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Henri Giraud de long en large

Par Marie Servagnat

La semaine dernière, j’ai eu le bonheur d’assister à une dégustation de toute la gamme de la maison Henri Giraud, une maison installée à Aÿ, grande terre de Pinots, et qui a fait de l’élevage en fût de chêne un art. Du chêne, mais pas n’importe lequel, du chêne de la forêt d’Argonne. Située à 60 kms à l’est de Reims, la forêt d’Argonne est assise sur une matière unique au monde : la gaize, une roche sédimentaire et poreuse dans laquelle on a longtemps couler la fonte et le verre. Une roche argileuse et calcaire dans laquelle les chênes se sont profondément enracinés au fil des siècles, glissant leurs racines dans chaque interstice, chaque espace laissée libre par la roche. Petite forêt de 40 kms de long sur 10 kms de large, elle a longtemps alimentée la Champagne en fût avant que les cuves en ciment puis en inox ne les remplacent. La maison Henri Giraud, maitrise à la perfection cet art de l’élevage des vins en fût de chêne. Un art qui demande une grande maîtrise pour que le couple vin/bois se marie harmonieusement, que le fût transmette le gras, l’élégance de la forêt d’Argonne et une discrète touche boisé, sans jamais dénaturer les vins et écraser les arômes.

L’Esprit de Giraud, 3 cuvées, 3 personnalités

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Paradoxalement, la dégustation commence avec la cuvée Esprit de Giraud (70% Pinot Noir, 30% Chardonnay), un Champagne qui n’a pas été élevé en fût de chêne mais uniquement en cuve et sur lie entière, ce qui signifie que le vin a mûri dans un cuve dans laquelle le dépôt qui se forme naturellement après le pressurage n’a pas été retiré, ce qui transmet au vin beaucoup d’arômes et de personnalité. L’Esprit de Giraud est un champagne qui marie des notes de fruits mûrs, d’agrumes et de vanille, avec une pointe épicée signature de la maison. En bouche, on découvre une belle ampleur, de la vinosité et une minéralité rafraichissante. Des notes gourmandes et de fruits secs s’imposent en finale. Une cuvée que j’avais déjà dégusté à plusieurs reprises, mais que je retrouve toujours avec plaisir.

C’est la déclinaison Blanc de Blancs de la cuvée Esprit qui a ensuite été servie. Même élevage en cuve et sur lie entière, mais bien entendu un monopole du Chardonnay. Ce qui n’est pas courant pour une maison installée sur le terroir d’Aÿ où règne le Pinot. Plus fleuri, mais tout aussi mâture que la cuvée précédente, cet Esprit Blanc de Blancs offre une bouche fraîche et minérale, peut-être moins gourmande, mais plus aérienne.

L’incroyable Hommage à François Hémart

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Faisant volontairement l’impasse sur l’Esprit Rosé, nous avons poursuivi avec l’Hommage à François Hémart le fondateur de la maison Henri Giraud. Une cuvée qui m’avait littéralement charmé lorsque je l’avais dégusté pour la première fois il y a deux ans. L’Hommage à François Hémart (70% Pinot Noir, 30% Chardonnay) bénéficie elle d’une vinification en cuve et d’un élevage de 6 mois en fût de chêne. Déjà à l’œil le travail du chêne d’Argonne est visible avec une robe d’un or plus teinté, plus ambré, que celle de l’Esprit. Au nez, les arômes virevoltent littéralement, passant du fruit sec, à la vanille, toujours sur un fond très fruité. En bouche, c’est le bonheur. Soyeux, fondu, ce Champagne offre une rondeur que j’avais rarement vue, une rondeur qui ne doit rien à un quelconque dosage-maquillage. Le travail avec les fût de chêne est remarquable, jamais le boisé ne vient masquer un détail de la bouche. Les notes crayeuses et fraîches se distinguent aisément, tandis que les fruits (poire, abricot, orange amère) sont bien présents. A mon avis l’une des plus belles cuvée à ce prix (29,50 €).

Le meilleur pour la fin

La dégustation s’est poursuivi avec des cuvées vraiment superbes comme le Fût de Chêne 1999 ou plus étonnant le Coteau Champenois Blanc ou encore un Ratafia étonnant. Des cuvées que je détaillerai dans un prochain post.


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