Magazine Cuisine
Ici, théoriquement, c'est un blog pinard
Théoriquement car il m'arrive régulièrement de parler d'autre chose.
Par exemple de musique.
Musicalement j'ai des goûts qu'on peut ne pas partager, mais ce serait dommage. D'autant plus dommage que, parfois, ils rejoignent le vin de façon plus ou moins directe.
Je l'évoquais il y a quelque temps avec un billet qui effleurait la musicologie et annonçait une rencontre pinardière.
Côté musique je parlais alors beaucoup d'Henry Purcell qui fut mon introduction à la musique baroque et qui, depuis, ne m'a jamais quitté.
Stéphany Lesaint le sait bien, elle qui m'a a plusieurs reprises proposé d'aller à des concerts directement inspirés par l’œuvre de Purcell.
La dernière fois c'était le 29 juin, en la (belle) Église Sainte-Croix de Bordeaux ... et cette fois j'étais disponible !
Au premier abord çà fait un peu bizarre ces extraits de Purcell, voix presque seule sur fond de contrebasse ou de basse électrique.
Puis mes vagues velléités de vieux conisme disparaissent quand la voix se pose et s'impose (y a quelques fichus octaves, on dirait !?) et que vient le souvenir de la ligne de basse de ce cher vieux Riton !
Ben ouais (et c'est la minute pédante) Henry Purcell est un grand utilisateur de la basse obstinée.
En clair : il répète en boucle le même motif, comme - par exemple - pour la mort de Didon (Didon & Enée) dont voici une interprétation :
Bref, pour le bizuth que je suis, le parti pris ne semble pas déconnant.
En outre, çà fonctionne plutôt bien, le truc.
Ce qui ne gâche rien.
Tiens, pour qui veut jouer ou tout simplement se faire une idée plus précise de la question, voici "an evening hymn" du même Henry Purcell.
Tout d'abord une version qui tient la route. Qu'on va qualifier de référence, et y a du niveau (voui, forcément : çà monte un peu haut les contre ténors ...) :
Puis, en suivant ce lien, on pourra écouter la version d'Ambre Oz et Christophe Jodet (c'est la fin. Ouais : quand on se met à répéter Alleluiah, généralement ça sent la fin).
Je n'ai malheureusement pas trouvé leur vision de "when I am laid" (la mort de Didon, qui est interprétée plus haut par Patricia Petitbon et, à la toute fin de ce billet, par Andreas Scholl).
C'est ballot : c'était (très) bien et nous y avons eu droit deux fois puisque c'était le rappel.
Bref c'était cool d'être présent, ce soir là.
Après on s'est finis dans une toute autre ambiance musicale et c'était rigolo (mais çà faisait un peu mal à la tronche, des fois).
Je ne sais plus bien ce que nous avons bu.
Je me souviens juste que c'était plutôt bien ... et que dans la foulée de ma première au concert j'ai bien dû avouer à Stephany que ben oui : la première avec Mazeyres n'avait jamais eu lieu.
Je n'avais jamais goûté, mais que j'allais m'employer à réparer çà !
L'occasion s'est présentée il y a quelques jours, à l'occasion d'un rapide retour à Pauillac, ses vignes, ses chais.
Ouais : je suis un rebelle, et je bois du Pomerol à Pauillac.
Bon, ce n'était pas le Château Mazeyres, mais son second : "Le Seuil de Mazeyres" (2011).
80% Merlot, 20% Cabernet selon la contre étiquette.
Robe d'un rubis dense et brillant. Beau fruit frais et mûr, un chouïa de notes épicées.
Tanins de qualité, tout en rondeur et en souplesse, sans renoncer à être structurants.
On est dans un style accessible, friand, c'est très réussi et çà appelle à la picole. Finale aromatique (fruits noirs, épices douces, toast), légère et d'une belle longueur. Bel équilibre, harmonie. Très joli en ce moment, doit pouvoir attendre quelques années encore.
Faut que je passe au premier vin, moi ...Après il y a eu un ardéchois très plaisant, dans un registre plus mûr, presque chaud, et farci de fleurs et d'épices. Lui même suivi d'un Côtes du Frontonnais moins exaltant.
Puis je suis allé me coucher.
Fort heureusement sans avoir à chanter "When I am laid".
J'ai le même prénom que Dédé Scholl, c'est un début mais je crains qu'il ne soit insuffisant.
La preuve :