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Soirée monocépage à Toulouse

Par Eric Bernardin

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Au mois de juillet dernier, j'avais organisé et animé une soirée liquoreux à Toulouse à la demande d'un lecteur fidèle. Il m'a relancé il y a quelques semaines pour faire une seconde soirée. Je lui ai donc préparé une soirée "monocépage" essentiellement axée sur les rouges. Je lui avais donné quelques indications sur les plats du repas d'accompagnement. Il en a suivi certaines tout en prenant des (agréables) chemins de traverse...

Tous les vins ont été servis à l'aveugle car sinon, ce n'est pas drôle... Peu de cépages ont été reconnus, si ce n'est le Gamay, par une participante qui avait fait il y a peu une dégustation de Beaujolais ;o)

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Nous avons démarré par une Mademoiselle 07 de Tirecul la Gravière (cépage Muscadelle). Celle-là, elle avait peu de chance d'être reconnue, car le cépage est loin d'être courant... Robe or pâle. Nez sur des notes muscatées, une touche de fleur blanche, quelques épices. Une bouche ronde, fraîche, avec une belle vivacité, mais pas très bavarde, ce soir. La finale est un peu "chaude" (le vin titre presque 14°).

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En même temps était servi Is Argiolas 08, un vermentino de Sardaigne. Le nez est très expressif, sur les fruits jaunes confits, le pamplemousse et la réglisse. La bouche est d'un superbe équilibre, à la fois grasse et vive, d'une belle intensité aromatique, et surtout très gourmande. Finale de belle tenue. Assez bluffant !

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Puis, un clos de la Crochette 06, un macon des héritiers des Comtes Lafon (chardonnay). Un nez sur la noisette, le beurre chaud, une touche d'agrume. Une bouche ample, presque moelleuse, avec une belle acidité. Ensemble bien équilibré. Matière dense. Y a bon !

Ce vin a été servi avec une recette originale de Laurent. Une soupe de moule en verrine avec une finition "soupe aux truffes VGE". Il a mis de la pâte sur le dessus de ses verres, puis les a mis sous le grill du four pour la cuire. Perso, j'aurais pas osé, surtout avec des verres tout neufs... Et ça a super bien marché : le résultat était top !

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dernier blanc était prévu normalement pour le dessert. Mais voilà, Laurent avait fait une pastilla de caille au foie gras. Du coup, j'ai sorti le Côteau de la Bretonnière 03 de Jacky Blot (Vouvray, Chenin) avec ce plat, et ça s'est parfaitement marié, car il était relativement léger en sucre (90g/litre). La robe est d'un doré tirant vers le cuivre. Le nez est sur des notes d'écorce d'orange confite, de coing et de cire à l'ancienne. La bouche est ample, moelleuse, d'une grande intensité aromatique, bien équilibrée par une acidité discrète. Un joli vin en l'état.

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Puis nous avons attaqué une (longue) série de rouges...

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Pour démarrer, un G de Pierres 2004 du domaine Ferrer Ribière (VDP des côtes catalanes, Grenache). La robe est à la fois claire et légèrement évoluée. Le nez est sur des notes de fruits compotés, de fraise écrasée et d'épices. La bouche est ronde, aérienne, aux tannins très doux. Une caresse en bouche finissant sur des notes épicées. Le vin n'a pas fait l'unanimité, mais perso, j'aime bien.

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Dans un deuxième verre, un Beaujolais-Village 07 des Côtes de la Molière (cépage gamay). J'explique aux invités que les arômes du vin ne sont pas exclusivement dus au cépage, mais beaucoup à la fermentation carbonique. Le nez fait donc bojo à fond, avec des arômes de fruits rouges, de "bonbon anglais" et des notes fermentaires. La bouche est ronde, pulpeuse, gourmande, très fruitée, avec des tannins ronds comme des ballons de bojo. C'est sûr, fô aimer, mais avec des charcuteries maison, c'est impec !

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Nous continuons notre exploration avec un Coeur de Foudre 05 du Jonc Blanc (Bergerac). Voilà un cépage qui parle à certains. Pomerol est cité... Je finis pas leur faire dire que c'est du merlot. Le nez est plutôt sur les fruits noirs, la prune, avec des notes légères d'évolution. La bouche est ample, veloutée, d'une belle densité, avec une bonne fraîcheur et des tannins assez discrets. Je raconte l'histoire étonnante de cette cuvée qui s'est retrouvée déclassé en 2004, car le vin n'avait pas été mis dans la bouteille exigée par le syndicat de Montravel. Ce vin ayant très bien marché malgré tout, il n'avait pas été proposé à l'agrément l'année suivante. Et donc vendu comme vin de table !

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Comme nous étions passés à de la daube, j'ai sorti un Montus 2001 (Madiran, Tannat). La robe est plus sombre, le nez est toujours sur des fruits noirs, mais avec plus d'épices, et une pointe animale. La bouche est mûre, dense, avec une bonne vivacité, les tannins ronds au départ, s'affermissent un peu. Mais c'est un madiran civilisé, dompté par les années, qui a beaucoup de charme.

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Il est suivi par un Pommard "les vignots" 03 de Chantal Lescure. Le nez est sur les fruits bien mûrs, le tabac et les épices. La bouche est ample, riche, pêchue, avec une matière qui déménage ! On sent le pinot noir dans un millésime solaire. Il y a de la mâche en finale, mais avec la daube, ça passe tout seul. Certainement le rouge qui a le plus plu de la soirée.

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Les papilles commencent à fatiguer, mais je rassure tout le monde : il n'en reste que 3 ;o) D'abord un In Vivo 2006 de Sébastien David (Saint Nicolas de Bourgueil).  La robe est sombre aux reflets violacés. Le nez est très fruité (rouges et noirs) avec un côté légèrement fermentaire. La bouche est toute en rondeur, avec des tannins gourmands, veloutés, et un fruit énooorme. Y a bon !

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Le suivant, je pensais que le cépage serait reconnu. Ca sent la violette, la réglisse, le poivre, avec un peu de cassis. Ben non ! C'était donc Tissu de Syrah 07, du domaine Alyssas (côteaux du Tricastin) Le vin est un plus extrait que le 2006 que j'avais adoré ! Du coup, ce n'est pas aussi soyeux, sensuel, et tire plus sur la réglisse et l'olive que la crème de mûre. L'ensemble était tout de même fondu et harmonieux et avec l'agneau, ça allait très bien !

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Allez le dernier rouge : fruits compotés, figue, garrigue, épices. Une bouche souple, harmonieuse, finement épicée. Pas un montre de puissance, mais un vin sans faiblesse, dont on peut boire nombre de verres sans fatiguer. Torchable, quoi. C'est Empreinte du temps 05, de Ferrer Ribière (comme le grenache du début). Un vin issus de vignes de carignan de 128 ans  qui accompagna à merveille le Saint Nectaire.

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Nous sommes ensuite passé au dessert. Comme mon liquoreux avait été servi sur la pastilla de caille, Laurent a sorti de sa cave un Sauternes Broustet 2000. La robe est déjà très évoluée, sur des tons cuivrés. Le nez est dominé par des notes d'encaustique, puis vient l'orange confite et le rôti (le raisin, pas le boeuf, hein). La bouche est fine, douce, à la liqueur peu marqué. Et donc pas écoeurante du tout, ce qui est parfait après ce qu'on vient de boire (m'enfin, j'ai recraché, mais je n'ai pas été trop suivi...).

Encore une belle soirée qui montre le côté fédérateur du vin. Je ne connaissais pas les 3/4 des personnes présentes, et j'avais l'impression d'être avec des amis de 30 ans ;o)

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Non je n'ai pas la recette, mais si vous insistez Laurent me l'enverra...


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