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Entre colombe et treccia de Pâques

Par Peggy Picot

En Italie, le dessert favori des fêtes familiales de Pâques est la colomba, une sorte de brioche aux fruits confits en forme de colombe. Equivalent de ce que représentent le panettone ou le pandoro pour le Noël à l'italienne, la colomba aurait, comme toujours, d'historiques et anciennes origines, plus ou moins fantaisistes selon les récits. Au VIe siècle, le roi des Lombards, le conquérant Elboino, lors du siège de Pavie, demanda un tribut de 12 jeunes filles, les plus belles de la cité. Un vieux homme eut l'idée alors d'offrir le jour de Pâques un pain sucré en forme de colombe à Elboino, en symbole de paix. Séduit, le roi lui promit de toujours respecter les colombes. On amena ensuite les jolies otages au roi qui leur demanda comment elles se nommaient. La première répondit "Colombe". Lorsque le roi dit à la seconde "quel est ton nom?", elle eut le même réponse "colombe". Tour à tour, elles donnèrent tous ce nom. Par cet heureux stratagème, le roi fut convaincu de ne pas détruire la cité, il y installa son pouvoir et fit en sorte que l'on y respecte toujours les colombes... Plus probablement et moins "légendairement", la Colomba aurait été inventée, au début des années 1900, par les milanais de Motta, qui fabriquaient déjà avec succès le panettone et cherchaient une spécialité équivalente pour les fêtes de la Pasqua! Cette année, je n'étais pas à Rome pour Pâques, je n'ai donc pas acheté de colomba. Je dois avouer que ce n'est pas une grande perte, car ce gâteau tient vraiment de l'étouffe-chrétien, si vous me permettez l'expression...

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(source: http://www.balocco.it/)

Dans les familles, les repas de Pâques se terminent donc essentiellement aujourd'hui par cette colomba, farcie de crème, de fruits ou de crème glacée ou plus souvent engoutie avec gourmandises par les enfants avec les oeufs en chocolat. D'ailleurs, en Italie, pas de cloche! chez nous, je vous rappelle que justement elles sont censées rentrer de Rome... lorsque je raconte notre tradition et la chasse à l'oeuf dans le jardin, on me regarde d'un oeil curieux, d'un air de dire: "ils sont fous ces Français!"
Mais l'on trouve d'autres spécialités qui sont beaucoup plus en lien avec la signification ancienne des fêtes de Pâques. Pour exemple, cette tresse de la région des Pouilles, qui ne contient pas de levure, comme le veut la tradition chrétienne "Ne savez–vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ? Purifiez–vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de perfidie et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité." (Saint Paul). Ce n'est pas que j'apprécie particulièrement Saint Paul, au contraire - mais je m'éloigne de la gastronomie! - mais la citation est intéressante. Cette treccia est aussi surmontée d'oeufs dits "porte-bonheur". Il faut dire que les chinois, les grecs et les égyptiens s'échangeaient déjà des oeufs lors des fêtes printanières comme symboles de fertilité et de renouveau de la nature. Cette treccia pasquale n'a rien d'une brioche ou d'un gâteau. Gastronomiquement, elle a peu d'intérêt mais elle me donne le sentiment de mettre du sens dans une fête qui n'en a plus tellement aujourd'hui, à part celui des orgies "chocolatières"!

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450g de farine
100G de sucre
100 ml d'huile d'olive
150 ml de lait
3 oeufs
sucre en grain
sel
Faites chauffer le lait environ 2 minutes à feu moyen. Mélangez la farine avec le sucre et une cuillère à café de sel. Ajoutez l'huile. Travaillez jusqu'à ce l'huile soit complètement absorbée. Ajoutez alors le lait tiède petit à petit en mélangeant jusqu'à l'obtention d'une pâte lisse et ferme. Partagez-la en 3 et gardez une grosse noix de pâte à part. Formez des cylindres d'égale largeur et longueur avec les 3 morceaux de pâte. Puis formez le tresse en les croisant. A chaque extrémité, disposez un oeuf lavé et séché. Fixez-les avec deux croisillons de pâte à la tresse. Dorez à l'oeuf la treccia et saupoudrez de sucre. Faitez cuire au four sur une plaque recouverte de papier sulfurisé, à 180°, pendant environ 40 minutes.


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