Compte-rendu d'une semaine de vacances dans
la Manche. A cause d'un temps estival et ensoleillé qui caractérise la
Normandie, nous avons été amenés à nous réhydrater afin d'éviter tout accident.
Ces quelques bouteilles dégustées au cours de notre séjour … Une semaine, mais
quelle semaine !
Mosel-Saar-Ruwer,
Riesling Auslese, Bernkasteler Lay 1998, Joh Jos. Prüm :
une puissance maîtrisée sur la finesse, la fraîcheur mentholée semi-perlante,
servie par une aromatique douce et élégante, sur les fruits exotiques, et sans
excès. Grande et longue empreinte en bouche. Exceptionnel
Montlouis,
La Negrette 2009, domaine du Rocher de la Violette (Xavier Weisskopf) :
un chenin construit sur la tension, complexe, enrobé par un gras qui vient
équilibrer l'ensemble, une touche d'amertume typée « zan ». Pour amateur de
vins tendus. Personnellement : déjà excellent,
et potentiellement exceptionnel. Après une nuit, le fond de bouteille a acquis
un supplément de complexité et de chair …
Pouilly-Fuissé,
les Crays 2004, Daniel et Martine Barraud : Si à
l'ouverture, le vin paraissait fatigué et sans âme, une nuit d'aération nous a
permis de retrouver les classiques du chardonnay, avec toutefois une légère
déviance. C'est bon mais il faudra re-goûter sur une bouteille exempte de
défaut.
Volnay, premier
cru les Caillerets 2007, domaine du Marquis d'Angerville :
la quintessence du pinot noir. Un nez sur les fruits noirs, intense, profond et
mature, avec un soupçon d'épices douces. Une bouche d'une folle complexité,
alliant une pointe d'amertume noble, un fruité serré et élégant, une
construction tannique polissée et une acidité qui allonge le vin. Grain
tannique de caractère, velouté superlatif et allonge exceptionnelle. Exceptionnel
Alsace Grand
Cru, Sonnenglanz 2005, Gewürztraminer Vendanges tardives, domaine Bott-Geyl :
la puissance épicée du cépage, un côté rose assez développé, la liqueur des
sucres issues d'une vendange tardive riche, l'amertume finale très salivante,
sur des notes évoquant un vieux cognac de noble origine. Superbe (et un accord avec une fourme d'Ambert à tomber).
En
battle, Puligny-Montrachet, premier cru les
Folatières 2007 du domaine Leflaive vs Chassagne-Montrachet, premier cru la
Romanée 2008 du domaine Paul Pillot : deux beaux vins de bourgogne.
Le premier semble plutôt fin et floral, assez fermé, avec une acidité qui
laisse apparaître à ce stade un léger déficit de longueur. Très Bien +. Le second présente une réduction plus marquée au nez,
mais l'aération va vite révéler un (très) grand vin, plus corpulent, plus tendu
mais également plus enrobé et sur une aromatique plus avenante. Très grande
allonge. Ca claque sur la langue en finale. Excellent +
Résultat du match :
large victoire du Chassagne sur le Puligny, tant à l'instant to qu'au niveau du potentiel. Quant au rapport Qualité/ Prix, sans commune mesure
en faveur du second !
Mondeuse, la
Brova 2005, Louis Magnien : un vin qui m'évoque le cabernet
franc, tant au nez qu'en bouche, plutôt frais et très élégant. Demi-corps
tannique, belle acidité assez marquée. Finale tendue et de bel effet. Une très
belle découverte. Excellent
Pernand-Vergelesses, premier cru Sous Frétille 2005, domaine Vincent Rapet : une complexité entre la puissance minérale saline (calcaire) et un enrobé élégant. Vanillé léger, touches beurrées (qui ont disparu après une nuit d'aération, au profit d'une complète intégration de l'acidité) et finale sur des amers nobles. Excellent +
Alsace Gewürztraminer
Vendanges tardives 2005, domaine Paul Ginglinger :
vin plus puissant que le précédent, sur un équilibre fruité proche du litchi et
des épices. Bouche charpentée, sur une belle amertume plus rôtie. Superbe
allonge, qui se termine par une amertume marquée très noble. Superbe
Palette, château Simone 2009 : un nez très « Simone », qui m'évoque les blancs du Rhône. Fruité opulent mais élégant (pêches jaunes confites), fumé, rondeur laissant une (fausse) impression de sucres résiduels (on est certainement plus sur un gras enrobé), amertume du plus bel effet en finale, qui tapisse le palais et allonge le vin sur un équilibre de fraîcheur. Que dire : une véritable valeur sure. Excellent + (+)
Pommard, premier
cru clos des Epeneaux 1998, domaine du Comte Armand :
un nez intense, profond et structuré, plus nuiton que beaunois. Fruits noirs,
réglissé élégant, amertume végétale avenante (vendanges entières) et acidité de
structure encore très présente. La marque d'un très grand pinot … qui a encore
du potentiel de vieillissement ! Exceptionnel
Rheinhessen,
Riesling Eiswein, Niersteiner Rosenberg 2007, Weingut Seebrich :
Un nez un peu sur la retenue, plutôt frais, floral et fin. La bouche est tout
en élégance et en finesse. Les notes variétales ont disparu, au profit d'une
tension fine et d'une aromaticité discrète, bien soutenue par une acidité
totalement intégrée. Equilibre parfait pour un vin laissant une impression
presque saline en finale. Excellent (+)
En
battle sur une côte de boeuf, Nuits Saint
Georges, premier cru Clos des Porrets St Georges 1999, domaine Henri Gouges
vs Côte
Rôtie, Rose Pourpre 2004, Pierre Gaillard : Le premier est fermé,
sur des notes fruitées qui peinent à s'exprimer. Un nez nuiton discret, une
bouche structurée et tannique, mais le volume n'est pas encore développé. A
attendre, au moins 10 ans pour, on espère, révéler un énorme potentiel. A revoir clairement. Le second représente
la quintessence d'une syrah de noble origine. Un nez déjà fondu, sur les fruits
noirs, des notes réglissées et une touche épicée. Bouche somptueuse qui
présente un grain tannique de
caractère, déjà bien fondu. L'acidité offre un contre-point exact à la
structure. Ça claque sur la langue.
Finale exceptionnelle, qui voit le retour d'une épice douce allongeant le
fruité du vin. Exceptionnel. Le
résultat du match est sans équivoque : avantage à la syrah.
Le
lendemain, le reste des bouteilles confirme notre première impression. Le Nuits
s'est (encore) raidi alors que le Côte Rôtie montre un équilibre plus fondu,
viandé et sanguin, d'un soyeux encore plus superlatif.
Saumur,
Coulée de St Cyr 2008, domaine de St Just : Après une petite
frayeur sur un nez réduit évoquant les huitres, l'aération nous permet de
retrouver nos classiques avec un nez typé chenin, avec un supplément de notes
de fruits rouges (fraises / myrtilles) et jaunes (pêches). Belle bouche tendue,
serrée mais laissant une empreinte noble sur la langue, avec une surplus de
chair parfaitement équilibré qui signe les grands vins. Acidité bien présente,
mais fine pour tenir justement le vin et son côté ras. C'est long et salivant
sur une finale de bon aloi. On est proche du sans faute. Excellent +
Le
lendemain, le nez a évolué vers le « Brézé du Clos Rougeard », tout comme la
bouche que seul un léger déficit d'opulence et de gras sépare.
Sainte Croix
du Mont, Château La Rame réserve 1988 : Un équilibre parfait et
une homogénéité des sensations, tant au nez qu'en bouche. Une robe dorée
presque fluorescente. Magnifique nez de botrytis noble, rôti, tendu, minéral à
souhait et ayant réussi l'intégration parfaite des sucres. On dirait (presque)
un SGN des Delesvaux tant l'empreinte est magnifique. Même présence en bouche,
avec un supplément de tension acide vibrante, une finale sur des amers nobles
type « zan » et une sensation perlante. Exceptionnel
Meursault,
premier cru Clos des Perrières 2007, domaine Albert Grivault :
Opposition complète de style avec un nez tendu, très minéral, puissant mais
laissant apparaître un gras beurré très élégant. Bouche à l'avenant, très
distinguée avec une complexité entre tension, gras, élégance et puissance
maîtrisée. Vin qui claque sur la langue en finale. Dommage de le boire trop
tôt, mais le plaisir est déjà (largement) présent. Excellent + (potentiellement
exceptionnel).
Pernand
Vergelesses, premier cru Ile des Vergelesses 2006, domaine Vincent Rapet :
un nez classique du cru, sur les fruits noirs (cerises) avec un côté fumé
marqué, très terrien. Belle définition de bouche, sur des tannins présentant un
caractère affirmé, une acidité encore bien présente et une empreinte tellurique
en finale. Un grain en bouche vibrant. Excellent
Le
soir, le vin a perdu son côté fumé au profit d'un fruit encore plus éclatant,
sur les cerises (rouges et noires), d'une belle maturité avec un fond sur la
ronce. La bouche est toujours tellurique, mais avec un supplément de satin et
une acidité qui me fait penser que ce vin possède un potentiel de garde encore
très important. Finale claquante, sur un fond ronce / végétal noble. Excellent +
Puligny
Montrachet, premier cru les Combettes 2002, domaine Jacques Prieur :
Oxydé ! Bordel, va falloir que ça cesse cette oxydation prématurée chronique
des bourgognes blancs.
Mosel-Saar-Ruwer,
Riesling Auslese **, Ürziger Würzgarten 1997, Weingut Karl Erbes :
un nez sur l'ananas grillé / poêlé, complété par des notes d'agrumes type
mandarine. Belle bouche construite sur une puissance plus élégante que corsée.
Un côté rôti élégant et tendu, des sucres parfaitement intégrés à l'acidité de
structure, … pour un vin qui finit sur des notes rôties, d'agrumes et de
réglissé. Excellent + (+)
Vivement
les prochaines vacances.
Bruno