoudre les crimes de la cité liés aux fameux triangles que les habitants ingèrent.

Dans les cinq premiers albums, le lecteur faisait la connaissance de la Cité futuriste d’Horologium, fondée sur les lois de la mécanique. Les machines asservissaient les êtres humains. Tous les habitants de la ville possèdent un clef rouge sur la tête qu’ils doivent remonter fréquemment, ce qui permet de contrôler leurs sentiments et leurs pulsions animales. L’homme étant considéré comme un être imparfait, au contraire des robots. Le Grand Rouage, les gouvernants, est réservé qu’à une minorité élitiste, aidée par la Police Religieuse, qui veille aux bonnes mœurs des êtres humains.

Dans la cité, le seul aliment autorisé est le Triangle, que les habitants doivent ingérer et qui permet d’endormir leurs pulsions les plus primitives. Fabriqués dans un endroit secret dont les employés en sont que des robots, ces aliments-récompenses vont prendre une autre dimension au fil des années. Quelques personnes les échanges contre des fruits, des services ou des passe-droits, et les résistants au système préconisent même de réduire leur consommation. Des fonctionnaires sont désignés pour récolter les Triangles. Pour arriver dans l’usine, ils doivent emprunter des couloirs changeants, des passages amovibles qui ne s’ouvrent que grâce à des codes secrets.

Alors que les policiers du service des violences privées (SVP) partent sur le lieu d’un suicide, ils croisent un engin de la Police Religieuse en fâcheuse posture : des morts sont à déplorer. Néanmoins, ils n’ont pas le temps de s’attarder, ils doivent résoudre l’énigme de la mort d’une jeune femme. Si les plus anciens concluent hâtivement à un suicide, la policière est intriguée par un gant que tient la défunte.

Le SVP est dirigé par le major Meursy, entouré d’enquêteurs souvent désabusés et blasés par la routine. Alors que le patron discute au téléphone avec le procureur, il l’informe qu’une chasse à l’homme a lieu en ville. Beauregard, un dissident qui a voulu mettre en place un nouveau programme sur les robots qu’il utilise tous les jours afin que ces derniers soient plus cléments lorsqu’ils doivent rééduquer les réfractaires, est poursuivi par la Police Religieuse…

Les couloirs changeants, comme le tome précédent Le ministère de la peur, se déroulent avant le premier cycle de Horologium. Sorte de préquel, Fabrice Lebeault met en scène des enquêtes policières plus classiques. En effet, à la fin du cinquième volume, la ville fut détruite, il était donc difficile de continuer l’aventure pour l’auteur. La seule possibilité était une histoire avant le récit originel. Néanmoins, le natif d’Albi ne déstabilise pas son lectorat, puisqu’il distille dans cet album les mêmes ingrédients qui ont fait le succès de Horologium : une cité mécanique qui écrase ses habitants tel la Metropolis de Fritz Lang, un pouvoir dictatorial aux mains d’une minorité qui agit sur la vie des habitants par les fameux Triangles, le dédale de la fonction d’état, une police qui se repose sur ses lauriers mais qui agit fermement, la privation des libertés, et toujours un dissident prêt à remettre en cause les gouvernants. Il continue ainsi de fustiger le rapport hommes-machines ainsi que le poids important de la religion dans nos sociétés. Le récit classique est très bien écrit mais il manque un petit déclic pour que l’intrigue prenne réellement son envol comme avait pu l’être celle du premier cycle, une série fabuleuse, novatrice, intéressante et aux ressorts philosophiques qui faisaient réfléchir le lecteur; un mix entre Orwell et Moebius (Alph’art Coup de cœur en 1995 à Angoulême). Mais reste le dessin majestueux de l’auteur du Croquemitaine (avec Filippi, Dupuis) : les décors et les personnages affublés de chapeau melon mais surtout les machines fabuleuses, que l’on pourrait croire sorties du cerveau de Léonard de Vinci, sont magnifiques. Son trait clair est précis et son découpage sensible est sans fausse note.

  • Horologium, tome 7 : Les couloirs changeants
  • Auteur : Fabrice Lebeault
  • Editeur: Delcourt
  • Prix: 13,95€
  • Sortie:  04 juin 2014

Epidémie entomologique

cagaster
Glénat publie ce mois-ci le premier volume de Cagaster, un shônen inédit dans le monde. Prévu en six tomes, il est signé Kachou Hashimoto pour son propre compte (sans prépublication). Ce manga met en scène Kidow, un exterminateur d’insectes géants, qui sauve une jeune fille d’une attaque.

Fin du 21e siècle. Dans un monde post-apocalyptique. Une étrange maladie fait son apparition et contamine les êtres humains. Un homme sur mille est touché. Ce mal le métamorphose en un insecte géant anthropophage. Deux tiers de l’humanité est décimé.

2125, Asie du Sud-Ouest. Kidow, dont le métier est d’exterminer les monstres, est en prise avec un Cagaster. Armé d’un grand sabre japonais, l’agile adolescent le tue. Comme pour la plupart de ses missions, il est payé par des hommes riches pour les protéger des monstres porteurs de maladie. C’est encore le cas pour ce nouveau travail : les insectes dévorent les humains, le commanditaire récupère les restes et Kidow le protège.

Après l’attaque de l’insecte, le duo improbable découvre un survivant dans une jeep. Alors que le père est touché et donc promis à une mutation en monstre, il demande à l’exterminateur de veiller sur Ilie sa fille, non-contaminée et de retrouver sa mère. Kidow accepte malgré les réticences de son binôme.

Tous trois décident alors de partir vers la Cité marchande E-05. En effet, la ville est située à l’Est de l’Asie, un endroit où la vie humaine reprend enfin ses droits après 30 ans de colonisation d’insectes. Régit par un pouvoir militaire auto-proclamée, la cité est pourvue d’un système anti-Cagaster performant, ce qui a permis aux hommes de se protéger…

Voilà un shônen qui démarre fort. Entre Mad Max et Kafka, le récit de ce premier volume met admirablement en place l’intrigue. La mangaka distille avec parcimonie des éléments pour les futurs tomes. De l’action, de la baston et une histoire troublante entre Ilie et Kidow permettent d’accrocher le lecteur. Le passé du jeune adolescent de 17 ans comme celui de la jeune fille laissent entrevoir de belles possibilités. De plus, le trait vif et fluide de la japonaise est très agréable à l’œil.

L’inspiration de Kachou Hashimoto vient de la Métamorphose de Franz Kafka : « L’idée de mutation humain-insecte vient de La métamorphose de Franz Kafka. A l’image de ce roman, ce n’est pas la transformation en elle-même que j’ai voulu illustrer, mais ce qui se passe autour : les changements que ceci apporte dans le monde environnant et chez les personnes qui y vivent ».

Cagaster : un excellent début pour un shônen explosif !

  • Cagaster, volume 1/6
  • Auteur : Kachou Hashimoto
  • Editeur: Glénat Manga
  • Prix: 6,90€
  • Sortie:  02 juillet 2014

Comment élever un Glurb ?

glurb
Dans la collection Balloon toons des éditions Didier Jeunesse arrive l’album pour enfant Adopte un Glurb ! mis en image par Elise Gravel, ce manuel permettra à tous de pouvoir élever ce gentil monstre dans les meilleures des conditions.

Gentil monstre, le Glurb nait dans un œuf poilu et puant. Tout petit, il est tout rouge avant de devenir tout noir, une fois adulte. Il possède un énorme estomac, un cerveau moyen et des pieds ventouses collantes. Pour trouver un Glurb, rien de plus facile, il suffit d’aller dans un Monstrerie et pour 10 centimes, en acheter un. Alors qu’il a de petits bras et de petites jambes, il est néanmoins très costaud, peut courir très vite, peut crier et mordre très fort.

Il aime se promener sur les chaussures, se faire chatouiller, communiquer avec les oiseaux, dérouler le papier toilette.

Si on crie trop fort, il peut attacher nos lacets ensemble ou arracher nos poils de sourcils pendant la nuit. Enfin, il pleurniche si on ne s’occupe pas assez de lui ; il faut donc l’emmener avec nous à l’école où il apprendra à lire et à compter…

Voici un guide pratique pour élever un animal domestique drôle et décalé. A travers, un petit monstre gentil, Elise Gravel fait un parallèle judicieux avec l’élevage d’un animal de compagnie. Toujours avec énormément d’humour, tout y passe : la naissance, les caractéristiques physiques, ce que le Glurb aime, ce qu’il déteste, son entretien… Pour égayer son propos, elle n’oublie pas toutes les bêtises qu’il pourra faire s’il s’ennuie ou si l’enfant ne s’occupe pas assez de lui. Elle parodie ainsi d’une manière agréable les guides existants sur les chiens et les chats pour le plus grand bonheur des jeunes lecteurs dès 4-5 ans. Le trait simple de l’auteure canadienne est efficace parce que d’une grande lisibilité.

Adopte un Glurb ! : petit manuel amusant pour élever un monstre gentil et farceur. Décalé et très drôle.

  • Adopte un Glurb !
  • Auteur : Elise Gravel
  • Editeur: Didier Jeunesse, collection Balloon Toons
  • Prix: 9€
  • Sortie:  21 mai 2014

Myrmidon face au dragon

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Après Myrmidon au pays des cow-boys et Myrmidon dans l’espace, le petit garçon facétieux est de retour dans un album pour très jeunes lecteurs Myrmidon dans l’antre du dragon. Face à la bête fabuleuse, comment va-t-il s’en sortir ? Ce petit conte sans parole est toujours l’oeuvre de Loïc Dauvillier et Thierry Martin.

Myrmidon se tient devant une épée bien vissée dans une enclume. Tel le Roi Arthur, il essaie tant bien que mal à arracher l’objet de son socle. Tombé à la renverse, il enfile ensuite la tunique de vrai chevalier et le casque, laissés là par l’un d’entre eux.

Avec son costume, sa force est démultipliée, il réussit à enlever l’épée et commence à frapper contre les cadres des cases de l’album. Mais acculé au sol, il décide de creuser un trou pour se sortir de ce piège. Il tombe alors dans un trou où dort un terrible dragon…

Pour cette troisième aventure de Myrmidon, le voilà en prise avec un dragon. Armé de son bouclier et de son épée, il pense qu’il pourra en venir à bout. A travers les 32 pages de cette album, au format à l’italienne, Loïc Dauvillier livre une histoire drôle, tendre avec un brun de suspens et de tension. Tout pour plaire aux jeunes lecteurs de 3-4 ans, qui comme pour les précédents tomes, s’identifieront tout de suite au petit garçon espiègle. Dès la première case, ils sont plongés dans l’aventure, tels les chevalier de la table ronde. Sans temps mort, tout s’enchaîne tambour-battant, grâce à un découpage très lisible avec deux cases par planche. Le trait de Thierry Martin est léger et aérien. Ici le petit héros est en couleur tandis que son adversaire, la bête fabuleuse, est suggéré par de simples traits rouges, noirs et jaunes. Encore une fois, ce procédé permet tout de suite aux enfants de reconnaître Myrmidon et d’enchaîner ses actions.

On commence par une belle surprise (l’épée, le costume), on continue par de la peur (le dragon) et on termine par un grand soulagement et un éclat de rire. Tel un rêve, Myrmidon repart comme il est arrivé, comme si de rien n’était.

  • Myrmidon dans l’antre du dragon
  • Auteurs : Loïc Dauvillier et Thierry Martin
  • Editeur: Editions de La gouttière
  • Prix: 9,70€
  • Sortie:  19 juin 2014

Lucika Lucika, petite fille espiègle

lucika lucika
Déjà le cinquième volume pour la série familiale Lucika Lucika. Publié par Ki Oon, le manga est toujours signé Yoshitoshi Abe. Le jeune lecteur retrouve toute la malice de la petite fille espiègle, à travers 6 petites histoires. Parmi elles, il y a :

- Qu’est-ce qui est rond, blanc et qui rigole ? Lucika Lucika est intriguée par un sac de courses abandonné dans l’entrée de sa maison. Elle ouvre alors le paquet et découvre une drôle de forme blanche. Elle pense que cet ovni est une bombe, puis une brioche. Yukiki, sa sœur aînée arrive et lui explique ce que c’est…

- Des quêtes et des manettes. Marou, le frère aîné de Lucika Lucika se tient devant son écran de télé : il joue à son jeu vidéo favori. A ses côtés, la petite fille est intriguée par les patates douces que le jeune adolescent doit tuer. Mais ce dernier est interrompu par Yukiki qui lui demande d’aller faire des courses pour le dîner car c’est son tour. Il demande alors à sa jeune sœur de continuer sa partie en attendant son retour, non sans lui avoir fait quelques recommandations concernant le jeu…

- Musique maestro. Lucika Lucika aime rester de longues minutes devant le passage à niveau de sa cité. Entre chaque train, elle écoute les bruits que font la barrière, le signal ou le feu bicolore. Tel un chef d’orchestre, elle aimerait que les tac-tac et les ding ding jouent à l’unisson…

- Existe en blanc, à pois ou à rayures. Le froid s’installe au Japon et Paa, le père aimerait retrouver ses leggings afin de les porter sous ses pantalons. Il demande alors à Lucika Lucika de l’aider dans sa tâche. Mais la petite fille fait une belle confusion, elle ne sait pas ce que sont Les Gings. Elle pense que ce sont des petits monstres coiffés de pantalons…

Les mini-récits de Yoshishi Abe sont toujours d’une excellente qualité. Entre poésie, rêverie et humour dévastateur, le jeune lecteur y trouvera son compte. La candeur et la crédulité de Lucika Lucika sont attendrissants et d’une grande sensibilité. La grande réussite de la série repose sur la personnalité de la petite fille : naïve, espiègle et amusante souvent malgré elle. Tels les enfants, elle est en perpétuelle recherche de la vérité et se questionne pour notre plus grand bonheur. Le ressort comique du manga repose aussi sur les réponses loufoques qu’elle peut apporter à ces interrogations. Si le titre que nous vous avions présenté, nous ne avait pas réellement conquit, celui-ci nous plaît beaucoup plus. Rare pour être signalé, le manga est entièrement en couleurs.

Lucika Lucika : c’est drôle, tendre, naïf et rafraîchissant !

  • Lucika Lucika, tome 5
  • Auteur : Yoshishi Abe
  • Editeur: Ki oon, collection Kids
  • Prix: 9,65€
  • Sortie:  26 juin 2014

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Before Watchmen,

Le comédien

le comédien
Inventé par Alan Moore et Dave Gibbons, Le Comédien des Watchmen connaît une deuxième vie sous les crayons de Brian Azzarello et J.G. Jones.

Eddie Blake, dit Le Comédien est le personnage par qui tout Watchmen commence. Son meurtre est un effet le point de départ de l’aventure des héros de Moore et Gibbons.

Héros de la guerre du pacifique, Eddie Blake, dit le Comédien y a noué des liens d’amitié avec un certain John Fitzgerald Kennedy. Mais, son assassinat dans les années 1960 a eu pour conséquence de faire voler en éclats les derniers vestiges d’idéalisme qui lui restaient. Désormais, le Comédien était devenu incontrôlable et n’avait plu qu’un but : montrer au monde l’étendue de la farce cosmique que représentait l’existence.

Dans un contexte de Guerre froide, Brian Azzarello explore le côté sombre du Comédien, personnage amoral mais extrêmement humain. Pourtant l’amateur de la série originelle Watchmen pourra un peu être déçu par la tournure que peuvent prendre les événements décrits dans cet opus. Le scénariste avait pourtant un excellent matériel de départ, qui plus est en faisant de Eddie, un ami des frères Kennedy, lui qui tuera indirectement le président. Les récits ne sont guère emballants et que dire de la partie graphique ! Si le retour de J.G. Jones pouvait augurer d’une bonne performance, c’est plutôt moyen. Beaucoup d’approximations et on a l’impression que certaines planches ont été même bâclées. Cela se voit encore plus car son dessin adopte un style réaliste. Le comédien est de loin le moins réussi de la série Before Watchmen.

  • Before Watchmen, Le comédien
  • Auteurs : Brian Azzarello et J.G. Jones
  • Editeur: Urban Comics
  • Prix: 15€
  • Sortie:  6 juin 2014

Vacances de rêve

(album pour adultes)

vacances de rêve
Vacances de rêve est un album pour adultes de Ardem, publié par Dynamite.

Flo, très belle étudiante, a raté son bac. Pour passer du bon temps, elle décide de partir pour le sud de la France. Partie avec un homme très riche, elle est planté par son bel amant, sans un sou en poche. Elle rencontre alors Maxime, un homme, qui vend des beignets sur la plage. Il lui propose de travailler avec lui après le départ d’une de ses collègues. Mais pour gagner sa place, elle doit accepter les avances de Mario, le patron gros, sale et malodorant.

De plus pour régler la note de l’hôtel, laissée par son amant, elle doit aussi payer de sa personne avec des amis du patron, comme Charles, riche homme d’affaires…

Vacances de rêve est une réédition de l’album de Ardem, paru initialement aux éditions Média 1000. Le récit et le dessin très classiques de l’auteur mettent en scène les vacances polissonnes de Florence, étudiante n’ayant pas froid aux yeux. L’histoire ravira les plus âgés des lecteurs, tant le trait clair est daté années 80. Un beau travail de relecture pour cet album facile à lire grâce à une grande lisibilité des planches.

  • Vacances de rêve
  • Auteur : Ardem
  • Editeur: Dynamite
  • Prix: 14,80€
  • Sortie:  20 juin 2014

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