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Une journée piémontaise

Par Mauss

Trop court passage au Piémont mais belles visites à Sandrone, Voerzio, Gaja et Bruno Rocca.

Comme cela semble le cas un peu partout en Europe, les vignerons n'ont pas chômé cet été. Excès de pluie, parfois de la grêle, donc des traitements en veux tu, en voilà : bref : tout le monde espère un beau mois de septembre.

On a parlé de tout et de rien. Un peu plus de l'évolution constatée dans cette si belle région, maintenant confirmée à l'UNESCO, avec cette idée un peu saugrenue de ma part :

- comparer l'évolution du prix de l'hectare (en cru reconnu) entre plusieurs régions européennes, à partir de 1970 jusqu'à maintenant.

Probablement qu'on arrivera à trouver des chiffres certifiés et je suis près à prendre un pari que ce sont les terres piémontaises qui ont connu la plus forte croissance en valeur depuis ces années 70.

Mais, quelque soit le résultat, que tirer comme conclusions d'un tel classement ?

Brut de fonderie :

- que la région compte suffisamment de grands vignerons qui ont su produire des vins de référence et qui ont su les vendre internationalement : donc qui ont réussi, mieux qu'ailleurs, à donner une notoriété croissante à leur région.

- que la région compte bien des terroirs de qualité reconnue par les amateurs

- que si les prix ont ainsi progressé, c'est bien que quelque part, l'investisseur a fait ses calculs, ses prévisions et a accepté de payer les prix demandés en n'oubliant jamais que dans cette région, ce sont, comme en Alsace, les locaux, déjà producteurs, qui achètent de nouvelles terres. Ainsi, Sandrone, parti de rien, à maintenant 68 ans comme bibi, est propriétaire de plus de 20 hectares : comme quoi, travail, épargne et amour du beau peuvent aider à se construire un patrimoine.

Dans un tel classement,  il est évident que la taille, en superficie, de la région joue un rôle important. Ainsi, on ne s'étonnera pas de trouver la si belle Toscane à un niveau inférieur dans ce type de comparaison. Et on laissera de côté la folie bourguignonne, là où la notion de rentabilité devient un facteur secondaire par rapport à l'aura qu'on peut tirer d'un tel investissement.

Bref : tout cela pour dire à quel point le Piémont viti-vinicole a connu une véritable révolution qu'on aurait du mal à constater ailleurs.

Petite confirmation ce jour des pérennités locales : le restaurant Osteria del Vignaiolo (ICI) reste serein sur les grands classiques de la région, parfaitement réalisés : carne cruda e les "plin" à la sauge. Invité par Luciano Sandrone lequel, comme tout piémontais qui se respecte, choisit des vins de ses confrères. Ou plutôt m'a fait choisir un vin autre que les siens.

Vue le temps ce fut :

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Un peu serré pour un Dolcetto, mais quelle matière !

Et à la table voisine, un autre producteur recevait de jeunes clients avec là un de ses vins :

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Une barbera de 2001

Je ne vous dis pas les amis à quel point la finesse et l'élégance de ce vin m'ont violemment frappé. Une totale découverte, un peit bijou de barbera. Une beauté totale, un plaisir ***, c'est à dire une pure gourmandise.

Malgré mes menaces de lui présenter mes amis siciliens "grand manteau", Monsieur Viberti a essayé de me convaincre qu'il n'en a plus du tout, même dans sa cave privée. Ce qui est certainement un pieu mensonge. On fera un forcing au prochain passage fin septembre.

Une rencontre singulière chez Bruno Rocca (fabuleux, ses nouvelles installations sur 3 niveaux) : les nouveaux propriétaires d'un restaurant italien à Beaune venant faire leurs emplettes. La Tavola Calda (ICI). Je ne le connais pas, faudra l'essayer mais un bon a priori pour ce nouveau chef-propriétaire qui cherche directement ses vins en Italie.

Bien sûr, chez Gaja, porte fermée : on ne vend jamais en direct. Il faudra qu'ils passent par l'importateur en France. Etonnant comme ce nom se vend si bien en Bourgogne alors que chacun sait que les prix du fascinant Angelo Gaja sont maousse costauds !

Angelo est un homme à part. S'il laisse de plus en plus ses deux filles (sympas comme dieu pas permis) prendre les choses en main sur les 3 domaines (Piémont, Brunello et Bolgheri), il a des concepts, des initiatives singulières.

Exemple 1 : pas de site internet. On lui a dit notre point de vue sur la chose : on verra bien si l'idée soumise passera ou non de créer un site réservé aux amateurs-clients de la maison par un code d'accès, sans anonymat, afin de connaître l'évolution des crus comme ils sont analysés directement à la propriété qui les déguste très régulièrement.

Exemple 2 : si on veut visiter caves et château, on doit payer € 250. Non, ne criez pas ! Cette somme est intégralement versée à des oeuvres charitables, pièces à l'appui, et cette année cela devrait rapporter en tout plus de € 200.000.  Bien évidemment, il y a "des pour et des contre". mais ça, c'est Angelo (… à qui un critique a dit un jour de forte chaleur : "Angelo, tu ne peux pas être dieu, la place est prise !"). Douceur des collines piémontaises… :-)

Demain, visites à Tenuta San Guido d'Incisa della Rocchetta, puis Ornellaia et Masseto, ensuite Argentiera et le soir, première visite au Castiglion del Bosco (ICI) : un complexe paraît-il unique au monde sur 2000 hectares en Montalcino, créé par Massimo Ferragamo que j'espère convaincre de venir à notre événement à Villa d'Este. 

Puis, en fin de semaine, le Festival de Musique à ColleMassari où on aura le plaisir d'écouter Silvia Chiesa et Maurizio Baglini et d'autres musiciens classiques ou jazz.Oui, oui : sur pianoforte FAZIOLI !


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