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Garden-Party surnaturelle à Molamboz

Par Olif

Surnaturel


Premier salon de vins véritablement surnaturel, il faisait bon y flâner dans un esprit détendu, voire se vautrer dans l’herbe tendre, ce qui ne fatiguait quand même pas trop non plus, y goûter deux ou trois vins, quelques huîtres de pleine mer, puis un des meilleurs chocolats du cosmos, et enfin se désaltérer avec une bière « franche ». Molamboz (Jura, France, Europe, Monde, Cosmos), un Salon qui tenait de la Garden-Party, idéal pour une fin avril estivale, et qui n’a manqué, toute connotation politique mise à part, aucune de ces promesses. Si ce n’est l’absence des vignerons de Bételgeuse, qui ont déclaré forfait (je précise que les organisateurs ne s’étaient nullement engagés sur leur présence !), et qui ont été remplacés au pied levé par un Pauillaco-genevois, ayant obtenu l’asile matrimonial au bord du Grand lac, à des lieues, voire à peine plus, de l’estuaire de la Gironde, et une ravissante Julie venue depuis les Costières, entre Nîmes et Arles, irradier le Jura de son sourire et de la qualité de ses vins. Deux vraies belles découvertes à ne pas manquer, ce que je n’ai pas manqué de ne pas faire !

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On commence par les autochtones, pour ne pas froisser les susceptibilités et entretenir le chauvinisme, et on se met en bouche avec les vins du Domaine de la Cybelline, en compagnie de Benoît Royer. L’Arbois rouge 2005 possède une jolie matière bien concentrée, un cran au-dessus du 2004 goûté dernièrement aux Jardins de Saint-Vincent. Le blanc 2005 est égal à lui-même, friand et croquant, un très joli assemblage de chardonnay et savagnin en complantation.

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On s’attarde ensuite en compagnie de Jean-Marc Brignot, le Gentil Organisateur, qui n’a pas hésité un seul instant à transformer sa propriété en Club Med surnaturel pour recevoir ses invités et le grand public potentiel. Le Pet Nat 2005 est un Fin Limé, assemblage de chardonnay et de ploussard pour une couleur légèrement orangée, une véritable invitation au voyage festif. La bulle est gourmande et ravit le palais. Les Arbois rouges 2005 PP (ploussard-pinot ou ploussot-pinard?) et Marc (ploussard et trousseau) sont très concentrés, la prime à Marc en ce moment. Soliste 2004, une vendange tardive de Savagnin, qui a pris le voile pendant un an dans une cuve, poursuit son bonhomme de chemin et acquiert progressivement un peu de gras et de rondeur sans perdre son côté croquant, mûr et sec.

Demi tour évident et facile en direction  de la souriante Julie, la curiosité piquée par cette Terre des Chardons, un domaine sudiste situé entre Arles et Nîmes, au cœur de l’appellation Costières. Quatre cuvées goûtées et un sans faute total, forcément le  grand coup de cœur de cette journée. Fraîcheur, élégance, et équilibre sont les mammelles de ces Chardons, tant dans le blanc 100% Clairette, superbe, que dans les rouges majoritairement Syrah qui ont suivi, Bien luné et Marginal. Des vins fruités et floraux, détendus, épanouis, à la grande digestibilité, qui m’ont évoqué les Côtes du Rhône du domaine Gramenon par leur caractère enjoué. Julie en a rougi de plaisir !

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Jolies déclinaisons de gamay auvergnat chez Stéphane Majeune, du domaine du Peyra. On passe du Crépuscule aux Vieilles Vignes en jetant des Caillasses dans les Puys. Il y a de la fraîcheur et de la gourmandise dans toutes ces cuvées aux noms imagés et au caractère franc et fruité.

Et puis on se réserve une dernière découverte pour la fin. Et pas des moindres! Paul-Henri Soler est un jovial helvète sans accent, puisque ses origines sont girondines. Il travaille encore à mi-temps à la Cité des vins de Genève mais s’est lancé à corps perdu dans l’aventure vigneronne. Formation bordelaise mais débarrassée des scories de l’élevage. Pour une expression 100% nature de son vin qui ne pourra qu’évoluer bénéfiquement dans le temps, lorsqu’il constituera petit à petit son propre domaine (pour l’instant, ce sont des achats hyper sélectionnés de raisins sur pieds). Trois vins proposés à la dégustation, trois baffes bacchiques, comme dirait l’ami Estèbe qui fut un moment au centre de la conversation et dont les

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oreilles ont peut-être sifflé, je le prie de bien vouloir m'excuser de ce potentiel désagrément. D’abord En attendant, un Chasselas, à l’équilibre un peu inhabituel, développant d’agréables notes de poire caramélisée, large et soyeux, le carbonique étant peu marqué, puis un Gamay rond et fruité, à la finale croquante, de quoi calmer une Soif du Pays ! Il y a bien une raison à l’amputation du coin gauche de l’étiquette, mais je ne suis pas certain d’avoir retenu toutes les explications (un rien embrouillées) de Paul-Henri. Et enfin, un Vin du Dimanche, à base de gamaret récolté bien mûr, puis passerillé sur claies, l'humidité genevoise ne permettant pas de le faire sur souches. Cela donne un vin riche et puissant, parfaitement sec, sur des notes de noyau, d’amande amère et de banane séchée, dont le style pourrait rappeler celui de l’Amarone italien. Franchement bon et original, une vraie curiosité ! Finalement, Pierre-Henry est un véritable équilibriste, un funambule du vin avec un petit vélo dans la tête, celui qui figure sur ses très jolies étiquettes.

Il y aurait eu encore beaucoup d’autres découvertes à faire lors de cette Garden-Party de Molamboz, tous les vignerons présentés étant dignes d'intérêt, mais le temps à manqué ! Les portes devaient fermer le samedi à 19 heures pour réouvrir le lendemain matin, il n'était pas loin de 21 heures lorsque j’ai quitté, à regret, la  nouvelle capitale des vins surnaturels. Avec quelques flacons, évidemment, mais aussi une bourriche d’huîtres de pleine mer de Xavier Grall à Blainville-sur-mer, et 3 bouteilles de bière « La Franche » pour étancher la soif sur la route du retour. Complètement surnaturel !

Olif


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