Magazine Cuisine
En
ce jeudi de l’Ascension un peu particulier, pas totalement libéré mais plus
complètement confiné, il était temps de reprendre nos bonnes habitudes, à savoir partager la
table et de belles bouteilles.
Après
deux mois de confinement, enterrement de la vie d’ermite en lieu et place d’un
séjour en Allemagne. L’attente fût longue, mais le résultat en valait la chandelle. L’amitié résiste bien aux vicissitudes de la vie.
Avec
une entrée apéritive, composés d’un feuilleté au pesto, d’une verrine
fromage de chèvre, citron et herbes aromatiques et d’une tomate
cerise / burrata :
Un Palette, château Simone 2003: belle
robe dorée brillante, déjà bien évoluée. Le nez est superbe, sur une aromatique
très prononcée, des nuances grasses et une pointe perlante salino-minérale.
Bouche construite sur une grande énergie, équilibre sur le sec glycériné, notes
poudrées de bel effet. Rondeur dans l’allonge. Avec l’aération, la remontée en
température et le fromage citronné, apparition de notes fumée et grillées, dignes
d’un grand chardonnay. Finale sur l’allonge, la douceur aromatique et une impression
gras / sec salivant. Seule une évolution peut être un peu marquée et une longueur
un peu courte empêche ce vin de tutoyer les sommets. Une occasion à 5 €, ça
valait le coup (merci Stéphane 😉 : deux bouteilles, deux réussites) . Excellent ++
Avec une pierrade « bœuf
et veau », deux rouges ont été servis.
Un Lirac,
le Gourmand 2015, domaine du Joncier (Marine Roussel) : si je voulais plagier l’étiquette, je dirais
simplement « Une maison de famille, un après-midi de fin d’été, un rayon
de soleil doré et doux illumine la lngue table de la cuisine. Un grand pot
généreusement rempli de fruits roses rouges. Impatiente gourmandise ». Et
on ne serait pas loin de la vérité. Des amis, des retrouvailles, la
convivialité de la table et du vin, un jour de chaleur printanier ! Robe
rouge profonde, rubis éclatant. Nez en rondeur, sur les fruits rouges, bien
mûrs, croquants et acidulés. Bouche à l’avenant, gourmande, cachant une fine
épice douce, une belle rondeur et un charme grenachien. L’acidité bien présente
indique un potentiel de vieillissement non négligeable. Fine mâche des tannins,
qui viennent caresser les papilles. Je n’aime pas trop parler d’argent, mais
pour moins de 15 €, c’est un cadeau. Très Bien ++
Un Chinon,
cuvée Stanislas 2010, domaine Pierre Sourdais : un nez typique de cabernet franc mature,
sur les fruits noirs, une pointe d’épices, un côté droit et déjà quelques notes
d’évolution. Bouche droite et énergique, avec de la structure et de la mâche.
Douceur épicée, une empreinte veloutée. L’alliance de la puissance et de l’élégance.
Encore quelques années de garde possible compte-tenue de la vigueur de la trame
acide. Excellent
Plateau de fromages en deux
temps : première mi-temps classiques et seconde mi-temps avec des pâtes
persillées.
Pour accompagner la première
mi-temps, un Puligny-Montrachet, premier cru les
Folatières 2008, domaine Paul Pernot: la quintessence du grand chardonnay ! Robe étonnamment jaune fluo,
sans traces aucune d’évolution. Magnifique nez de chardonnay, avec un superbe grillé
fin (qui n’est pas une réduction puisque ne disparaissant pas à l’aération),
des amers vibrants et des notes d’amandes presque douces. Bouche construite sur
une belle acidité, tellurique, énergique, presque plutonique. C’est serré mais
très expressif. Puissance salivante … qui se poursuit dans une finale sublime
de persistance, dernier claquement de plaisir avant le repos. Exceptionnel
Pour la seconde mi-temps (et le dessert sur base chocolat noir), un
Maury,
1985, Mas Amiel: poursuite de l’excellence avec ce maury « oxydatif ». Une robe
rouge évoluée, avec quelques notes orangées, encore profonde et concentrée. Nez
de « tawny », sur le jus de pruneaux, dégageant une impression de
confit … sans être confituré. Bouche puissance, tendue par une tension acide
saline, une grande aromatique et un fondu presque doux. Une main de velours
dans un gant de fer, ou le contraire ! Finale interminable, sur une
aromatique décuplée, complexe, sur le pruneau et la noix notamment. Enrobage parfait des papilles. J’en frétille encore. Exceptionnel
Nous avons réussi à conjurer
le sort, tout en gardant les distances de sécurité (mais je ne vous dis pas que
le rire n’était pas au rendez-vous, ... comme toujours). On attend la suite du déconfinement avec impatience.
Bruno