Le Cinéma je le vis avec un grand C.
Je l'ai étudié, écrit, tourné, visionné, incarné, vécu et la rupture n'aura jamais été totale quand j'ai choisi de faire des choix versant dans le familial à l'aube des années 2000.
Ce qui m'a aussi rendu moins tolérant quand je vois des films mal travaillés. Rien ne m'impressionne plus qu'une bonne histoire. Ce qui ne m'empêche pas de m'extasier devant des films comme Sin City. Mais qui m'éloigne de tout Besson, qui tourne peut-être pas si mal mais écrit comme un ado de 14 ans.
Je consomme encore aujourd'hui, depuis 2009 je dirais, beaucoup beaucoup de films. La plupart du temps seul. Et à des moments où je choisi de voyager dans la tête d'un auteur, d'un univers, d'une texture mentale, où je choisis de me prêter pendant 90, 100, 120 ou 160 minutes dans une proposition qui me transportera ailleurs ou me passera 100 pieds au dessus de la tête.
Je baigne dans le cinéma comme on lirait un journal de la première à la dernière page. Je me laisse emporter, parfois entre 6 et 8 le matin. D'autres fois, à la place de dormir en jeune après-midi après une nuit de travail.
Je plonge avec bonheur dans les univers d'auteurs.
J'aime les histoires.J'aimes les images.
J'aime les idées.
Les trois ensemble ça donne du Cinéma.
Une fois par mois, en ouverture de celui-ci et jusqu'à la fin de l'année, je vous propose 10 films, pas obligatoirement les meilleurs, qui m'ont parlé quand je les ai visionnés. Il est possible que les films semblent concentrés sur des productions d'Amérique, mais étant américain, il ne faudra pas trop m'en tenir rigueur.
Je n'ai aussi pas tout vu quand même...
Voici 10 films des années 50 qui m'ont nourri de manière enrichissante.
Les Nuits de Cabiria. 1957. Italie
Une prostituée est sauvée du suicide et garde un regard positif sur la vie, même si celui qui l'a sauvée la vole. Elle vit d'aventures en aventures, toujours plus convaincue que chaque nouvel homme est le bon. Mais elle est bien naive. Film époustouflant. Giuletta Masina: magiqueLe Cri. 1957. Italie.
Michelangelo Antonioni tourne pour une rare fois des personnages non-issus de la bourgeoisie. Cette histoire de problèmes sentimentaux et psychologiques ne feront jamais défaut dans la cinématographie (encore jeune) du talentueux cinéaste.Rashomon.1950. Japon.
Le plus occidental des réalisateurs nippon, Akira Kurosawa, adapte une nouvelle de Ryunosuke Akutagawa et nous présente quatre versions de quatre points de vue d'acteurs d'un incident qui se serait produit pendant la guerre civile du Xè siècle. Thosiro Mifune est révélé par ce film et les États-Unis feront The Outrage, un western inspiré de ce même film, 14 ans plus tard. Kurosawa épate avec sa direction d'acteurs et ses variations sur ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Surnaturel aussi au rendez-vous.
Ascenceur Pour l'Échafaud. 1958. France.
Louis Malle adapte Noël Calef dans cette histoire d'amant tuant le mari de sa flamme, mais qui reste pris dans l'ascenceur. Sa voiture est volé par une petite frappe qui fait deux dommages collatéraux et la femme adultère reste en plan, ne comprenant plus ce qui se passe dans une nuit qui ne semble plus finir sur des beats de Miles Davis qui improvise à l'image une trame sonore parfaite. Suave.La Forteresse Cachée. 1958. Japon.
Dans le Japon du XVème siècle, deux clans rivaux s'affrontent. La Guerre des Étoiles de George Lucas est inspiré directement de ce film. Vous remarquerez d'ailleurs toutes les références asiatiques (Obi-Wan Kenobi, Han Solo, Anakin, Dooku, Windu, etc.). Kurosawa injecte beaucoup d'humour dans une hisoire sanglante et avec un personnage féminin extrêmement moderne pour l'époque (le caractère de la princesse Léa y sera aussi calqué)
Rear Window. 1954. États-Unis.
Adapté d'une nouvelle de William Irish, l'un des meilleurs films d'Hitchcock. Il met en vedette James Stewart dans le rôle d'un journaliste sportif contraint à la chaise roulante après un accident de travail, passant son temps à scruter ce que les voisins font et se convaincant qu'il a assisté à un meurtre. Grace Kelly défie à nouveau les standards de la beauté et Raymond Burr (futur Perry Mason) fait un fort convaincant suspect. Original et brillant commentaire sur la paranoia (toujours active) aux États-Unis.Paths of Glory. 1957. États-Unis.
Adapté du livre de Humphrey Cobb, premier grand film du grand Kubrick. Véritable bijou sur la lâcheté de la guerre où on choisit trois hommes à exécuter afin de couvrir l'échec d'un haut dirigeant. Kirk Douglas confesse encore aujourd'hui qu'Il s'agit de son film préféré dans lequel il a joué. Kubrick pointe déjà son grand humanisme. La fin du film est troublante.Les 400 Coups. 1959. France.
La tour Eiffel aimée de loin. Les toits de Paris. Le cinéma dans les rues comme Rossellini et les italiens le font. La nouvelle vague française qui naît dans la vie rebelle de ce jeune Antoine Doinel. Largement autobiographique même si il prétend le contraire, François Truffaut signe un film touchant avec un jeune Jean-Pierre Léaud maladroitement parfait qui nous offre le plus beau regard de confusion, de rebellion et d'innocence dans le tout dernier plan sur la plage.
La Strada. 1954. Italie.
Federico Fellini nous offre un rustre costaud (Anthony Quinn), artiste de cirque ambulant, achetant une mère un peu "CharlieChaplinesque" (straoridinaria Giuletta Masina, compagne amoureuse de Fellini) et leurs péripéties en tournée. Drôle, touchant et cruel.Hiroshima, Mon Amour. 1959. France/Japon.
Alain Resnais quitte le documentaire, mais pas trop. Marguerite Duras lui écrit une histoire de passion amoureuse en temps de catastrophe nucléaire. Elle lui parle de Nevers, il lui parle d'Hiroshima. Une histoire d'amour, d'abandon, d'humiliation, un chef d'oeuvre poétique dans l'horreur. Bouleversant.
Je néglige Bergman, inoubliable pour Smiles of a Summer Night, The Seventh Seal, Wild Strawberries, The Virgin Spring et Summer with Monika.